TPBM : Après 18 mois d’exercice de vos fonctions de préfet dans le Var, qu’est-ce que ce département vous inspire ?
Pierre Soubelet : Beaucoup d’intérêt. Au-delà du fait, non négligeable, qu’il est agréable de vivre à Toulon et dans le Var, ce département est très riche en actions à mener pour les services de la préfecture, en appui des collectivités et des porteurs de projets. Il y a une vraie qualité de relations avec les élus et les dirigeants du monde économique, en particulier l’Union patronale du Var et les chambres consulaires. Je vais souvent sur le terrain voir les entreprises, les responsables d’EPCI* afin de faciliter les relations. Nous ne sommes pas d’accord sur tout mais il est important de partager la volonté de trouver les moyens de faire du bon travail.
Le Var est un département particulièrement attractif. Quel est le rôle de l’Etat déconcentré dans cette dynamique ?
Le Var gagne annuellement 15.000 habitants et deviendra à ce rythme le deuxième département de la région d’ici 4/5 ans. Gestionnaire de beaucoup de compétences réglementaires, l’Etat s’inscrit notamment dans cette dynamique en facilitant le cheminement harmonieux des dossiers dans le maquis administratif. Nous sommes là pour faire avancer les projets dans un contexte de changement. Nous avons de l’ingénierie administrative, technique, financière, en termes de conseils et d’explications aussi, à apporter au service de ces initiatives. Notre rôle est de dire aux entreprises et collectivités : « votre projet est intéressant mais, sur la base des textes, voici comment nous allons procéder pour le faire aboutir, selon telle méthode et avec tel calendrier d’exécution ».
C’est dans ce contexte que je m’efforce de mettre l’Etat en mode projet en réunissant à chaque fois les porteurs, partenaires et mes services concernés afin de faire gagner du temps à tous. Il est primordial d’expliquer la mallette d’aides de l’Etat pour que personne n’ignore les mesures existantes. Pour ce faire, nous avons déconcentré l’information, en relais du national, au plus près de la réalité du terrain, avec l’obsession de l’écoute et de la simplification de la vie des entreprises, tout en les contrôlant bien entendu. Cela fait partie de nos missions.
Au plus près du terrain, justement, vous vivez l’économie de la TPE et de la PME alors que vu d’en haut, à Paris, on a l’impression que cela se résume, y compris dans les textes, à la grande entreprise. Comment adapter l’Etat dans le Var à ce décalage ?
Nous sommes censés faire appliquer la loi avec discernement ou en application douce. Mon souci est de comprendre les difficultés et de voir si je peux ou pas adapter la réglementation, qui peut être aveugle ou indigeste si on ne fait pas attention. J’essaie de faciliter la vie en activant des dérogations si nécessaire. C’est pour cette raison qu’il y a des préfets et des services déconcentrés de l’Etat, pour répondre concrètement aux problématiques qui se posent dans les territoires et qui différent, forcément, selon les lieux et les situations.
Cette façon de faire, de décrypter l’Etat, est valable pour les élus comme pour les entreprises. Surtout pour les TPE et PME, qui n’ont pas les moyens de veille économique et techniques des grandes sociétés. Dans le Var, le tissu économique est surtout composé de petites structures managées par des dirigeants débordés qui ne peuvent pas être au courant de tout. Nous essayons de leur apporter à la fois des services simplifiés et des informations dont ils ignorent souvent l’existence, qui leur sont particulièrement utiles, en cas de difficultés économiques, sociales et fiscales, mais aussi pour embaucher. Dans un monde surinformé, le principal passe malheureusement parfois à la trappe.
* Etablissement public de coopération intercommunale.
La suite de cet article est à lire dans le numéro 1132 de TPBM (parution le 1/06/2016). Cliquez ici pour plus de renseignements sur nos offres d'abonnements (à partir de 20€/an).