TPBM : Vous abordez votre quatrième mandat à la mairie d'Aix dans un contexte d'incertitude lié à la crise sanitaire. Quelle est votre feuille de route ?
Maryse Joissains : La priorité numéro un est le maintien de nos investissements afin de continuer à donner du travail à nos entreprises malmenées par la crise sanitaire pour qu'elles puissent garantir les emplois sur le territoire. Si l'on veut mettre en œuvre nos projets structurants, on a besoin que nos entreprises soient irriguées financièrement. Comme nous le faisons depuis deux décennies, plus d'un quart du prochain budget de la Ville sera consacré aux dépenses d'équipement et d'aménagement, soit une somme comprise entre 50 et 60 millions d'euros sur un budget global de 200 millions d'euros. Il faut ajouter l'argent qui sera injecté sur le territoire du pays d'Aix, un engagement beaucoup plus important que j'espère mobiliser avec la nouvelle politique qui va être menée à la Métropole Aix-Marseille Provence (AMP), celle d'une métropole de projets que je réclame depuis longtemps ! Une institution recentrée autour de cinq compétences stratégiques, les transports, l'économie, l'environnement, l'université, etc. le couple territoire-communes s'occupant de la proximité, l'Etat restant dans un rôle d'arbitre avec des financements décidés au niveau national et non pas à l'échelon local où il ne nous reste que la portion congrue. Quand les dotations sont déterminées au plus haut niveau, c'est un gage d'objectivité.
Carte : Esther Griffe
A l'échelon métropolitain se pose la question des moyens. Avec la crise sanitaire, les ressources fiscales des collectivités devraient baisser. Comment trouver des marges de manœuvre ?
La Métropole ne pourrait plus irriguer les communes et les territoires comme elle l'a fait jusqu'à présent. A cause de sa dette importante, elle n'a plus de marges pour emprunter. Cette pression justifie le retour à une institution recentrée sur des projets stratégiques qui ira demander à l'Etat le soutien qu'il doit à la deuxième ville du pays. Marseille n'est pas soutenue comme Paris. Il n'est pas normal que l'Etat absorbe tous les déficits de la capitale sans faire de même pour Marseille ! Il faudrait que l'on puisse lisser l'emprunt sur une très longue durée, 30 à 40 ans.
Avec Martine Vassal (LR) et Michèle Rubirola (Printemps marseillais), nous devrons également aller à Bruxelles pour dégoter des financements européens. Cette mobilisation est cruciale car la remise à niveau de Marseille implique des engagements financiers énormes : 10 milliards d'euros ne suffiront pas. Et les territoires n'ont évidemment pas les moyens de régler la facture ! Gérard Bramoullé [premier adjoint au maire d'Aix également premier vice-président d'AMP en charge de la stratégie financière de la Métropole, NDLR] sera en pointe sur ce dossier.
La majorité des dirigeants d'entreprise, Philippe Korcia le président de l'UPE 13 en tête, sont farouchement opposés au schéma d'une métropole de projets. Que leur répondez-vous ?
Ils se trompent de combat. La métropole de projets que j'appelle de mes vœux redonnerait des capacités d'investissement aux communes et aux territoires. Alors que la Métropole actuelle, qui a récupéré quasiment toutes les compétences de proximité, nous prive de marges de manœuvre. Les entreprises subissent cette paralysie. Les dossiers sont englués dans l'administration. Et on pâtit du manque de moyens… Encore une fois, les patrons auraient tout à gagner à voir la Métropole se consacrer à quelques grands projets stratégiques et urgents.