Ce 4 septembre, 250 élèves de seconde des 13e et 14e arrondissements de Marseille ont effectué leur première rentrée au sein du tout nouveau lycée Saint-Mitre. Niché dans un écrin de verdure (7,4 ha) sur lequel veille une ravissante église (l'église Notre-Dame du Sacré Cœur), cet établissement bioclimatique porte la douce griffe de CorinneVezzoni. L'architecte marseillaise déjà auteur du premier lycée HQE* de la région à Vence (Alpes-Maritimes) a trouvé dans ce projet l'opportunité de parachever l'ambition écolo de l'institution régionale en dessinant un établissement à énergie positive. Cette performance technique s'est réalisée sans sacrifier l'ambition architecturale. Au contraire. Le lycée est loin de ressembler à une centrale thermique… « L'insertion paysagère du projet a été notre priorité. On ne voulait pas abimer l'ambiance du quartier qui a conservé comme par magie son caractère champêtre. Une ambiance villageoise un brin désuète symbolisée par la présence de la petite église perchée sur un promontoire au-dessus d'un paysage de bocage que l'on est loin d'imaginer dénicher dans les quartiers nord… », avance CorinneVezzoni.
Harmonies
Pour ne pas briser l'harmonie du site, l'architecte a joué sur ses composantes : « L'église juchée en point haut du site qui constitue le point de repère et la mémoire du quartier, la pente douce du terrain qui ondule agréablement vers le sud et les perspectives sur les massifs calcaires de Marseille, les Calanques et la chaîne de l'Etoile ». Le projet s'intègre dans cette trilogie avec trois entités : le lycée en point haut au nord, le gymnase le long du chemin de Saint-Mitre, et enfin les logements face aux lotissements. Et à chaque fois, le bâti respecte l'échelle du paysage. « Seulement un tiers du lycée émerge, en point haut du site, pour lui permettre de bénéficier à la fois du dénivelé maximum et de dégager la totalité des jardins au sud de la parcelle, explique Corinne Vezzoni. Cette position permet également de "faire entrer" l'église dans la composition générale du projet. Le bâtiment se love dans la pente naturelle du terrain pour se développer en une série de restanques bâties face au sud et regarder vers les vues lointaines. » La plupart des salles de classe sont ainsi nichées dans des bâtiments littéralement enserrés dans la pente du terrain, abrités par des toitures jardins, dans un système de restanques « où chaque toit devient un premier plan pour le bâti précédant et crée ainsi une profondeur de champ qui augmente le confort visuel ».
Cette succession de strates bâties fait référence aux jardins méditerranéens qui optimisent l'espace naturel sans le bouleverser. « Ces strates racontent la masse, la pente, le rapport à la terre. Elles ne sont pas du registre de l'architecte, mais du jardinier. » Avantage supplémentaire : ces toitures végétalisées servent de système de rétention des eaux pluviales.
L'ensemble de ce dispositif sert de socle au seul bâtiment qui émerge du site telle une enseigne annonçant le lycée : clin d'œil à l'ambition écolo du projet, ce bâti enveloppé d'une peau extérieure de céramique et de verre héberge les enseignements techniques spécialisés en écologie et gestion de l'eau, propres à cet établissement.
Belvédère
Par-delà le symbole, cette insertion dans le terrain offre également l'inertie thermique recherchée par le maître d'ouvrage : « L'isolation naturelle couplée à un système de double façade permet de faire l'économie d'un système de climatisation sophistiqué », précise l'architecte.
Autre élément fort du projet, le gymnase a été aménagé dans le talus juste en dessous de l'église, le long de l'avenue de Saint-Mitre, artère principale du secteur. Symbole de son insertion dans le site, la toiture de ce bâtiment offre un belvédère aux promeneurs désireux d'apprécier la vue sur la mer. Et plusieurs fois par semaine, l'espace pourra accueillir le marché du quartier.
Dernières pièces du programme, les logements sont situés dans la partie basse du terrain, face au lotissement voisin. Ces habitations sont appelées à jouer un rôle clef dans l'opération puisque leurs toitures orientées vers le sud supportent les 1 600 mètres carrés de panneaux photovoltaïques destinés à l'alimentation énergétique du lycée.
* Haute qualité environnementale.
Cet article est à lire en entier dans notre dossier consacré à a rénovation des établissements scolaires de la région (n°1198). Cliquez ici pour vous abonner.