« Ces dernières années, la profession a effectué un virage à 180° avec, notamment, un basculement vers des marchés de plus en plus privés et moins de commandes publiques. Aussi, plutôt que de me morfondre dans le creux de cette vague, j’ai réfléchi à profiter de cette obligation de travailler autrement », explique posément et souriant l’architecte RémyMarciano qui a créé son agence (employant un peu moins de 10 personnes) il y a tout juste vingt ans.
Le lauréat
Ex-« enfant prodige » de l’architecture, celui-ci s’était en effet fait remarquer dès ses débuts avec la réalisation à Marseille du gymnase Ruffi, dans la rue éponyme, sur l’emprise d’Euroméditerranée. « Un bâtiment hybride, support de jardins de lumière, de matières et de plaisirs partagés », comme le décrit son auteur. Situé face à une église, cet équipement municipal dont l’apparence raconte à la fois le passé villageois puis industriel et la reconquête actuelle de ce quartier en pleine mutation, lui a valu en 2001 le Prix de la première œuvre et d’être sélectionné pour le Prix international Mies van der Rohe. En revanche, le journal quotidien local n’avait guère apprécié, se souvient-il, son aspect très contemporain.
Un démarrage à fond qui aurait très bien pu cantonner, par le jeu des références, le finaliste à Londres du Young Architect of the Year 2002 et lauréat en France la même année des Albums de la Jeune Architecture, dans le registre des équipements sportifs, d’autant plus que le jeune Marciano signe dans la foulée à Châteauneuf-les-Martigues, La Plaine des Sports, autre complexe du genre.
Un écueil qu’il a su toutefois éviter, même si ce professionnel, issu « du chantier, de la construction et de la loi MOP* » comme il le dit lui-même, n’a longtemps conçu son métier qu’ainsi, attaché notamment aux missions complètes. Au gré d’associations, en particulier avec son confrère José Morales, ou pas, le maître d’œuvre marseillais a de la sorte poursuivi son bonhomme de chemin en matière de marchés et bâtiments publics : IUFM à La Seyne-sur-Mer, lycée René Goscinny à Drap… et entamé parallèlement une carrière d’enseignant très apprécié.
Les temps ayant changé, donc, l’architecte a réagi. « Il faut arrêter d’attendre les programmes, estime-t-il, mais au contraire, les provoquer, voire les monter. Et pour cela, aller voir et convaincre les décideurs, les financiers, les institutions, les associations… et s’inscrire dans les initiatives privées, dans ce que j’appelle l’urbanisme d’en bas, poursuit le pédagogue. Ça peut même prendre la forme de réalisations comme des restaurants éphémères par exemple, d’équipements provisoires qui participent eux aussi à fabriquer de la ville et de cette façon, ne pas laisser les projets aux seuls majors et promoteurs », indique encore Rémy Marciano qui œuvre également dans le champ de l’urbanisme.
* Loi relative à la maîtrise d’ouvrage publique et à ses rapports avec la maîtrise d’œuvre privée.
La suite de ce portrait d'architecte est à lire dans le numéro 1127 de TPBM (parution le 27/04/2016). Cliquez ici pour plus de renseignements sur nos offres d'abonnements (à partir de 20€/an).