Avec 47 650 m3/jour (au lieu de 30 000 actuellement), la nouvelle unité de pompage de l'usine de La Jouve, à Carpentras, permettra d'alimenter 155 000 habitants en eau potable. « Elle est conçue pour faire face au développement démographique des communes du Syndicat Rhône Ventoux* et pour permettre des interconnexions de réseaux avec les territoires voisins. Son fonctionnement sera sécurisé par un automate et des pompes de secours », souligne LaurentDufaut, directeur technique du Syndicat Rhône Ventoux. Elle sera aussi la nouvelle vitrine du syndicat.
La nouvelle unité de pompage ressemble à un vaste ovale de plus de 600 m2 avec un habillage en bois. Au niveau 0, se trouve le pompage : deux bâches de 325 m3, quatre pompes pour alimenter le réservoir de la Gardy à Carpentras (12 000 m3), trois pompes pour alimenter le réservoir de la Montagne à Sorgues (10 000 m3), trois pompes pour alimenter le réservoir de la Chapelle à Vedène (5 000 m3) et deux pompes de secours pour l'interconnexion avec le Grand Avignon. Au niveau 1, c'est l'étage de la puissance avec quatre ballons de protection anti-bélier pour la pression de l'eau dans les réseaux, deux transformateurs haute tension de 1 500 kilowatts chacun et un local électrique. Au niveau 2, se situe la supervision avec une salle de contrôle et une salle de réunion.
Un processus complet
Cette nouvelle unité de pompage s'intègre dans un processus bien rodé. Tout d'abord, le captage : les ressources en eau de La Jouve se présentent sous la forme de puits implantés dans la nappe d'accompagnement du Rhône. Ils sont regroupés en trois champs captant, un situé sur la rive gauche du fleuve et deux sur la rive droite : captages La Motte et Barthelasse.
Ensuite, le traitement : deux unités de traitement sont en fonctionnement. « L'unité de démanganisation traite les eaux provenant du champ captant rive droite La Motte. Ces eaux contiennent une teneur élevée en manganèse dissous nécessitant un traitement par oxydation. Il s'agit d'un procédé biologique, l'élimination du manganèse est obtenue grâce à des bactéries et une filtration sur sable. L'unité de filtration par charbon actif traite les eaux provenant des champs captants rive gauche et rive droite Barthelasse. La filtration par charbon actif permet d'éliminer les pesticides et autres résidus, comme la turbidité ou certaines bactéries », explique Julien Nialon, chef d'agence territoriale Suez Eau Provence.
Enfin, à la suite du traitement, entre en jeu la nouvelle unité de pompage. Deux bâches de 325 m3 chacune, alimentées en eau potable par les unités de traitement, stockent provisoirement l'eau potable. L'eau est ensuite envoyée au moyen de 10 pompes vers les réservoirs du Syndicat Rhône Ventoux. Deux autres pompes ont pour objectif de sécuriser l'installation et de permettre l'interconnexion avec le réseau du Grand Avignon.
Un chantier sous contraintes
Mille deux cents mètres cubes de béton, 90 tonnes d'acier, 300 m2 de bardages et terrasses en bois, 2 000 mètres linéaires de ventelles en lames de bois, 3 000 m3 de terrassement, 25 000 heures de production… le chantier est prévu pour durée 18 mois pour un coût de 5,7 millions d'euros hors taxe.
Ce chantier est soumis à une triple contrainte. La première est technique. « La problématique réseau a impacté le génie civil dans le sens où l'implantation du projet au sol s'est faite en fonction des réseaux existants », relate Olivier Mendez, chef d'agence Rivasi. Et Cyrille Charbonnier, chef de projet Suez sur La Jouve, d'ajouter : « Nous sommes sur un site où il y a beaucoup d'ouvrages existants et beaucoup de canalisations enterrées ». C'est la principale source du Syndicat Rhône Ventoux, le site est donc très stratégique.
La deuxième contrainte est naturelle, puisque le site est implanté en zone inondable du Rhône et de l'Ouvèze. En 2003, l'eau a atteint 1,30 mètre de hauteur sur le site. « L'unité est donc protégée par un mur d'enceinte de 2,20 mètres, soit 20 cm au-dessus de la crue centennale », explique Olivier Mendez. La troisième contrainte est industrielle. Le site Eurenco, fabricant de poudre et d'explosifs, est à 800 mètres à vol d'oiseau. « Nous appliquons donc un plan de prévention des risques technologiques. Ça joue sur les structures, les épaisseurs de béton, les fixations du bois sur les poteaux de béton, etc. », conclut Cyrille Charbonnier.
Le coût de cette nouvelle unité de pompage est d'ores et déjà intégré au contrat de concession signé en 2013 par Suez, et donc déjà impacté sur les factures de ses clients. La station sera entièrement amortie en 2025. Une belle opération pour un équipement qui a une durée de vie moyenne de 50 ans.
* Syndicat mixte des eaux de la région Rhône-Ventoux.