« Nous voulons relancer en France une industrie perdue voici une vingtaine d’années », confie Jean-Michel Tognetti, président de TPF Industrie, une société de sept personnes lancée avec le soutien du groupe Mirbat, fondé en 1979 par son père, Jean-Pierre, et implanté à Montfavet, près d’Avignon.
Opérationnelle depuis juillet 2020 à Noves, la nouvelle usine de TPF Industrie formule et produit des polyols, une matière première chimique qu’elle se procurait jusqu’alors ailleurs. « Nous devenons indépendants dans leur formulation alors que nos anciens fournisseurs, des multinationales, ne nous laissaient pas le choix d’adopter la leur », précise-t-il. Cette unité qui a coûté 3,5 millions d’euros va offrir une vraie souplesse pour répondre aux demandes des clients. Lors de la présentation du site, le 29 juin, le dirigeant et son équipe ont pris soin d’organiser une multitude de démonstrations très parlantes pour en attester.
Un secteur en expansion
Les qualités des systèmes de polyuréthane (PU) projeté pour l’isolation et l’étanchéité des bâtiments tertiaires, industriels et résidentiels ont été mises en évidence par les représentants des réseaux de franchises Syneris et de concessionnaires Oseo Isolation, déployés par Mirbat en France.
« Avec nos systèmes, une maison individuelle de 150 m2 peut être entièrement réalisée en une petite journée, affirme Lionel Trouillet, responsable développement. En 19 secondes, la mousse atteint son état définitif. Il ne reste qu’à laisser refroidir. Le PU projeté n’a qu’une quinzaine d’années d’utilisation en France, il ne concerne pour l’heure que 15 % du marché global de l’isolation des sols dans les constructions neuves, mais nous faisons face à une forte demande. »
TPF Industrie produit 6 000 tonnes de système polyuréthane, soit la moitié du marché français. Le marché belge serait déjà à 16 000 tonnes. Pour se préparer aux évolutions de réglementations drastiques sur le plan environnemental à l’horizon 2025, l’entreprise étudie l’incorporation de 10 % de résidus de PU recyclé, issus du ponçage de la mousse sur les chantiers d’isolation des sols. Elle espère également aboutir d’ici fin 2021 sur la validation d’un « polyol vert » conçu avec des huiles végétales. Cette innovation lui permettra de lancer la construction d’une autre usine, voisine de l’actuelle, sur un terrain de 3 000 m2, à fin 2022. « En 2026, le marché français réclamera des polyols biosourcés. Ces produits seront d’autant plus attractifs que leur pouvoir ignifugeant est accru », assure Jean-Michel Tognetti qui évalue le budget recherche et développement à 2 millions d’euros.
Collaborations actives
Les innovations que les polyols, formulés et produits à façon sur le site de TPF, permettent de développer, ont été exposées notamment par Thermimur, une société rhodanienne, avec ses blocs-béton à isolation intégrée, Baticonform, constructeur de maisons à ossature métallique basé à Antibes ou encore Anhydritec/La Chape Liquide et Giacomini/Giacoconfort associés à Syneris/Synersol sur le concept de plancher chauffant / rafraîchissant « Triotherm ».
Le dirigeant se dit prêt à travailler avec tout industriel, même sur des formulations très spécifiques. « On veut répondre aux besoins du marché français, mais on débute aussi à l’international, sur des pays européens, avec l’intention d’y grandir », glisse Jean-Michel Tognetti.