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Ventoux : le mont Chauve se refait une beauté

Victime de sa fréquentation qui l'a dégradé au fil des ans, le sommet du Géant de Provence fait l'objet d'un vaste projet de réhabilitation d'un montant de 3,406 M€ sous maîtrise d'ouvrage du Département. L'entreprise SRMV, filiale du groupe Colas, est à la manœuvre durant six mois sur un chantier complexe perché à plus de 1 900 mètres d'altitude.
Les engins de chantier ont pris place en contrebas de la tour de l'Observatoire.
S. Payrau - Les engins de chantier ont pris place en contrebas de la tour de l'Observatoire.

BTPVaucluse Publié le ,

Des touristes qui se baladent au milieu de cyclistes en plein effort parcourant les derniers hectomètres du Géant de Provence à quelques mètres seulement d'un chantier qui bat son plein en contrebas : c'est le décor paradoxal qu'offre le sommet du mont Ventoux en ce mois de juillet. Car le « mont Chauve », haut lieu touristique vauclusien qui attire quelque 700 000 visiteurs par an et 1 500 cyclistes par jour l'été, s'offre une cure de jouvence depuis la fin du mois d'avril. « On crée une voie pour relier le versant nord et le versant sud, légèrement en dessous de la voie actuelle car à terme, le sommet sera interdit aux véhicules », résume Willy Faure, chef de chantier de l'entreprise SRMV (Société routière du mont Ventoux), filiale du groupe Colas, qui réalise les travaux sous maîtrise d'ouvrage et maîtrise d'œuvre du Département de Vaucluse.

Victime de son succès, le mont Ventoux s'est en effet dégradé d'année en année. Alors pour lui rendre toutes ses qualités paysagères et environnementales, le Département met en œuvre un ambitieux projet de réhabilitation de son sommet, élaboré en collaboration avec le Syndicat mixte d'aménagement et d'équipement du mont Ventoux. Evalué à 3,406 M€, le chantier de six mois doit permettre de mieux organiser les flux d'usagers, de restaurer les milieux naturels altérés par la fréquentation, mais aussi de favoriser la redécouverte du patrimoine naturel et culturel du Ventoux. Ainsi, le parvis de l'Observatoire sera notamment rendu aux piétons et aux cyclistes, en supprimant son accès aux voitures, et il bénéficiera d'un nouveau revêtement, plus adapté aux contraintes météorologiques. Quant à la circulation, elle se fera désormais à double sens, en contrebas, sur la RD 974.


Lire aussi : Mont Ventoux : 3,4 millions d'euros pour aménager le sommet


Un chantier écologique

Lauréate des trois principaux lots (Voiries et réseaux divers en collaboration avec Sols Provence, préfabriqué et réaménagement paysager) d'un montant total d'environ 3 M€, l'entreprise SRMV est à pied d'œuvre depuis près de trois mois. « Avant de commencer les travaux, il a fallu, à partir du 20 avril, déplanter les fleurs, les géolocaliser et les planter au mont Serein [sommet secondaire sur le versant nord du mont Ventoux, NDLR]. Elles seront replantées à la fin du chantier. Les couches de remblai seront réalisées à partir des couches de déblai afin de les remettre à la même altitude, au même endroit », précise Michel Borel, chef d'agence SRMV. La douzaine d'ouvriers (ils seront une quinzaine sur site au moment du réaménagement paysager) s'est ensuite attaquée aux murs de soutènement. « On a démoli les anciens et on les a reconstruits en les mettant à l'intérieur des talus afin d'élargir la voie en bas », poursuit Willy Faure.

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Les ouvriers ont également entamé la construction de l'escalier, les « degrés du Ventoux », qui permettra aux piétons d'accéder directement au sommet depuis le Belvédère de Provence, limitant ainsi les cheminements sauvages dans le pierrier, aujourd'hui fortement impacté. « L'escalier relie le parvis à la route, puis il la traverse et descend. C'est un escalier incliné de 200 m², d'où son nom, les "degrés du Ventoux" », détaille Michel Borel. Par la suite, seront édifiés gradins et banquettes en béton sablé afin que les visiteurs puissent s'asseoir. « On utilise beaucoup de béton sablé, c'est une des particularités du chantier, enchaîne le chef d'agence. Tous les bétons viennent de notre centrale à béton de Carpentras. »

Ce béton constitue le seul apport extérieur de marchandises sur le lieu des travaux. Dans cette zone Natura 2000, le chantier joue en effet « à fond » la carte écologique. Tous les matériaux sont ainsi stockés et réutilisés sur place. « On n'a pas le droit de sortir des enrobés. Donc, on recycle tout sur place. Via un grand concasseur, on choisit la volumétrie qu'on veut. Cela limite les va-et-vient des camions. On fait tout à la demande sur site », souligne Willy Faure.

Des travaux tributaires de la météo

Outre cet aspect écologique, le chantier ne manque pas de complexité. « La plus grande difficulté, c'est le climat. Il peut faire très chaud ou très froid. Et à 1 900 mètres d'altitude, en un rien de temps, le temps peut changer et les orages sont très dangereux », indique le chef de chantier. Même l'été, il peut neiger à une telle altitude. Sans compter le vent. « Le plus compliqué, ce n'est pas le mistral qui vient nord mais le vent marin venu du sud », explique Michel Borel. Un jour, les rafales ont atteint 158 km/h. « On ne pouvait pas décoffrer, on a dû arrêter le chantier », précise-t-il. Pour se prémunir du moindre incident, de gros plots en béton tiennent toutes les baraques du chantier.

A ces aléas climatiques s'ajoute la forte fréquentation touristique qui ne simplifie pas la conduite des travaux. « Tant qu'on était sur le mur du bas, ça allait. Là, une pelle au-dessus d'un vélo, une pelleteuse au milieu du parvis, ça devient plus compliqué », souligne le chef d'agence. Enfin, il faut aussi composer avec le Covid en cette période de déconfinement. « On applique le protocole Colas. Tous les véhicules sont désinfectés chaque soir et à l'intérieur, les masques sont obligatoires », explique Willy Faure.

Alors pour tenir les délais du chantier, SRMV s'adapte. Ainsi, les travaux s'étalent sur huit heures et demie par jour, soit une demi-heure de plus qu'en temps normal, de 7 h à 12 h et de 13 h à 16 h 30. Et ils ne s'interrompront qu'une seule semaine au mois d'août au lieu de deux. Un surcoût que l'entreprise n'a pas répercuté sur le coût du chantier.

Pour l'heure, les voyants sont au vert. « Pour l'instant, tout roule bien, mais on est sur un fil tendu. On est quand même tributaire de la météo. Tout est compliqué mais on va faire en sorte que ça ne rallonge pas les délais. On s'adapte, on fait avec », témoigne Willy Faure. Le chantier pourrait même se terminer plus tôt que prévu. « Normalement, vu l'ampleur des travaux, il aurait fallu reprendre en 2021 pour une deuxième phase. Mais quand une entreprise a tous les lots, cela peut permettre d'aller plus vite. On devrait ainsi rendre le chantier, complétement terminé, le 15 octobre. On va essayer », conclut Michel Borel.

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