AccueilTerritoiresPhilippe Léandri, maire de Grans : « La qualité de vie est notre fil conducteur »

Philippe Léandri, maire de Grans : « La qualité de vie est notre fil conducteur »

Malgré d’importants développements dans sa périphérie, Grans est parvenu à conserver son authenticité de village provençal. Ce qui n’empêche pas cette commune, sous la responsabilité de Philippe Léandri depuis avril 2022, de multiplier les projets.
Ancien conseiller départemental du canton de Grans-Salon, Philippe Léandri est maire de Grans depuis avril 2022. L’ex-rugbyman a succédé à Yves Vidal, qui a siégé 45 ans au conseil municipal dont 35 en tant que maire.
J.-C. Barla - Ancien conseiller départemental du canton de Grans-Salon, Philippe Léandri est maire de Grans depuis avril 2022. L’ex-rugbyman a succédé à Yves Vidal, qui a siégé 45 ans au conseil municipal dont 35 en tant que maire.

TerritoiresBouches-du-Rhône Publié le , Propos recueillis par Jean-Christophe BARLA

TPBM : Vous avez été conseiller départemental, candidat à la mairie de Salon-de-Provence par le passé, vous avez quitté la politique et pourtant, vous voilà successeur d’Yves Vidal à la tête de Grans (5 200 habitants). Pourquoi et comment avez-vous replongé dans des responsabilités politiques ?

Philippe Léandri : Ayant été élu au conseil départemental en 2001 du canton de Salon-Grans, j’étais tombé sous le charme de ce village. En 2008, je décide d’y emménager mais je prends la précaution d’en avertir Yves Vidal. J’avais quitté la politique depuis 2007, n’étant plus encarté nulle part, je ne voulais pas qu’il pense que j’y revienne sur sa commune !

En 2018, pourtant, il me dit qu’il n’envisage pas de finir le mandat et qu’il songe à moi pour lui succéder. Mon premier réflexe est de refuser, mais sur le plan personnel, j’avais retrouvé plus de disponibilité.

Même si, par le passé, nous étions engagés, lui à gauche, moi à droite, nous avons toujours entretenu un respect mutuel. Nous avons appris à mieux nous connaître. A 99 %, nous partagions les mêmes analyses. Comme adjoint à l’urbanisme, j’ai été tenu au courant de tout. Il est venu me chercher, m’a préparé et m’a choisi.

En avril 2022, je me suis retrouvé maire. Ma ville, c’est toujours Salon où je continue mon activité d’expert-comptable et mon village, c’est Grans. Je m’inscris dans la continuité d’Yves, mais en organisant les choses différemment. Ancien rugbyman, j’ai ma façon d’aborder le collectif.

Malgré l’expansion de la plateforme logistique Clésud sur une partie de son territoire et la croissance démographique globale sur le pays salonais, Grans a préservé son caractère villageois. Comment s’explique cette situation ?

Grans a toujours conservé à peu près la même population car Yves Vidal a bien tenu son Plan local d’urbanisme (PLU) pour ne pas développer le village de manière exponentielle. De plus, en faisant le choix d’intégrer Ouest Provence, la commune a pu bénéficier de ressources pour réaliser des équipements surdimensionnés par rapport à sa taille, qui participent à la qualité de vie et permettent de se projeter loin : le stade, le parc Mary-Rose, la salle de sport, la station d’épuration prévue jusqu’à 8 000 habitants

Nous avons accueilli à la rentrée une nouvelle directrice de maternelle en provenance du nord de la France. Elle s’est dit estomaquée par le niveau de services accessibles aux habitants.

De fait, pour les Gransois, Clésud existe, c’est un pôle d’activités majeur qui continue de se déployer avec un nouveau centre de transport rail-route, mais très excentré dans leur quotidien. Elle contribue à l’amélioration du village puisque son apport fiscal s’élève à 2 millions d’euros !

Avec son boulevard circulaire, ses commerces et ses platanes, Grans a su conserver un caractère de village provençal typique auquel ses habitants sont attachés. (Crédit : J.-C. Barla)

La pression immobilière demeure forte sur le pays salonais. Certaines communes voisines ont enclenché un essor qu’elles regrettent parfois. Résistez-vous à la demande ?

Nous privilégions un juste équilibre entre contrôle de l’urbanisme, développement économique, investissements importants et bonne gestion financière. Avec ces quatre éléments, la vie ne peut être que calme et sereine à Grans.

La population ne veut plus de constructions partout, sans maîtrise. A ce jour, depuis le début du mandat, j’ai refusé 800 logements et j’ai des demandes de promoteurs toutes les semaines… En même temps, je me trouve avec 80 dossiers de Gransois en attente d’un logement. C’est le point difficile de la commune. Nous voulons les loger sans aller vers les 10 000 habitants. Nous avons une maison intergénérationnelle avec une crèche au rez-de-chaussée, qui va passer de 25 à 45 berceaux, et à l’étage 12 appartements.

Mon objectif est de remplir les dents creuses, un inventaire précis les recense. Je préfère que dix maisons soient faites plutôt que des programmes démesurés de 80 à 100 logements. La pression de l’Etat est réelle : Grans doit assumer 120 000 € de pénalités. On fait donc des logements sociaux dans le centre du village à petites doses.

Cette loi SRU [loi relative à la Solidarité et au renouvellement urbains, NDLR] doit être revue. Outre d’être pénalisante, elle présente le défaut de ne pas rapprocher les gens de leur travail. Me demander parfois de loger une famille qui travaille à Marseille est une aberration…

Comment contribuez-vous à poursuivre l’équipement de la ville dans les exigences que vous vous imposez ?

Nous venons de faire une maison de santé, avec des médecins, des professions para-médicales, un commerce de matériel médical… Nous avons réalisé une maison des jeunes pour les 14-17 ans dans un édifice rénové du centre de Grans, un espace seniors… Nous améliorons la voirie, les réseaux…

Près de la salle des fêtes, la médiathèque était à l’étroit. Nous en construisons une nouvelle. Nous agrandissons l’aile ouest de la mairie pour regrouper différents services et mieux accueillir agents et public. La salle du conseil municipal et des mariages sera également plus spacieuse. La qualité de vie est notre fil conducteur.

Dans le centre ancien, les travaux de voirie préservent le cadre de vie, comme ici, dans la montée de la Glacière.
(Crédit : J.-C. Barla)

Autour du magasin U Express, des travaux de réfection de voirie ont duré plusieurs mois. Pourquoi ?

Ils étaient motivés par des questions de sécurité entre les sorties des maisons le long de la route, celles du centre commercial, les camions qui étaient en phase d’accélération… Nous avons réaménagé une partie de route sur 400 mètres de linéaire et décidé de ralentir la circulation. Nous avons ainsi des « feux rouges récompense » : ils restent verts si vous respectez la vitesse mais passent au rouge si la vitesse est trop élevée.

Cette départementale, axe important pour les Gransois, qui va de Lançon jusqu’à la Croix de Callamand, voit transiter beaucoup de poids lourds. Ces aménagements visent aussi à amener leurs conducteurs à procéder à d’autres choix lorsqu’ils quittent l’autoroute.

Quels projets devrait-on voir émerger à Grans dans les prochains mois ?

Une salle multi-activités ! Elle regroupera un centre aéré, actuellement dans l’école, qui y sera transféré, et une salle des fêtes, plus vaste, pour remplacer l’existante, confrontée à des problèmes de parking, de relations avec les riverains. Elle disposera d’un espace scénique et de 450 places en gradins. Enfin, il y aura une place pour les associations, le Conservatoire, les associations culturelles.

Elle s’étendra sur 2 200 m2 pour un coût de 10 M€. L’objectif est de l’ouvrir en 2024. Nous avons beaucoup concerté avec les associations pour entendre leurs besoins. Trois architectes ont été choisis pour réaliser des esquisses. Nous attendons leurs propositions.

La salle des fêtes, confrontée à des problématiques de stationnement, sera prochainement transférée au sein d’une salle « multi-activités ». (Crédit : J.-C. Barla)

Nous travaillons aussi sur la question des voies cyclables. Nous acquérons des terrains pour aménager les abords de la Touloubre afin de rejoindre le village à vélo, sans avoir à emprunter la départementale. Les déplacements doux seront donc développés d’ici la fin du mandat ou le début du prochain. Nous avons déjà une navette électrique qui est bien utilisée, par près de 20 000 Gransois. Là aussi, l’objectif est de diminuer la circulation et le stationnement dans le centre du village.

Qu’en est-il du projet de conservatoire verger ?

On va planter sur deux hectares 250 arbres fruitiers, plus de 500 arbustes forestiers afin de créer un conservatoire de vergers avec le conseil départemental, le Conservatoire méditerranéen partagé et l’ONF (Office national des forêts)… Nous achetons des parcelles dans la colline en plus des huit hectares d’oliveraies. Nous y organisons des activités pédagogiques avec les enfants… Sa réalisation débutera en février avec les plantations.

Comment percevez-vous le dossier du futur hôpital du pays salonais ?

Grans a versé 45 000 € pour l’achat du terrain nécessaire à sa réalisation. Ce projet sort parce que tous les maires ont eu la volonté d’aboutir. Cet engagement collectif a aidé à convaincre l’Etat.

Nous retrouvons cet accord sur le dossier de la liaison Fos-Salon, qui traîne depuis des décennies. Des élus en phase, c’est primordial pour convaincre les habitants.

La restructuration complète du carrefour suite à l’implantation d’un magasin U a permis de sécuriser les passages de véhicules mais des poids lourds y transitent encore. (Crédit : J.-C. Barla)

Qu’en est-il des problématiques énergétiques ?

On a fait du photovoltaïque sur les bâtiments communaux, on lance un appel à projets pour le toit de l’espace culturel Robert Hossein et à Clésud, dans le PLU, les nouveaux bâtiments intègreront du solaire. Grans est une commune à énergie positive, avec toute la production réalisée sur son territoire.

Nous avons passé tout l’éclairage en LED pour limiter l’impact. Nous avons attaqué aussi la maîtrise de l’éclairage pour baisser son intensité à distance. De 23 h à 6 h du matin, nous passerons à 30 % d’intensité. Les habitants ne s’en aperçoivent pas et la mesure génère des économies [sur les sept premiers mois de l’année 2022, la facture d’électricité à Grans affiche une hausse de 58 %, soit 120 843 €, NDLR]. Ce sera opérationnel pour la fin de l’année. Et parallèlement, nous avons réuni nos concitoyens pour leur présenter les actions susceptibles de réduire la consommation de leurs logements.

En conclusion, quel regard portez-vous sur votre retour à la politique dans la pratique ?

On est passé d’une réflexion très « ma commune » à une réflexion beaucoup plus large. L’exigence s’est élevée chez les administrés dans la réactivité réclamée aux élus et aux communes. Il faut plus de pédagogie aujourd’hui pour exposer les contraintes et les temporalités des projets alors que tout le monde les veut pour tout de suite ! Mais je suis heureux d’avoir renoué avec la vie politique à Grans !

Quelques projets-clés

Les travaux de l’aile ouest de la mairie ont commencé pour offrir un meilleur cadre d’accueil et de travail à différents services municipaux (CCAS, jeunesse, urbanisme…). (Crédit : J.-C. Barla)

L’hôtel de ville a été construit à la fin du XIXe siècle. Le chantier combine extension et rénovations : salle d’honneur de 150 m2, parvis, entrée, accueil, accessibilité… Le Centre communal d’action sociale (CCAS), les services d’urbanisme et enfance/jeunesse y seront hébergés et redéployés. Entre bâtiment et parvis, le projet représente 2,28 M€ d’investissement, avec l’appui à 45 % du Département. Il devrait être livré en 2024. Les architectes sont Laurent Duport et Michel Matival.

La Médiathèque Max-Philippe Delavouët va s’installer dans un bâtiment rénové. Accessibilité, espaces intérieurs, façades, toitures… sont réaménagés sous la houlette des architectes Philippe Donjerkovic et Stéphanie Coët. Elle comprendra 150 m2 par niveau. Deux seront réservés aux visiteurs, le dernier étage au service administratif et à une salle d’action culturelle pour des conférences, des cafés-philo, des lectures, des rencontres d’auteurs… Le coût de l’opération s’élève à 1,78 M€pour une mise en service à l’automne 2023. Département (45 %) et Métropole (25 %) contribuent à son financement.

Le verger conservatoire s’étendra sur deux hectares dans le massif forestier de Camprouiès. Un forage a été réalisé à 70 mètres de profondeur pour l’alimenter en eau par goutte à goutte. L’Office national des forêts (ONF), chargé de planter 250 arbres fruitiers et 560 arbustes forestiers, en assurera l’entretien. Le coût du projet s’élève à 70 000 €, avec une participation de 60 % du Département et 10 000 € du Conservatoire méditerranéen partagé. Distrimag, logisticien de Maisons du Monde, en est le mécène.

La salle multi-activités en est au stade d’étude pour un montant de 600 000 € HT, abondé pour moitié par le Département.

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