Après six ans d'études et deux de travaux, le chantier d'adduction d'eau brute du Verdon pour diversifier et sécuriser la ressource en eau de Manosque et de plusieurs autres communes du Val de Durance est terminé.
Cet ouvrage, qui a nécessité un investissement total de 10 millions d'euros, est essentiel pour la mairie de Manosque qui s'inquiétait dès 2008 des risques liés à une sursollicitation de son unique point de prélèvement dans la Durance. « Cela aurait pu entraîner des migrations de polluants piégés dans les sédiments de la Durance, situés en amont et provoquer une altération irréversible de la ressource », détaille Bernard Jeanmet-Péralta, maire de Manosque. A cette date, la commune demande donc à la Société du canal de Provence (SCP) d'étudier la faisabilité d'une alimentation complémentaire à partir de l'eau du Verdon et des aménagements du canal de Provence. Une requête appuyée par le conseil départemental des Alpes-de-Haute-Provence qui souhaite élargir la réflexion à d'autres communes du secteur. Les études sont lancées en 2012. Les démarches foncières démarrent quatre ans plus tard et les travaux débutent en juin 2018.
Une prouesse technique
Sur 12 km, de Vinon-sur-Verdon à Manosque, 900 tubes en acier de 13 m ont été posés. La station de pompage de Vinon-sur-Verdon, où le nouvel aménagement prend sa source, a été rénovée pour livrer l'eau à la station de traitement de Prés-Combaux à Manosque, grâce à un raccordement sur son réseau existant. Une véritable prouesse technique pour faire remonter l'eau de l'aval en amont.
« Sur ce chantier, il a fallu réfléchir à des techniques que nous n'utilisions pas communément avec plusieurs défis techniques et organisationnels, notamment pour les franchissements », explique le responsable de chantier.
Au total, huit franchissements ont été nécessaires. La plupart ont été réalisés en fonçage, excepté le franchissement de l'autoroute A 51 qui a été réalisé en mai 2019 par micro-tunnelier ; celui de la Durance qui s'est effectué en encorbellement sous le tablier du nouveau pont de Manosque ; ou encore la traversée du canal EDF où la conduite a été posée sur le bajoyer du pont existant.
« La sécurisation du Val de Durance fait partie, tout comme la liaison Verdon-Saint Cassien/Sainte Maxime de ces grands projets d'adductions qui permettent aux collectivités de compléter, diversifier mais aussi secourir si c'est nécessaire leurs ressources en eau traditionnelles avec de l'eau du Verdon », insiste Philippe Vitel, président de la Société du canal de Provence.
Dans les Alpes-de-Haute-Provence, le prochain grand défi de la SCP concerna encore le territoire de Durance Luberon Verdon agglomération et plus précisément le plateau de Valensole où un vaste programme de renforcement des infrastructures de tête de l'adduction, d'extension d'irrigations agricoles et d'eau potable est prévu sur les 15 prochaines années pour un coût évalué à 60 M€ et dont les premiers travaux devraient commencer d'ici la fin de l'année.