C'est au cœur de l'îlot de verdure que constitue aujourd'hui la cour intérieure de l'ancien bâtiment des affaires maritimes entièrement restructuré par ses soins et dont l'agence occupe aujourd'hui une grande partie, qu'Emmanuel Dujardin, le bien nommé, nous reçoit. Un havre de paix où gazouillent les oiseaux et dont les habitants du quartier les plus curieux n'hésitent pas à franchir le porche pour en découvrir la transformation.
Une transformation réussie
« Avant, ça servait de parking ! », constate surpris, un vieux monsieur de passage venu jeter un œil et qui a connu l'endroit quand c'était encore le siège des affaires maritimes. Dans ce véritable jardin en effet, il ne manque plus que les écureuils dont rêve l'architecte marseillais qui, dix ans après avoir créé son agence d'architecture Tangram, lui offre ainsi un espace de travail de qualité pour franchir une nouvelle étape.
« Notre objectif, c'est d'augmenter encore la diversité des commandes et de nous confronter à de nouveaux territoires au-delà de la région où nous sommes devenus depuis deux ans la plus importante agence d'architecture, tant pour la taille, avec désormais 80 collaborateurs, que pour le chiffre d'affaires, 3,5 M€. Une position de leader qui n'est pas une fin en soi, ajoute-t-il, mais qui nous oblige d'une part à montrer l'exemple et à tenir des convictions, et nous permet aussi d'afficher, à partir de cette base solide, ces nouvelles ambitions nationales et même internationales. Nous intervenons d'ailleurs déjà par exemple en ce qui concerne l'Hexagone, à Paris, Lyon (pour la transformation d'anciennes blanchisseries en logements) et Biarritz, ou encore à l'étranger, en Asie, où nous poursuivons notamment et entre autres un projet d'hôtel au Vietnam », détaille Emmanuel Dujardin.
Un nouveau chapitre tous les dix ans
Pour franchir ce nouveau cap, ce dernier a également convié aux commandes en tant qu'associés et dirigeants, deux de ses chefs de pôle, Laure de Buzon, responsable du paysage et de l'urbanisme, et Hervé Le Roy, du logement, qui travaillent à ses côtés depuis des années. « Ce développement est le fruit non seulement de notre diversification mais aussi de notre organisation en sept pôles différents — paysage, urbanisme, logement, hôtel et équipement public, tertiaire et industriel, architecture intérieure, chantier — que nous combinons comme les sept pièces du jeu du tangram pour apporter des solutions, plus des spécialités transversales en R&D, BIM management et architecture bois, explique encore le fondateur de l'agence. Alors qu'il y a dix ans, poursuit-il, nous avons commencé à 35 lors du rachat de l'agence à Alain Amédéo qui lui-même m'avait accueilli dans son équipe dix ans plus tôt, nous pouvons en plus compter aujourd'hui sur l'appui des coworkers, jeunes architectes, bureaux d'études, maquettistes, étudiants… de la City Fab », l'espace de coworking dédié à la ville que Tangram a aménagé et ouvert au-dessus de ses locaux. « A mon tour de partager et de transmettre », estime Emmanuel Dujardin.
Dans la cité phocéenne, « avec plus de 100 millions d'euros d'investissements, les trois importants projets de requalification d'espaces publics que l'agence s'est vue confier, celle du centre-ville, du Jarret et du cours Lieutaud, représenteront « plus de 1 600 arbres plantés », tient-il aussi à souligner. Son agence, qui s'est particulièrement distinguée jusqu'à présent dans les réhabilitations (l'hôtel Intercontinental, le palais Monthyon ou plus récemment l'îlot Feuillant sur la Canebière) et associations (Norman Foster, Michel Desvigne, Jean Nouvel…) de prestige, compte bien désormais peser davantage dans cette matière . « Grâce à notre taille et à notre expérience, nous sommes devenus plus audibles pour défendre nos chevaux de bataille et faire passer nos points de vue sur le paysage, l'espace urbain, le vivre ensemble… », se réjouit l'architecte très attaché au travail en équipe et au partage d'idées.
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