Alors que des moyens considérables restent engagés sur le terrain pour retrouver les personnes disparues et venir en aide aux communes et aux populations sinistrées par la tempête Alex et les intempéries du 2 octobre, les premières évaluations du coût de cette catastrophe commencent à tomber. « Nous estimons à 600 millions d'euros les dommages subis par les ouvrages relevant de la seule compétence de la métropole Nice Côte d'Azur », explique son président, Christian Estrosi.
Dans les trois vallées du périmètre de Nice Côte d'azur (Vésubie, Tinée et Var), frappées par la brusque montée des eaux et les glissements de terrains, 30 à 35 kilomètres de routes devront être reconstruits. C'est dans la vallée de la Vésubie que les travaux s'annoncent les plus importants : 25 à 30 km de voies à rétablir, trois ponts à remplacer (pont Maïssa, pont de l'entrée nord de Saint-Martin-Vésubie, pont du Boréon), 25 ouvrages à conforter ainsi que de nombreux travaux de protection contre les éboulements à réaliser. Estimation : 300 millions d'euros. En ajoutant les travaux de la vallée de la Tinée et de la vallée du Var, les réparations des infrastructures routières atteignent 435 millions d'euros.
Les routes les plus touchées
Pour les réseaux d'eau et d'assainissement, trois stations d'épuration devront être reconstruites dans la Vésubie (Saint-Martin-Vésubie, Roquebillière et Lantosque) et 10 km de réseaux. Pour l'alimentation en eau, de nombreux captages et réseaux devront également être rétablis au cours des prochains mois pour remplacer les solutions d'urgence actuellement mises en place. Enfin, l'extrême rapidité de la montée des eaux et la violence des crues laissent derrières elles d'immenses besoins de reconstruction et de confortement de berges et de digues pour mettre en sécurité les futurs aménagements. « Nous évaluons ce poste à 100 millions d'euros », confirme Christian Estrosi.
Côté conseil départemental des Alpes-Maritimes, son président, Charles Ange Ginésy, évalue la facture à 850 millions d'euros. Elle englobe les dégâts sur le réseau routier départemental (35 kilomètres de routes, 500 millions d'euros) dans la vallée de la Roya notamment, la plus touchée avec dix ouvrages d'art majeurs détruits, dans l'Estéron et dans la basse vallée du Var. S'ajoutent les travaux d'endiguement et de protection (250 millions d'euros), la reconstruction de bâtiments du patrimoine du conseil départemental (58 millions d'euros), la reconstruction de la fibre optique (10 millions d'euros), etc.
Classement en catastrophe naturelle
Dans ce contexte, le président de la République Emmanuel Macron, en déplacement dans les Alpes-Maritimes vient d'annoncer la signature de l'arrêté de classement en catastrophe naturelle des zones touchées, permettant d'ouvrir les procédures d'indemnisations des assurances. Pour les collectivités, la métropole Nice Côte d'Azur a déjà débloqué 20 millions d'euros de fonds d'urgence et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur s'apprête à engager 50 millions d'euros. En attendant de connaître l'aide que l'Etat et la solidarité nationale vont apporter à la reconstruction de ces territoires dévastés, indispensable pour leur permettre de se relever.
Le BTP et les archi se mobilisent
« Dès le samedi 3 octobre, des entreprises de BTP du département ont apporté leur concours aux premières interventions des secours, dans le cadre de la procédure d'urgence impérieuse », rappellent Pierre Mario et Pierre-Paul Bernardi, respectivement président et vice-président de la section TP de la Fédération du BTP des Alpes-Maritimes. Certes ces interventions n'ont pas été faciles car des entreprises des vallées ont subi des dommages et ont été confrontées aux difficultés d'accès aux zones sinistrées. Mais avec l'appui de celles situées sur le littoral, le BTP a pu acheminer des engins pour participer aux premiers travaux d'urgence. « Nous prenons part au rétablissement des voies de communication et il y a aussi beaucoup d'interventions pour rétablir la fourniture d'eau potable, même avec des installations provisoires. C'est une priorité pour les habitants », ajoute Pierre-Paul Bernardi. Une réunion avec les principaux maîtres d'ouvrages du département vient de se tenir pour organiser la participation du BTP à ces travaux d'urgence puis aux travaux de reconstruction qui vont mobiliser tout le tissu d'entreprises des Alpes-Maritimes, compte tenu de leur ampleur.
De son côté, Conseil régional de l'ordre des architectes Provence-Alpes-Côte d'Azur (Croa Paca) s'associe à la fondation Architectes de l'urgence pour « proposer aux pouvoirs publics locaux une action d'aide aux sinistrés des zones affectées », annonce Arnaud Réaux. Le vice-président du Croa Paca veut également constituer un groupe d'architectes afin de « se tenir prêt à contribuer aux réflexions et aux actions qui seront initiées par les élus des Alpes-Maritimes » en lien avec le Syndicat des architectes de la Côte d'Azur, le Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement (CAUE) 06 et la Maison de l'architecture de Cannes.