Euroméditerranée acte V. Sept ans après une précédente convention, Etat et collectivités (ville de Marseille, métropole Aix-Marseille-Provence, conseil départemental des Bouches-du-Rhône et région Provence-Alpes-Côte d'Azur) ont trouvé ce 22 novembre lors du conseil d'administration de l'établissement public d'aménagement Euroméditerranée (EPAEM) un accord sur le nouveau protocole de financement pour l'extension de l'opération d'intérêt national (169 ha).
Cinquième du genre depuis le lancement du projet d'urbanisme en 1995, ce contrat de partenariat court sur la période 2019-2030. Il reprend la clef de financement des deux derniers protocoles avec un tour de table quasi inchangé : l'Etat reste le principal contributeur avec 33%, les collectivités prenant en charge le solde (67%) dans un ordre modifié, la métropole Aix-Marseille-Provence (AMP) voyant sa participation grimper à hauteur de 21,4% (au lieu de 15,1% pour l'ex communauté urbaine Marseille-Provence-Métropole), quand celle de la ville Marseille passe à 15,1% (au lieu de 21,4%) au même niveau que les participations du département des Bouches-du-Rhône et de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
161,2 millions
Le montant global de la convention reste inchangé lui aussi : l'enveloppe de financements publics est de 161,2 millions d'euros HT, avec une première salve de crédits de 98,5 millions d'euros HT destinés à financer les opérations inscrites à la phase 1 du protocole.
Fruit d'un semestre de négociations menées sous la houlette du préfet de région Paca, Pierre Dartout, cet accord fixe la feuille de route d'Euroméd' pour la prochaine décennie. Une stratégie qui reprend à son compte en les actualisant les objectifs du quatrième protocole paraphé en 2011 par Benoist Apparu, ministre du Logement du gouvernement Fillon. Cette cinquième convention part d'une volonté : la nécessité d'une accélération et d'une massification de l'action de l'EPAEM. « Il s'agit bien de démultiplier la capacité d'actions de l'établissement public d'aménagement afin de lui permettre à la fois de parachever les dernières étapes d'Euroméd' 1, tout en proposant de renforcer l'intégration métropolitaine et la contribution à son attractivité internationale d'Euromed' 2. Une ambition qui passera par la mise en oeuvre d'une action foncière "anticipatrice et annoncée" visant en particulier "à permettre la création d'une offre identifiée de localisations possibles", indique le document approuvé lors du CA du 22 novembre.
La gare du Canet en attente...
Cet enjeu de la maîtrise foncière est un point clef de l'action de l'EPAEM : contrairement à ce qui était prévu en 2011, Euroméditerranée n'est toujours pas parvenu à un accord avec la SNCF sur le rachat de la gare de fret du Canet (25 ha). Un retard qui empêche la réalisation du grand parc urbain (14 ha) imaginé par l'urbaniste François Leclercq. Cette coulée verte est appelée à être l'épine dorsale du périmètre de l'extension (169 ha). Le principe de cette relocalisation a pourtant été gravé dans le marbre d'une convention le 22 octobre 2014 entre la SNCF et l'EPAEM.
Depuis, le dossier a avancé au rythme d'un gastéropode au galop, freiné par les atermoiements entourant la création du nouveau terminal de Mourepiane sur l'emprise du port de commerce... Mais aussi par les divergences entre l'aménageur et le gestionnaire du réseau ferré. La complexité du dossier explique la prudence du protocole sur ce projet : l'aménagement de la future Zac du Canet ainsi que ceux du littoral et de Cap Pinède n'interviendront « qu'à partir de 2023 et après la libération de la gare du Canet », indique le document.
Mutation du marché aux puces
D'autres projets structurants d'Euromed' 2 sont eux aussi dépendants de négociations à rallonge. L'un des plus cruciaux est la mutation du marché aux Puces. Ce bazar (4 ha) riverain du quartier des Fabriques (14 ha) que compte développer Linkcity (groupe Bouygues). « On ne souhaite pas supprimer le marché qui joue un rôle économique important dans ce quartier. On veut maintenir la vocation sociale de sa halle alimentaire. Mais on doit saisir l'occasion de sa rénovation pour en discipliner le fonctionnement », indique Laure-Agnès Caradec, la présidente de l'EPAEM.
Reste que tout lifting est conditionné au bon vouloir du propriétaire du site, André Coudert. C'est à lui en effet que reviendra la charge de financer les travaux. L'aménageur devra donc convaincre cet homme d'affaires qui a payé 2,7 millions d'euros en 1988 pour acheter ce site en friche à Alstom de la nécessité d'une cure de jouvence. Consciente de la difficulté de la tâche, l'élue phocéenne en appelle au préfet. : « Sur ce dossier là comme sur celui de la gare du Canet, il faut mettre en place des comités de pilotage associant tous les acteurs concernés », plaide-t-elle.
Adoption définitive au printemps 2019
Les autres dossiers inscrits sur la feuille de route 2019-2030 promettent également quelques jolies séances de remue-méninges : citons la poursuite du grand chantier de mutation urbaine engagé sur le secteur des Crottes et de Bougainville (3e) dans le cadre du nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU) et le réaménagement de l'axe entre le Cap Pinède et le boulevard du capitaine Gèze. L'EPAEM entend profiter de la mise en service en septembre 2019 du futur pôle d'échanges multimodal Gèze pour reconfigurer ce secteur marqué par la présence de grandes infrastructures routières. La création d'une tranchée couverte permettant de franchir le boulevard Gèze est envisagée. Mais son financement par la métropole AMP reste à définir...
Le protocole N° 5 sera pleinement opérationnel lorsque l'ensemble des collectivités se seront prononcées sur le document : la ville de Marseille, la métropole AMP et le département devraient l'approuver avant la fin de l'année 2018. La région Paca de son côté a prévu de l'inscrire à l'ordre du jour de sa plénière de mars 2019. Logiquement, la signature officielle de la convention devrait se dérouler dans la foulée, au printemps 2019.