A la faveur du passage des 2,3 millions d’heures d’insertion réalisées sur son territoire, touchant 4 250 personnes, la Maison de l’Emploi de la Métropole Toulon Provence Méditerranée, présidée par Jean-Louis Masson, maire de La Garde et vice-président de TPM, et sous la direction de Didier Dorn, a souhaité faire mieux connaître le travail de sa cellule grands travaux marchés publics depuis plus de 15 ans. Responsable du pôle appui aux acteurs économiques et facilitatrice des clauses sociales d’insertion, Isabelle Masse a œuvré en ce sens dans le cadre d’échanges de qualité, le 7 octobre sur le site militaire de l’ancien hôpital Sainte-Anne, à Toulon. Accueillie par l’ingénieur général Antoine Manicacci, directeur de l’Etablissement du service d’infrastructure de la Défense de Toulon (ESID), récompensé du trophée du plus gros volume d’heures générées, la manifestation a permis d’éclairer sur cette obligation légale qui a infusé au fil du temps, au point de devenir une fierté, voire un étendard pour ceux qui la mettent en œuvre.
A l’échelle de TPM, le travail déployé autour de la clause représenterait une entreprise de 130 salariés, autant de personnes accompagnées vers une réorientation professionnelle salvatrice suite à des fragilités sociales et d’emploi. Symbole de cette sensibilité appliquée au terrain, la Métropole a d’ailleurs reçu le trophée du maître d’ouvrage le plus engagé sur les marchés d’insertion. Côté entreprises, les primés ont été Bec Construction Provence, pour avoir dépassé les objectifs de la clause, Sud Elior France dans la catégorie RSE, notamment pour son implication dans la restauration scolaire à Hyères, et Méditerranée Environnement pour avoir mis la clause au cœur du parcours inclusif.
Prise de conscience…
Auparavant ce sujet difficile mais très important pour l’avenir des jeunes en difficulté, a été expliqué et débattu en table ronde autour d’Isabelle Masse, qui a placé la mission de facilitatrice, relativement rare encore aujourd’hui en France, sur le champ de l’AMO d’insertion (assistance à la maîtrise d’ouvrage).
« Nous avons un rôle d’impulsion, d’interface et parfois d’interprète en créant du liant entre des mondes différents, juridique, économique, de l’insertion, de l’emploi, avec chacun leur code. Cela permet d’aller tous dans le même sens au bénéfice des publics concernés, mais aussi d’introduire de l’humain dans les pièces de marché, au-delà de quelques lignes… ».
Pour Fabienne Nicoletti, responsable de la commande publique à La Seyne-sur-Mer, l’apport d’Isabelle Masse et de la Maison de l’Emploi a accompagné la prise de conscience de la clause, qui est devenue l’évidence, mais aussi sa montée en puissance en matière de « compréhension et sur le plan opérationnel », d’abord sur les marchés de travaux, puis de façon plus générale, jusqu’aux délégations de service public depuis 2017. « Il faut en effet qu’elle soit opérationnelle et non pas contre-productive. Cela passe par un message de rigueur pour la faire appliquer et de la souplesse lorsque cela est difficile, comme lors de la crise sanitaire ».
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Selon Alexis Lloret, directeur technique adjoint du promoteur immobilier Urbat, « la clause permet de mettre le pied à l’étrier, de forcer le destin dans certains cas. C’est vertueux ». Cette entreprise y est attachée dans le cadre de sa démarche RSE et la met en œuvre sur des opérations de logements depuis 2017, avec le concours éclairé d’Isabelle Masse, « qui donne un cadre et un suivi jusqu’à sa finalité ». En conséquences, il y a très peu de remontées négatives.
… et d’opportunité
« Ce n’est pas plus compliqué avec des publics en insertion qu’avec des publics dit "classiques", les gens intègrent une équipe et se fondent dedans. La pédagogie a fait son œuvre avec le temps », a renchéri cette dernière à propos des représentations et autres craintes que l’on se fait parfois du sujet. « La question de l’humain ne rentre pas dans des cases. Nous arrivons toujours à trouver des solutions », a-t-elle plaidé.
Jérôme Dormoy, expert des clauses sociales d’insertion auprès d’Alliance Villes Emploi, est allé dans le même sens, expliquant que la clause est appréhendée désormais « comme une opportunité et de moins en moins comme une contrainte par des entreprises qui ont besoin de recruter. C’est un accompagnement précieux avec une vérification préalable que l’on n’a pas dans un recrutement habituel, ce qui est utile dans le contexte actuel de tension sur le marché de l’emploi ». Un accompagnement vécu comme « une chance » pour Sarah Martin, responsable RH chez Sud Elior France. Depuis 2020, 7 000 heures ont été effectuées dans le cadre de la clause d’insertion sociale sur les marchés de restauration scolaire à Hyères et Six-Fours. « Ce sont sept collaborateurs embauchés en CDI grâce à la collaboration avec la Maison de l’Emploi qui fait le lien avec tous les acteurs et apporte cette connaissance locale que nous n’avons pas. Sans cela, ce ne serait pas possible… ».
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Ce cheminement non linéaire, faisant appel au ressort interne de la personne, à des parcours individuels en vue de les fondre dans le collectif, est le fruit d’un travail de conviction porté politiquement sur les territoires. « C’est l’affaire de tous », a notamment commenté Jean-Louis Masson. Une noble clause, particulièrement bien décrite au cours de cette manifestation.