Comment essayer de maîtriser les inondations du fleuve côtier de l’Argens, dans le Var, tout en préservant l’environnement ? Une réponse a été apportée avec le chantier de réaménagement du seuil du Verteil, sur la commune de Roquebrune-sur-Argens. La réflexion remonte aux inondations catastrophiques de 2010 et 2011, causant de nombreux décès et des millions d’euros de dégâts. Il a fallu imaginer la réhabilitation des seuils de l’Argens, afin de lutter contre le risque inondation et sécuriser les populations. « Ces actions de prévention des inondations sont évidemment attendues par la population sur les parties du bassin versant les plus exposées, et notamment la basse vallée de l’Argens qui constitue le réceptacle des crues du bassin versant. Nous devons optimiser l’écoulement du fleuve sur le bassin versant pour sécuriser nos populations et nos agriculteurs. C’est un enjeu majeur. Les travaux effectués sur le seuil du Verteil par le SEVE est une bonne chose », indique Jean Cayron, le maire de Roquebrune-sur-Argens.
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Un chantier à 2,9 M€
Créé dans les années 1950, surélevé en 1990, la réhabilitation du Seuil du Verteil est envisagée en 2010, les études sont lancées à partir de 2014 et la réalisation vient de s’achever en 2022 pour un montant total de 2,9 M€ dont 30 % sont pris en charge par l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse. « Le projet redonne le fonctionnement naturel du cours d’eau tout en évitant les inondations. Il y a une réduction de l’impact sur le milieu naturel en laissant une libre circulation aux poissons et aux sédiments. Il s’inscrit dans le projet global de la partie basse de l’Argens et entre dans les obligations règlementaires des cours d’eau », souligne Annick Mièvre, directrice de l’Agence régionale de l’eau.
Elargissement sur 30 mètres
La réhabilitation du seuil du Verteil a consisté en l’élargissement du seuil sur 30 mètres en rive droite, dans la continuité de l’ancien, à une côte abaissée d’un mètre par rapport à l’ouvrage initial. Le verrou hydraulique de la passe a disparu et ne fera pas obstacle au réaménagement global de la basse vallée de l’Argens. Son rôle "anti-sel" est garanti afin de sécuriser l’alimentation en eau potable. Les entreprises retenues ont su être innovantes, dans une démarche de développement durable de l’environnement avec des solutions d’économie circulaire. Des études hydrauliques, géothermiques, écologiques et topographiques ont été réalisées pour affiner au maximum ce projet ambitieux.
La vidéo du chantier
Une continuité écologique
Sa restauration permet également la continuité écologique avec la libre circulation des espèces et des sédiments afin de limiter l’érosion et de favoriser la biodiversité. Le Syndicat a travaillé en collaboration avec la Fédération départementale de pêche pour la création de la nouvelle passe à poissons de type bassins successifs, pour répondre aux enjeux du Plan de gestion des poissons migrateurs. Celle-ci est équipée d’un dispositif innovant de vidéo-comptage, adapté à la morphologie du site, qui permet de suivre les comportements des espèces en transit, notamment l’anguille, l’alose feinte et le lamproie marine. Phénomène rare en Méditerranée, l’alose, une espèce quasi menacée, gagne l’amont du seuil pour la première fois depuis sa création, afin de rejoindre des zones de frayère et ainsi coloniser l’Argens.
« Ce projet apporte des réponses multiples aux enjeux de développement durable, de préservation des écosystèmes, de sécurisation de l’alimentation en eau potable et de protection contre les inondation », précise Liliane Boyer, la présidente du SEVE.
La restauration permet la continuité écologique. Les berges ont également été aménagées afin de préserver la fonctionnalité du cours d’eau et la biodiversité rivulaire. « La gestion intégrée de l’eau fonctionne. On évite les erreurs du passé, on s’adapte aux conditions climatiques, on prend en compte le fonctionnement de la nature, on trouve les meilleures solutions. Le SEVE a été un maitre d’ouvrage exemplaire sur ce projet », conclut Kevin Mazoyer, directeur de projets, chargé des programmes d’aménagement et de prévention des inondations auprès du préfet du Var.