TPBM : Quels sont les enjeux pour le barreau des Alpes-de-Haute-Provence et quel est votre objectif pour ce mandat ?
Pascal Antiq : Les enjeux de notre barreau, qui compte cinquante avocats, sont les mêmes que partout ailleurs en France. Nous avons les mêmes préoccupations : le manque d'effectif, les réformes qui ne vont pas toujours dans le bons sens. Mon objectif est de remettre l'avocat au cœur du système, avec un réel esprit de reconquête. Nous sommes un maillon indispensable de la justice. Nous devons retrouver de l'estime de soi, ce sera mon leitmotiv. Je serai un bâtonnier combatif. Dans le département des Alpes-de-Haute-Provence, le justiciable peut trouver un avocat spécialisé dans tous les domaines, divorce, fiscalité, cautionnement, il est important de le rappeler.
La publicité et le numérique comptent parmi les défis que doit relever la profession. Qu'en pensez-vous ?
Nous ne sommes pas des vendeurs de lessives, nous ne pouvons pas faire n'importe quoi. Je pense que tout cela doit être clairement encadré. Notre métier connaît des bouleversements, c'est évident. Nous sommes capables de prendre ce tournant, nous l'avons d'ailleurs en partie pris. Pour le numérique, nous disposons du système Réseau privé virtuel des avocats (RPVA) dont chaque avocat est aujourd'hui équipé. Ce dispositif permet de transmettre numériquement des documents évitant ainsi de nombreux déplacements devenus inutiles pour certaines procédures. Pour autant, si je ne souhaite pas revenir à la machine à écrire, je pense que nous devons faire attention à ce que la justice de demain ne devienne pas totalement virtuelle. Le débat judiciaire implique de se parler, de se rencontrer réellement.
Sont-ils, selon vous, les vrais enjeux pour la profession ?
A mon sens, la publicité et le numérique sont des défis, mais les vrais enjeux pour la profession sont différents. Nous avons un métier dont les contraintes et les charges croissent de façon exponentielle et selon moi, les principaux enjeux sont de faire les bonnes réformes. Or, à mes yeux, les réformes de la chancellerie ne vont pas dans le sens du justiciable. Aujourd'hui, nous avons le sentiment que l'unique objectif est la gestion du flux des dossiers, que les réformes sont faites pour gérer les problèmes de ressources humaines et la misère financière de la justice. Concernant la réforme du divorce par consentement mutuel par exemple, la nouvelle procédure ne va pas plus vite, elle permet seulement le désengorgement des tribunaux. Ce que je regrette, ce sont les coupes au rabot et la vision uniquement budgétaire. Le recours aux juristes n'est pas toujours une solution. L'avocat doit apporter une plus-value. Autre exemple, prenons la réforme dite « Dati » concernant les dossiers criminels : depuis sa mise application, nous avons perdu, dans les Alpes-de-Haute-Provence, les dossiers pénalistes au profit d'Aix-en-Provence, c'est une perte importante pour nombre d'avocats de notre territoire. Autre exemple, dans le cadre de la réforme de la postulation des avocats, nous comprenons la concurrence mais avons parfois le sentiment que les compétences qui sont sur le territoire sont oubliées. Il faut évidemment que les choses évoluent mais pas dans n'importe quel sens.