AccueilTerritoires« Salon se donne les moyens de son attractivité »

« Salon se donne les moyens de son attractivité »

Elu en 2014 avec 56,48 % des suffrages contre le maire sortant, Michel Tonon, Nicolas Isnard s'est employé à resserrer les boulons financiers pour n'augmenter ni les impôts, ni la dette durant son mandat. Cet engagement ne l'a pas empêché de prendre des initiatives originales, comme le jury citoyen pour l'attribution de logements sociaux, et de poursuivre les investissements dans l'embellissement d'une commune attractive pour les particuliers comme pour les entreprises.
Nicolas Isnard, maire de Salon
JC. BARLA - Nicolas Isnard, maire de Salon

TerritoiresBouches-du-Rhône Publié le ,

TPBM : Quelles ont été, à vos yeux, les actions marquantes depuis votre élection ?

Nicolas Isnard : Nous avons lancé plusieurs grands chantiers très différents sur lesquels nous souhaitions avancer particulièrement, comme le nouvel échangeur autoroutier au nord de la ville, la nouvelle caserne de sapeurs-pompiers, les rénovations d'écoles et d'équipements sportifs, l'extension des zones de la Crau et de la Gandonne… Des initiatives ont produit également un bel effet parmi lesquelles le jury citoyen d'attribution des logements sociaux, la bourse au permis de conduire et au Bafa (Brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur, NDLR), la pose de drapeaux français sur les frontons des écoles, la création de fresques identitaires en plusieurs lieux de la ville et d'autres plus modestes, telle la réfection des entrées de ville par des ronds-points valorisant les particularités de Salon avec des aménagements dédiés à Nostradamus, à l'Ecole de l'air, au pastoralisme, à l'oléiculture, à Adam de Craponne…

Vous avez créé un jury citoyen pour l'attribution des logements sociaux. Quel a été votre objectif et comment s'est-il concrétisé ?

Notre idée : rendre la plus indiscutable possible l'attribution des logements sociaux à leurs bénéficiaires pour éviter les accusations de favoritisme ou de clientélisme. Il faut savoir les pressions auxquelles nous sommes confrontés : « Je vote pour vous et je devrais l'avoir », « Pourquoi lui l'a eu et pas moi ? », « J'ai la carte du parti », « Je suis le cousin ou l'ami d'un tel »… Salon compte 2 500 demandeurs de logements pour 400 attributions par an. Quasiment un logement sur quatre est HLM. Il y en a environ 4 500 dont 400 disponibles chaque année en moyenne, sur un parc global de près de 20 000. Quand l'un d'eux se libère, quatre, six, huit, dix demandeurs y prétendent. Nous voulions nous affranchir de toutes ces considérations et promouvoir des attributions équilibrées et transparentes, départagées de manière équitable et juste. En janvier 2015, nous avons institué le dispositif en veillant à la confidentialité des informations, au respect des identités et des libertés… Le jury repose sur douze Salonais tirés au sort sous contrôle d'huissier de justice pour sélectionner les attributaires des logements disponibles du mois. Nous leur soumettons toutes les informations sur les demandeurs, profession, ressources, composition du foyer familial, mais pas leurs identités. La situation examinée, ils priorisent les attributions en statuant de manière indépendante. De fait, la question du logement social s'est beaucoup apaisée. Les sollicitations du passé se sont éteintes.

Comment la préfecture a-t-elle perçu le procédé ? Sa duplication est-elle envisageable ailleurs ?

Nous n'avons rencontré aucun souci d'acceptation par la préfecture ou la CNIL* parce que tout était bien bordé. Beaucoup de communes ont voulu le dupliquer mais à ma connaissance, à ce jour, aucune ne s'est lancée. Cela peut paraître étrange mais des raisons matérielles et logistiques peuvent l'expliquer. Organiser un jury est exigeant techniquement. Il faut du personnel qui convoque, préparer les dossiers, les imprimer, recevoir tous les demandeurs pour préciser la teneur du logement recherché, recenser leurs ressources… Ces moyens ne sont pas à la portée d'une commune modeste. A Salon, le service compte sept agents qui ne s'occupent pas uniquement du jury citoyen mais ils peuvent prendre en charge cette mission. Selon moi, la lourdeur administrative de ce dispositif a pour l'instant empêché sa généralisation.

Ce jury citoyen est-il tiré au sort comme les jurés de cour d'assises ?

Non, car il faut s'assurer que les personnes soient un minimum intéressées par le sujet. Nous faisons donc une publicité par les supports municipaux, les sites Internet, le magazine… Toute personne inscrite sur les listes électorales peut expédier sa candidature. Ces dernières sont rassemblées dans une urne et un huissier tire au sort avant un conseil municipal public. Les tirés au sort sont fiers. Ils disent se sentir utiles à leur ville. La méthode diversifie les profils : aide-soignante dans un foyer d'enfants inadaptés, retraité du site pétrochimique de Berre, directrice de structure sociale, ingénieur, demandeur d'emploi… Des personnes en HLM ou du parc privé, des personnes seules, d'autres en famille. Elles affichent des sensibilités différentes sur les dossiers, certains prêtent attention au handicap, à l'âge, au pouvoir d'achat, d'autres à la détresse sociale ou à la durée d'attente d'un logement… Le choix est vertueux : la municipalité ne porte pas seule l'attribution, tout le monde participe à la hiérarchisation, chacun défend sa vision. Un vote intervient quand la discussion ne débouche pas sur un accord.

Comment jugez-vous aujourd'hui l'attractivité de la ville ?

J'ai participé récemment, à l'invitation de l'UPE 13, aux 2es Rencontres économiques de l'étang de Berre avec Gaby Charroux, maire de Martigues, et François Bernardini, maire d'Istres. Lors de nos interventions, la diversité des territoires de la métropole est apparue comme un véritable atout, chacun par son approche rendant service à son voisin. J'ai personnellement vanté le commerce de proximité, le tourisme, l'art de vivre en Provence, la situation géographique centrale... Malgré une conjoncture difficile, le Pays Salonais est dans une bonne dynamique. Les sollicitations affluent d'abord grâce au positionnement géographique stratégique sur les axes Paris/Marseille-Espagne/Italie, la proximité d'infrastructures comme les gares TGV d'Aix et Avignon, l'aéroport Marseille Provence, le Grand port maritime de Marseille-Fos, des lieux touristiques comme les Alpilles ou les plages… Le nœud autoroutier du sud de la France est à Salon. Ensuite, nos réserves foncières non négligeables renforcent notre attractivité : les huit nouvelles parcelles créées sur huit hectares supplémentaires de la zone de la Crau ont été vendues rapidement. Il devrait en découler 250 emplois. Nous commercialisons actuellement quinze parcelles sur 4,5 hectares de l'extension de la zone de la Gandonne. Nous enregistrons une soixantaine de demandes de tous types : créations, délocalisations d'autres villes, agrandissements d'entreprises locales, implantations d'enseignes nationales, industriels… La dernière étude de l'Agam**, l'agence d'urbanisme de la métropole, atteste de cette attractivité : le Pays Salonais est le seul territoire où la demande d'emploi a baissé (0,63 %).

Comment prévoyez-vous le futur si l'afflux de demandes remplit rapidement les espaces accessibles ?

Nous réfléchissons à compléter la zone des Roquassiers, près de la base aérienne, et la zone des Broquetiers en entrée de ville. La zone des Gabins pour le commerce pourrait sortir d'ici peu. Les perspectives se situent plus au sud-ouest du territoire. Mais nous devons appréhender l'ensemble du Pays Salonais, à Saint-Chamas, où huit hectares vont sortir, Lamanon, 10 hectares, Berre, 28 hectares, et Sénas, sept hectares… Ce territoire peut accueillir toutes les activités : service, petite industrie, logistique, agriculture, tourisme, commerce… La multiplicité des sollicitations autorise Salon, et c'est un avantage, à la sélectivité. Sur la Gandonne, notre cahier des charges exigeant définit un dénominateur commun sur les nouvelles technologies, la recherche, l'innovation. Idem dans la zone de la Crau où nous avons préféré exposer en façade d'autoroute Rampal Latour et les futures Aquarade (usine de pompage et d'embouteillage d'eau), Kruz Seafood (grossiste en produits surgelés de la mer), Biotech Dental (implantologie dentaire) afin que les véhicules voient des enseignes qui reflètent le dynamisme de notre territoire. Sur la base aérienne, le projet de pôle de recherche aéronautique progresse : un bâtiment a été réalisé, un deuxième bâtiment est sur le point d'être aménagé. A terme, ce pôle de 2 000 m2 pourrait s'étendre hors de la base sur des terrains municipaux situés en face, voire poursuivre son expansion au-delà…

Certains élus d'opposition vous reprochent l'absence de « grand projet ». Nombre d'aménagements ont servi à corriger des imperfections, comme la fontaine et les réaménagements sur la place Morgan ou l'aide au ravalement de façades en centre-ville afin de compléter la réfection des cours, opérée sous la mandature précédente. Etait-ce pour vous le fil rouge de cette première moitié de mandat ?

Le totem préalable à toutes nos décisions, c'est la vertu budgétaire ! Ne jamais dépenser plus d'argent qu'on en a afin de n'augmenter ni les impôts, ni la dette et gérer nos collectivités comme nos propres foyers. Nous avons investi cette année 17 millions d'euros. C'est plus que les 12 ou 13 millions habituels des années précédentes mais l'an prochain, nous reviendrons vers ces niveaux. L'opposition voudrait que nous empruntions pour profiter des taux bas. Nous nous y refusons car les emprunts d'aujourd'hui sont les impôts de demain. Pour autant, nous ne sommes pas frileux. Jamais la ville n'aura engagé autant de projets. Les investissements peuvent se faire par d'autres canaux que l'argent municipal. Exemples : le nouvel échangeur à Salon-Nord va coûter 22 millions d'euros. La ville ne déboursera que 800 000 euros, grâce à l'apport de l'Etat et de la métropole. Nous allons avoir une nouvelle caserne de sapeurs-pompiers. L'investissement s'élève à 5 millions d'euros. La ville fournit simplement le terrain au conseil départemental. La région participe au financement de la couverture des courts de tennis et des travaux de la piscine des Canourgues. Le multiplexe devait coûter 2,4 millions d'euros à la ville : il ne coûtera finalement que le terrain. Burger King, c'est un million d'euros d'investissement, 60 emplois et 0 euro dépensé pour Salon ! Beaucoup de bailleurs sociaux ont entamé des rénovations de leur parc. La SNI***, en particulier, propriétaire des logements militaires de la résidence Lurian, va dépenser 23 millions d'euros pour démolir 130 logements et en reconstruire 150 sur site dont 81 dans des petits collectifs et 69 en villas individuelles. La Croix-Rouge a fait une nouvelle crèche de 70 places, l'ADMR (anciennement Aide à domicile en milieu rural, NDLR) va en ouvrir une de 40 berceaux à Bel-Air… Ces projets renforcent les services sur la ville. Même des projets plus modestes comme le nouveau carrousel de la place Morgan : les 200 000 euros d'investissement, c'est l'exploitant qui va les porter… Nous avons mobilisé aussi le mécénat puisque Carrefour a financé des aménagements pour les enfants handicapés dans nos jardins publics. Nous travaillons dans le même esprit sur le projet de reconstruction de l'hôpital pour que les propriétaires de la clinique Vignoli et le centre hospitalier œuvrent ensemble à la concrétisation d'un pôle médical partagé. Toutes les sources financières mobilisables doivent l'être pour faire avancer la ville. J'ai bon espoir d'annoncer prochainement la réalisation d'un nouvel équipement public qui comptera beaucoup pour les Salonais sans leur coûter un seul centime.

L'implantation du Village des marques à Miramas avait suscité votre opposition en raison des craintes sur le commerce du centre-ville. Quel est le constat à ce jour ?

Salon a fait face sans grande difficulté à l'arrivée du Village des marques. La redynamisation du centre-ville fait partie de nos vraies réussites. Nous avons franchi cet été le cap des 1 000 commerces de proximité, 1 005 exactement, contre 955 en 2012. Nous enregistrons des progressions monstrueuses dans certains domaines, comme l'hôtellerie-cafés-restauration avec 213 établissements alors que nous étions à 168 il y a cinq ans, soit 26,87 % de hausse. Dans l'alimentaire, 105 contre 88. Le taux de vacance est nul. Souleiado, L'Occitane, la Confiserie du Roy René… sont arrivées. Le village n'a pas altéré non plus notre fréquentation touristique puisqu'elle débouche sur de nouveaux projets comme la construction d'un « Ace Hôtel » de 55 chambres. L'Abbaye de Sainte-Croix va quasiment doubler sa capacité d'accueil. Les animations mises en place, comme la relance de la Foire de la Saint-Martin, l'arrivée du Tour de France, le marché artisanal du vendredi soir, Salon au balcon, la valorisation du patrimoine, les facilités de stationnement avec près de 4 000 places de parking, contribuent à cet embellissement général de l'espace public et cette attractivité. Enfin, nous avons travaillé sur la sécurisation avec vidéosurveillance, l'accessibilité avec navettes gratuites, horodateurs intelligents… Notre participation à MP 2018 renforcera tous nos arguments pour que Salon soit un des piliers de cette nouvelle année culturelle.

* Commission nationale de l'informatique et des libertés.

** Agence d'urbanisme de l'agglomération marseillaise.

*** Société nationale immobilière.

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