« La création d'un réseau thermique pouvant approvisionner un potentiel de 500 000 m² de bâtiments à partir de la récupération des calories des eaux traitées d'une station d'épuration sera une première », annonce Serge Burtin, le directeur général de Dalkia Méditerranée. A Nice, pour couvrir les besoins en chaud et froid de la ZAC du Grand Arénas en cours d'aménagement, la filiale du groupe EDF est en train de finaliser avec la métropole Nice Côte d'Azur la création de ce réseau dont les travaux devraient démarrer en fin d'année. Sa commercialisation est également en cours.
Comme la thalassothermie (l'énergie thermique de la mer), ce réseau va fonctionner à partir d'un échangeur à la sortie des eaux traitées de la station Haliotis (650 000 E/H) et d'une boucle d'eau tempérée qui alimentera des pompes à chaleur dans les immeubles. Sauf que les calories obtenue à partir de la boucle d'eaux traitées proviendront d'une énergie de récupération. Jusqu'à présent, ce type de réseau a été développé pour alimenter des équipements publics isolés ou des îlots urbains, comme à Roquebrune-Cap-Martin (l'écoquartier Cap Azur) ou à Antibes, avec la future ZAC Marenda Lacan. Mais jamais à l'échelle d'un quartier de ville. « Pour créer un tel réseau, il faut disposer d'une très importante quantité d'eau à température stable, ce qui est le cas avec les eaux traitées d'Haliotis, avant leur rejet en mer », détaille Serge Burtin.
Un investissement de 25 millions d'euros
L'autre spécificité de ce projet est qu'il va s'agir d'un réseau d'initiative privée, réalisé à partir d'une proposition de l'opérateur à la collectivité. Il s'est traduit seulement par la signature de conventions d'occupations temporaires du domaine public maritime et routier. Un cadre qui fait supporter à l'opérateur le financement d'une opération très capitalistique et les risques afférents à sa mise en œuvre. L'investissement est en effet évalué, en première phase, à 25 millions d'euros et entre autres contraintes, il faudra franchir en souterrain la Promenade des Anglais pour installer le réseau. « La pertinence de cet équipement, qui sera aux deux tiers axé sur la production de froid compte tenu des exigences climatiques locales, a été reconnue par l'Ademe qui va apporter une subvention de 5 millions d'euros, via le fonds chaleur », précise Serge Burtin. L'énergie de récupération va fournir 75% des besoins du réseau (le reste sera fourni par les pompes à chaleur) pour une production de 40 000 MWh par an de chaud et froid.
Les premiers bâtiments desservis, fin 2020 (réseau opérationnel) sont ceux qui sont en train de sortir de terre comme le projet « Unity » du groupe Nacarat dont EDF Optimal Solutions est le partenaire énergéticien. D'autres bâtiments neufs devraient se raccorder au fur à mesure de leur livraison. Mais l'opérateur vise aussi l'alimentation de bâtiments existants comme le « 400 Promenade des Anglais », le Nice Plaza, etc. Des équipements publics vont aussi se connecter comme le Parc Phoenix, le lycée hôtelier et des discussions sont en cours avec l'aéroport pour desservir le terminal 1.
Pour les usagers et la collectivité, le principal atout de ce réseau est qu'il va offrir une énergie bas carbone, à prix compétitif et surtout stable dans la durée. Et il va également augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique local.