La découverte de la poterie en maternelle a profondément marqué Ann Dureault. Cette passion d'enfance s'est perpétuée à titre personnel sans pour autant en faire son métier, jusqu'à la mise à profit de formations professionnelles, notamment via deux DIF (Droit individuel à la formation, devenu Compte individuel de formation), et un Fongecif*, dans le cadre d'une reconversion. Cette enseignante est sortie de l'Education nationale pour se lancer dans son projet d'activité autour de la poterie d'abord en tant qu'autoentrepreneur, puis en créant une Sasu (Société par actions simplifiée unipersonnelle) afin d'élargir son rayonnement, avec l'appui de la Chambre de métiers s'agissant des questions de gestion et de fonction commerciale.
Elle a su saisir ces dernières semaines l'opportunité de quitter son village de Cabasse (entre Brignoles et Le Luc) qu'elle attendait pour s'installer au centre-ville de Toulon, dans le quartier artistique et culturel en vogue. Conformément au cahier des charges local imposant cette orientation en complément de la vente traditionnelle, elle s'investit, conjointement à la création d'objets dans son atelier de poterie, dans l'animation, l'exposition de céramiques, mais aussi les techniques de fabrication. « J'ai l'intention de valoriser et faire connaître l'art de la terre », souligne Ann Dureault, « en l'occurrence à base de faïence locale, issue d'Aubagne, dont la souplesse et la facilité de travail correspondent à mes installations toulonnaises et à mes aspirations de transmission par la formation ».
Tout est fait « maison »
Son autre passion de transmettre et d'enseigner rejoint celle de la poterie, quand bien même celle-ci touche le domaine des arts, puisqu'elle a ouvert dans sa boutique des cours pour les enfants le mercredi matin (qu'elle espère doubler l'après-midi). La faïence justement, et son four basse température, offrent une pratique ludique et sécurisée de la poterie, sachant qu'elle réserve à ses équipements personnels des créations plus complexes qu'elle réalise et vend également, mélangeant des terres (le gré par exemple), des techniques de fabrication. « Les enfants repartent avec leur production, suite aux cours et aux (deux) cuissons, apprenant à inscrire cette activité dans le temps, ce qui les change de l'immédiateté d'une console de jeux. Il faut attendre pour se projeter », dit la prof qui sommeille toujours en elle, dont le partage est érigé en vocation. Les cours font partie de son modèle économique, au même titre que la vente de ses produits artisanaux originaux, dont la fabrication in situ visible par la vitrine depuis la rue constitue une forte attractivité.
Les touristes comme les Toulonnais semblent apprécier cette authenticité qui se mêle harmonieusement à la nouvelle identité du quartier. Pots, tasses, gobelets, vases, plateaux, objets divers de décoration, y compris à la commande spécifique, tout est fait « maison » et sent bon le local, le régional. Comme l'enseigne évoquant l'Arum, fleur typique de Méditerranée, associée à la terre qui la fait pousser et sert en même temps de base fertile à l'émergence d'une jeune pousse d'entreprise.
* Fonds de gestion des congés individuels de formation.
