Six sur dix-huit... Moins de six mois après la pose d'un premier caisson, Bouygues TP et ses sous-traitants en charge de la partie infrastructure de l'extension en mer de Monaco ont installé, le 12 février, le sixième caisson formant la ceinture du futur terre-plein. Un tiers de l'ouvrage, d'est en ouest, est déjà en place dont le futur caisson « piscine », à l'entrée de l'écoquartier, côté mer...
Et si tout se passe bien, la pose de ces mastodontes de béton armé (28 mètres de côté, 27 mètres de haut, 10 000 tonnes puis 22 000 tonnes, une fois ballastés), fabriqués dans le caissonnier « Marco Polo » dans le port de Marseille et remorqués en trois jours jusqu'à Monaco, sera achevée l'été prochain. « Nous sommes dans les délais. Une fois l'ensemble des caissons posés, nous fermerons provisoirement le site et déverserons 600 000 m3 de sable puisés au large de la Sicile pour former un remblai hydraulique. Après décantation, l'eau sera pompée par la drague ayant servi à acheminer le sable », détaille Christophe Hirsinger, le patron du groupement Bouygues TP.
Travaux en 3x8, sept jours sur sept
Cette phase de travaux est prévue à l'automne et le terre-plein sera prêt en fin d'année. Une fois compactée et stabilisée, cette plateforme de 6 ha gagnée sur la mer pourra recevoir les premiers aménagements de l'écoquartier de l'Anse du Portier (60 000 m²) courant 2020. Soit près de trois ans après le début de ces travaux maritimes exceptionnels.
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Au total, l'extension en mer de Monaco mobilise actuellement environ 1000 personnes : 700 à Marseille pour équiper les caissons qui n'ont pas encore été remorqués (leur fabrication s'est achevée en décembre et leur acheminement se fait au rythme de un à deux par mois, dans des conditions météo très strictes), 300 à Monaco pour les travaux de l'infrastructure dont une cinquantaine de plongeurs. Ces travaux sont une course de vitesse avec des équipes travaillant en 3x8, sept jours sur sept.
Débutée en septembre dernier, la pose des caissons sur la « colline » sous marine, réalisée avec l'apport de 1,5 million de tonnes de granulats qui leur sert d'assise, est une opération de grande précision. Une journée est nécessaire dès l'arrivée du caisson pour le positionner au moyen de deux navires sur sa zone, à l'aide de treuils hydrauliques et d'un monitoring topographique. Une fois parfaitement en place, l'eau qui a servi à le ballaster est remplacée par du sable et le caisson émerge de 6/7 m avec sa chambre jarlan qui sert à atténuer la houle.
La mise en place des caissons se fait au moyen de remorqueurs (Crédit : Sam L'Anse du portier)
Des normes draconiennes
« La particularité de cet ouvrage est que les dix-huit caissons ne sont pas solidaires entre eux mais conservent une flexibilité pour réagir de manière indépendante en cas de séisme. Nous appliquons sur ce projet les normes parasismiques internationales les plus contraignantes en matière d'ouvrage maritime », précise Christophe Hirsinger. Au final, les caissons sont simplement liaisonnés par des clés métalliques et jointoyés.
Pour le futur quartier, les constructions seront également désolidarisées de la plateforme et reposeront sur des pieux ancrés dans le sous-sol marin. « Une fois achevée cette plateforme gagnée sur la mer sera une référence de par la profondeur des fonds marins où elle prend place - jusqu'à -50 mètres - et l'ensemble des mesures environnementales prises pour maîtriser l'impact des travaux pendant tout le chantier », analyse Christophe Hirsinger. C'est une des particularités majeures de ce projet à deux milliards d'euros dont le financement, pour l'infrastructure, est assuré par des personnes privées, au travers de la Sam de l'Anse du Portier, maître d'ouvrage. Un maître d'ouvrage qui a confié à Bouygues TP un marché de plus de 700 millions d'euros.