Au mur de son agence installée depuis quelques années dans un bâtiment tertiaire de la zone Athélia 1, à La Ciotat, à proximité de l'échangeur autoroutier, s'affichent sur de grands panonceaux au format identique, les derniers projets en date qu'elle est en train de mener. Les passant en revue, Gianfranco Porcella, le fondateur d'AI Design, désigne du doigt ceux faisant l'objet d'un recours. Ici, un projet de maisons en bande dans une ville de la côte varoise, là un ensemble de logements projetés dans une commune des Bouches-du-Rhône, etc. Un fléau, dénonce l'architecte, qui n'est pas fait pour améliorer les conditions de l'exercice de son métier, estime aussi ce praticien fortement impliqué dans la défense de sa profession. Il serait intéressant de pouvoir établir la carte en temps réel des projets de logements bloqués, explique, avec son accent chantant, ce transalpin devenu architecte à Marseille et qui, depuis deux ans, est, à 52 ans, vice-président du Syndicat des architectes des Bouches-du-Rhône (SA 13).
« Aujourd'hui, l'architecte opère de plus en plus souvent dans la frustration, constate le défenseur de sa profession. En limitant ses missions, en délaissant le chantier par exemple, il a aussi perdu en crédibilité. » Pour être entré dans le métier par la petite porte, en se frottant tout d'abord aux techniques plans de réseaux, VRD (voirie et réseaux divers), coffrage et autre ferraillage, avant de se lancer à son compte dans la maîtrise d'œuvre pour le compte d'autres et en sous-traitance au milieu des années 90, le natif de Turin, diplômé de l'école d'architecture de Marseille sur le tard (il y a huit ans), se régale au contraire d'accomplir son rôle du début à la fin et de pouvoir signer, enfin, les permis de construire. Se définissant comme un architecte de proximité, lui préfère mettre en avant « le travail d'équipe », de conception notamment, avec les cinq jeunes salariés de sa structure, mais aussi sur le chantier où le tutoiement est de rigueur avec tous. Et en ce qui le concerne, il a depuis quelques années laissé tomber l'ordi, laissant cela à ses collaborateurs et lui préférant désormais le seul « dessin à la main ».
Signé et designé AI Design
« J'ai toujours fait du chantier et j'aime ça », confesse encore l'architecte ciotaden. Dans cet esprit, ne pas attendre de lui, une architecture « transcendantale », mais au contraire « sobre et équilibrée pour ne pas voir mon projet dépouillé petit à petit pour des raisons budgétaires. Moi qui ai fait beaucoup d'économie de la construction au départ, je connais les étapes à ne pas franchir pour toujours retomber sur mes pattes. Il faut savoir également entretenir de bonnes relations avec son maître d'ouvrage et faire preuve de pédagogie quand c'est nécessaire. »
Enfin, lui qui regrette également que l'architecte ne soit pas perçu comme « le médecin du bâtiment », affiche à son actif des réalisations variées : de la commande publique à la promotion privée ; de l'architecture et de la décoration intérieures à des programmes plus conséquents comme celui de plusieurs centaines de logements qui est en train de sortir de terre à Château-Gombert, à Marseille.