Pour être sûr d'être bien entendu à propos de « la gabegie » des trains régionaux qu'il dénonce vivement, le président de la région Paca s'en prend au porte-monnaie. En défalquant 36 M€ de la facture due à la SNCF pour l'année 2016 par la collectivité, AOT*, ChristianEstrosi veut ne payer ainsi que « le juste prix » pour les services effectivement rendus aux usagers et qu'il juge mauvais. « Les 86 jours de grève recensés depuis janvier, pas une seule région en France qui en comptabilise autant, déplore-t-il, dont une, fin septembre, des contrôleurs des TER protestant en l'occurrence contre la suppression de… TGV » ont eu le don en effet de courroucer particulièrement le chef de file de l'exécutif régional. Sans compter « les nombreux retards et annulations sans la moindre explication ». Et ce d'autant plus qu'un accord conclu peu après son élection à la tête de la région en vue d'améliorations, réclamant notamment l'indemnisation des usagers et d'autres mesures en matière de sécurité, régularité, etc., est lui aussi resté lettre morte.
Constatant que « chaque jour, près de 40 trains commandés ne circulent pas » et estimant cela « intolérable », il a donc décidé de siffler « la fin de la partie ». Pour cette année comme l'an prochain, a-t-il averti, ne seront plus payés désormais que les services réellement opérés et non plus « les trains supprimés comme cela était le cas jusqu'à maintenant et depuis des années ». Cette rupture des négociations en vue du renouvellement de la convention entre la collectivité territoriale et l'entreprise publique ferroviaire prenant fin au 31 décembre de cette année, qui constitue une première dans l'Hexagone, entraîne par conséquent l'interruption de celle-ci.
Nouvelles conditions tarifaires et solutions alternatives à l'étude
Aussi Christian Estrosi a-t-il tenu aussitôt à rassurer en expliquant que les TER, du moins ceux qui roulent, continueront néanmoins à le faire. Le par ailleurs président de la métropole Nice Côte d'Azur a indiqué que les « délires tarifaires de la SNCF », selon ses termes, seront également revus à la baisse sur le modèle, a-t-il cité en exemple, de ce qui se pratique déjà dans les Alpes-Maritimes, « à 1 euro le trajet quel que soit le parcours ». Anticipant sur la possibilité permise, au 1er janvier prochain, de conventionner avec les départements à propos des lignes de transports par autocar, il a annoncé également son intention d'organiser des lignes régionales d'autobus pour pallier aux carences du chemin de fer. Et n'a pas exclu non plus de recourir à une gestion en régie à l'image de celle des Chemins de fer de Provence.
Enfin, soulignant étudier diverses solutions alternatives (ouverture à la concurrence le plus tôt possible - en particulier sur Marseille-Nice -, mise en place de bus à haut niveau de service, regroupement avec Monaco et la région ligure en Italie…), le président de Paca a dit sa détermination à ne plus laisser ses habitants à quai et s'est déclaré en faveur de l'intermodalité et pour un billet et un abonnement uniques quel que soit le mode de transport emprunté. Pour définir tout cela plus précisément, des assises de la mobilité réunissant tous les acteurs concernés vont être organisées sous la houlette de l'institution régionale à partir de fin octobre et jusqu'en avril.
* Autorité organisatrice des transports.
Retrouvez l'intégralité de cet article dans le numéro 1151 de TPBM (parution le 12/10/2016). Cliquez ici pour plus de renseignements sur nos offres d'abonnement (à partir de 20€/an).