Le spectre des dépôts sauvages et des décharges illégales mais aussi de chantiers à l'arrêt, faute de possibilité d'évacuer les déchets... C'est la lourde menace qui plane actuellement sur le BTP dans le Var et les Alpes-Maritimes. Dans ces deux départements, les centres de tri et les collecteurs de déchets de chantier ont en effet atteint le plafond maximum des déchets non dangereux et non inertes (ils sont issus principalement du bâtiment) destinés, après traitement, à l'enfouissement dans des sites de stockage ultimes. Le Var (depuis la fermeture des décharges du Balançan et de Roumagueyrol) et les Alpes-Maritimes ne possédant pas de tels sites, les opérateurs doivent les « exporter », principalement dans les Bouches-du-Rhône. Mais cette fraction de déchets, pour lesquels un exutoire doit donc être trouvé à l'extérieur des départements « producteurs », est contingentée chaque année par les pouvoirs publics. Et ces volumes maximum, qui ont tendance à se réduire pour inciter au recyclage, viennent déjà d'être dépassés pour l'année 2019...
Situation inédite
« Nous avions eu une première alerte en fin d'année dernière. Là, plusieurs collecteurs viennent de nous prévenir : ils ne sont plus en mesurer d'évacuer les déchets de chantiers hors du Var depuis le 31 juillet et pour les Alpes-Maritimes, le couperet tombera le 15 août. C'est une situation inédite et extrêmement préoccupante pour la filière », explique Patrick Moulard, en charge de la commission environnement et construction durable à la Fédération régionale du bâtiment PACA.
Si les conséquences sont limitées en cette période estivale avec la pause des chantiers, c'est surtout la période de rentrée avec le redémarrage de l'activité — plutôt porteuse actuellement — qui inquiète la filière. Comment en effet ne pas s'attendre à des dysfonctionnements graves dès lors que les déchets pourraient s'accumuler au pied des bâtiments en construction ? « Nous nous sommes réunis récemment avec l'ensemble des partenaires, nous avons alerté la Région en charge du Plan régional de prévention et de gestion des déchets ainsi que la Préfecture. Mais pour l'heure, la situation reste bloquée », poursuit Patrick Moulard.
Recherche de solutions transitoires
Les entrepreneurs craignent devoir recourir à des solutions comme le transport de ces déchets dans d'autres régions, ce qui pèserait fortement sur le coût des chantiers. A court terme, ils attendent un assouplissement des quotas, pour éviter le blocage. Pour le futur, la question du renforcement des solutions locales de collecte, de tri, de valorisation et de stockage reste entière.
Pour accroître le maillage territorial, il faut permettre l'implantation de nouvelles installations mais les autorisations sont délivrées au compte-gouttes et les collectivités n'allouent pas facilement du foncier à ce type d'activité... L'inquiétude porte également sur la recrudescence des dépôts sauvages et des décharges illégales, de la part de professionnels peu scrupuleux. Après les scandales et les pratiques mises à jour ces dernières années, les fédérations ont décidé de réagir. « Comme pour le travail illégal, nous allons désormais nous porter partie civile, dès lors que des procédures judiciaires seront engagées à l'encontre de telles pratiques. C'est la préservation de l'environnement qui est en jeu ainsi que l'image de notre secteur » explique Cyril Bolliet, secrétaire général de la Fédération du BTP du Var.