Le projet de loi des finances 2018 inquiète les acteurs économiques des Hautes-Alpes. « Nous partons en croisade, car c'est un véritable séisme qui se prépare, une catastrophe qui va concerner l'ensemble de notre territoire de montagne. Une fois encore nous n'avons pas la même égalité de traitement, alors que nous devrions être reconnus comme la métropole des Alpes du Sud au même titre que Marseille, Aix-en-Provence ou Nice », gronde Roger Didier, le maire de Gap et président de l'agglomération Gap-Tallard-Durance.
Ce séisme, c'est la disparition d'aménagement fiscal pour les investisseurs qui mettent en location leurs biens et cela pourrait impacter, dès janvier 2018, les programmes neufs de Briançon et Gap. En cause le retrait du dispositif Pinel en zone B2 et C, soit la totalité des Hautes-Alpes. L'activité construction, où un semblant de reprise était constaté, va être touchée en plein cœur et entraîner dans son sillage l'ensemble de l'économie. A court terme, Gap et Briançon pourraient perdre jusqu'à 70 % de leur capacité d'attractivité.
« 2 000 emplois menacés »
« Si l'on ne peut plus bénéficier du Pinel, c'est toute notre économie qui s'écroule et je doute que nous ayons la capacité de nous relever. Cette loi ne prend pas en considération l'équité territoriale. Nous devons nous mobiliser avec détermination pour obtenir le classement de nos deux principales villes en zone urbaine B1, qui elle reste éligible. Les caractéristiques sont réunies, les tableaux de comparaison le démontrent. Il est important de se projeter en avant, de créer un avenir en produisant de la richesse, il faut éviter une fracture territoriale et sauver le soldat logement ! », explique le président de la Fédération du BTP des Hautes-Alpes, Stéphane Scarafagio, à l'initiative de la démarche.
Ce type d'aides, qui perdure depuis une dizaine d'années, permet la construction de logements locatifs en nombre afin de répondre aux importants besoins du marché et soutient l'activité du BTP et ses salariés.
« Mathématiquement, 2 000 emplois seraient amenés à disparaître du territoire dans les cinq prochaines années. Un pan entier de notre économie est suspendu à cette loi, alors qu'il y a une nécessité vitale de renouveler les logements, car l'habitat est vieillissant. La demande locative est forte, nous avons un devoir social et sociétal », poursuit François Koroloff, vice-président de la Fédération des promoteurs immobiliers (Alpes).
Quant à l'Office public de l'habitat des Hautes-Alpes (OPH 05), le bailleur social demande la suppression de l'article 52 du projet de loi qui prévoit la baisse des APL*, compensée par la baisse du loyer. « Ce projet touche les plus faibles et ils ne sont pas dupes. L'article attaque clairement les logements sociaux. Pour les Hautes-Alpes, cela représente une perte de 3 millions d'euros par an, soit les deux tiers du budget rénovation-réhabilitation. Ce sera la fin des investissements », tempête Carole Chauvet, la présidente.
Le monde économique haut-alpin est soudé pour obtenir un dézonage en B1 : UPE, CCI, constructeurs, aménageurs, promoteurs, banquiers, OPH ont exprimé leurs préoccupations et affirmé leur solidarité pour mener un combat collectif. Ils attendent un geste fort de la part du préfet ainsi qu'un positionnement pour les villes de Gap et Briançon. Ils sont déterminés à se battre pour la survie du territoire, en interpellant les parlementaires, en se faisant entendre au plus haut niveau. Vice-président de la région, Roger Didier mobilisera le président Muselier pour cette croisade.
* Aides personnalisées au logement.