« Nous entrons dans la quatrième phase de l'expertise. Désormais, la question posée est "comment fait-on pour que les habitants reviennent dans ces immeubles, et est-ce possible ?"», explique Emmanuel Ulrich, directeur d'Axiolis. Le bureau d'étude marseillais a été mandaté sur les lieux 24 heures après l'effondrement des deux immeubles de la rue d'Aubagne, le 5 novembre dernier.
L'équipe technique d'Axiolis fait depuis partie d'un comité d'experts mis en place par la Ville de Marseille. Il se compose d'un bureau structure, d'un bureau spécialisé dans la démolition mais aussi d'un bureau d'étude renforcé, comprenant le Cerema (centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement) et le CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment), « référence en France dans le domaine des structures », précise Christophe Suanez, chef du service prévention et gestion des risques à la ville de Marseille.
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Depuis trois semaines, leur mission a été de sécuriser le périmètre, le surveiller et d'évaluer l'état des immeubles voisins des 63 et 65 effondrés, à savoir les numéros pairs et impairs de la rue d'Aubagne ainsi que la rue perpendiculaire, Jean Roch. Pour vérifier la stabilité des bâtiments, des théodolites ont été installés. Ils permettent de mesurer les micro-mouvements des bâtiments. Et « malgré les pluies de ces derniers jours », « il n'y a pas eu d'incidence », annonce Emmanuel Ulrich. D'ailleurs, le week-end dernier, les habitants ont été autorisés à venir récupérer leurs affaires.
Timing
Dans cette rue du quartier de Noailles, les immeubles sont « typiquement marseillais » : des constructions conçues sans fondation, des murs mitoyens porteurs, des planchers en bois et une façade non porteuse. A priori aucun problème selon Charles Baloche, directeur général adjoint du CSTB : « Il n'y a rien à dire sur ce mode de construction ». Sauf que, « si un mur porteur est défaillant, soit par lui-même, soit par le fait que le sol qui le porte n'est plus en mesure de le supporter, l'effondrement du bâtiment est garanti. » (voir vidéo). Les experts du CSTB avancent d'ailleurs que l'état du sol pourrait être en cause dans l'effondrement des immeubles.
« Le timing est dicté par l'aspect technique : tant que nous n'avons pas de garantie, nous n'avançons pas, souligne Christophe Suanez. Le comité d'experts fait des analyses et les études nécessaires, Quand il arrivera à un consensus sur le niveau de sécurité, on prendra les décisions adaptées. »