TPBM : Quel est le principal enjeu aujourd'hui pour le secteur du bâtiment ?
Philippe Piantoni : Il faut tenir. Nous espérons y voir plus clair d'ici la fin de premier semestre 2021. Pour l'heure, l'activité est globalement en baisse, même si l'on peut dire que les très petites entreprises s'en sont un peu mieux sorties.
Quelle est la situation au niveau régional ?
Cumuler une année électorale, la crise de la Covid et une reprise en période estivale, c'est une véritable épreuve. Pour l'instant, la chute du chiffre d'affaires sur l'année est estimée entre 15 et 20 %. Les petites et moyennes entreprises ont été particulièrement touchées et le coût du redémarrage avec le protocole sanitaire a compliqué les choses. Le plus difficile a été d'arriver à répercuter ce surcoût aux maîtres d'ouvrage. Certains ont bien joué le jeu, d'autres moins.
D'autre part, même si les négociants en matériaux de construction n'ont pas été fermés longtemps, la chaîne de distribution a tout de même été rompue, compliquant la situation pour les entreprises du second oeuvre notamment.
Nous avons également mesuré l'impact de cette crise sur les permis de construire, avec une baisse de 25 % des permis obtenus entre mars en novembre. Les appels d'offres se font rares dans toute la région avec une baisse comprise entre 25 et 35 %. L'activité est bonne à l'instant T mais nous avons une véritable crainte pour le premier trimestre 2021 car les projets qui sont dans les cartons ont du mal à sortir. J'espère que le trou d'air ne sera pas trop important.
La signature de la charte avec la Région et l'Area Région Sud visant à faciliter l'accès à la commande publique a-t-elle amélioré la situation pendant la crise ?
Il était important d'établir un contact entre les entreprises et les grands donneurs d'ordres. C'est pour cela que nous avons choisi de signer cette charte, avant que la crise ne soit là. Nous avons mis en place des bonnes pratiques d'un côté comme de l'autre. Cette charte a permis de fluidifier les communications et nous en avons vraiment besoin en ce moment.
Comment voyez-vous l'avenir?
Le président de la fédération est aussi un entrepreneur donc il est optimiste par nature. Je suis optimiste. Le bâtiment subit une crise économique. Nous allons vivre des mois difficiles. Le secteur va encore être chahuté. Nous allons tout faire pour qu'il y ait le moins de ruptures possibles. Si les intentions de l'Etat se transforment en acte, notamment en terme de rénovation, nous devons y arriver. J'appelle les chefs d'entreprise à rester vigilants en conservant un bon niveau de prix. Les marges étaient déjà très basses, de l'ordre de 1,8 % à 2 % sur des volumes très importants. L'enjeu est d'arriver à négocier une baisse d'activité en maintenant un niveau de prix suffisant. Il ne faut pas paniquer et vouloir coûte que coûte remplir les carnets de commandes. Ne cédons pas à la panique. Il y a des enseignements à tirer de tout cela.
