TPBM : Le SyME 05 est devenu SyMEnergie 05 et récemment Territoire d'énergie Hautes-Alpes SyME 05. Un changement de nom pour marquer un ancrage dans la transition énergétique...
Stéphane Raizin : C'est vrai. Ce nom traduit mieux nos deux grosses activités. Celle, régalienne, liée à la distribution d'électricité, d'où découlent beaucoup d'ingénierie et de travaux, qui inclut aussi les télécoms, qu'on appelle aujourd'hui les infrastructures de communication électronique. Avec 3 M€ d'investissement tous les ans, c'est la plus grosse activité du syndicat. L'autre, qui a le vent en poupe, est la transition énergétique, politique que nous avons initiée en 2015, car nous sommes très sollicités par les communes dans ce domaine. L'humanité réagit toujours face à la crise, jamais quand elle est face au confort et à l'abondance de biens...
Cette crise du prix des énergies a-t-elle impacté votre activité ?
Les maires réagissent beaucoup depuis le début de l'année face à l'augmentation des tarifs de l'électricité, qui a bondi jusqu'à 300 % ! Ils n'arrivent plus à tenir les prix et certains nous sollicitent pour des opérations d'autoconsommation individuelle. Plutôt que d'essayer de négocier les tarifs un maximum - il n'y a de toute façon pas vraiment de marge de manœuvre -, ils préfèrent sécuriser un talon de consommation, en faisant en sorte qu'elle soit garantie par leur propre énergie, en mettant des panneaux solaires, un asservissement des appareillages. La Roche-des-Arnauds, par exemple, envisage un programme d'autoconsommation, consistant à construire deux microcentrales solaires avec un système d'asservissement sur les bâtiments communaux.
Transition énergétique en Paca : lisez le numéro spécial de TPBM
Outre ces opérations d'autoconsommation individuelle, comment avez-vous épaulé les communes dans ce contexte ?
La commune de Baratier a vécu un choc fin 2021. Elle a dû négocier ses tarifs d'électricité en pleine augmentation. Une vague de communes avaient leur contrat qui arrivaient à échéance au 31 décembre. Elles se sont mises à reconsulter en novembre, pensant qu'il s'agissait d'une formalité. Dans ce contexte, nous avons immédiatement aidé les communes de Prunières et de Baratier pour le suivi contractuel et le conseil lors du renouvellement de contrat. Dès le mois de janvier, nous avons sondé les communes pour savoir lesquelles souhaitaient entrer dans un groupement d'achat d'énergie, en électricité et en gaz, aux côtés des hôpitaux de Marseille, de l'OPH 13 et de trois autres syndicats d'énergie (les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse et les Alpes-de-Haute-Provence). Une vingtaine de commune ont répondu à l'appel, parmi lesquelles Prunières, Baratier, Saint-Chaffrey, Saint-Bonnet-en-Champsaur, Aubessagne, Abriès-Ristolas, Embrun, Garde-Colombe, La Bâtie-Neuve, La Saulce, Le Dévoluy, Montgenèvre, Réallon, Rosans, Saint-Michel-de-Chaillol. L'idée consiste à négocier les tarifs en jouant sur deux composantes : le volume et la diversité des usages. Réponse en septembre...
Vous croyez dur comme fer à l'appairage, la mise en relation entre le distributeur et le consommateur d'électricité pour se fournir au plus près et réduire les pertes...
L'autoconsommation collective est dans l'air depuis quelque temps. Il s'agit d'un deal commercial à l'intérieur d'une association de vendeurs et d'acheteurs. Cette association sera la personne morale qui va organiser les échanges d'électrons entre le groupe. Résultat : on ne passe plus par les marchés et on obtient un prix inférieur. C'est un système à trois têtes : le groupe qui monte une association d'autoconsommation collective, le tiers de confiance (Enedis ou EDSB) qui va devoir compter l'énergie produite et consommée, et une personne morale organisatrice qui fait la distribution des électrons. Le système fonctionne déjà, mais pas encore dans les Hautes-Alpes. En revanche, des réflexions sont en cours : par exemple à Réallon, entre la station, un hôtel, quelques riverains, et où la commune serait personne morale et organisatrice ; et au sein de la SCIC Energuil.
Ramener cette notion de l'effort nécessaire pour produire de l'énergie demeure capital. A chaque fois qu'on développe sa propre énergie à la maison, on consomme moins. On est dépendant dans beaucoup de domaines. Si vraiment on veut être solide face aux crises, il faut être résilient et arriver à consommer ce que l'on produit localement.
Quel rôle jouerait Territoire d'énergie Hautes-Alpes là-dedans ?
Nous pouvons être personne morale organisatrice, installateur et faire partie du groupe. Rien n'empêcherait qu'une des centrales qu'on a construites, voire une borne de recharge, figure dans le système d'autoconsommation collective.
Quels sont vos autres dossiers sur le feu ?
Sur le site de covoiturage de Baratier, la station de recharge est alimentée par la production d’électricité issue de sept générateurs photovoltaïques posés en ombrière solaire, complétée par un dispositif de stockage d’énergie, constitué de deux batteries de seconde vie issues du reconditionnement de véhicules électriques. Dans cette commune, on produit de l'électricité mais il n'y a pas assez de voitures. Une fois sorti de la période des vacances, le site produit plein pot de l'électron dont on ne sait que faire. Dans le cadre de France Relance, nous avons obtenu un financement de l'Etat pour installer l'an prochain, en plus des bornes de recharge rapide, des bornes complémentaires basse puissance qui correspondraient plus à l'usage du parking de covoiturage, pour que les voitures puissent charger sur une longue durée. On peut ainsi proposer des prix de choix.