Vieux d'au moins 2 600 ans, le site archéologique du port antique de la cité phocéenne, le Jardin des vestiges, contigu au centre commercial Bourse, au centre-ville de Marseille, a retrouvé de l'éclat sans perdre de sa patine. Rouvert au public à l'occasion des dernières journées du patrimoine après un an de travaux conduits par l'architecte marseillais Corrado de Giuli Morghen, un spécialiste, l'endroit offre enfin une entrée digne de ce nom au musée de l'Histoire de Marseille qui le ceinture. Inauguré ce jeudi 26 septembre en présence de Sébastien Lecornu, ministre chargé des collectivités territoriales, il en est devenu « la première pièce et premier espace d'exposition en plein air », souligne l'architecte.
« La nouvelle scénographie, explique encore ce dernier, permet de présenter des éléments en plus comme la terrasse funéraire et ses fameux triglyphes datant de 600 ans avant J.-C., la seule qu'on connaisse en Méditerranée. Sa restauration a même révélé un troisième côté, permettant de mieux comprendre la disposition de cet ouvrage cinéraire et de sacrifices rituels, plus ancien vestige de Marseille conservé in situ. »
Restauration et transmission
Autre vestige vedette remis en valeur, le premier qui fut découvert (en 1913) et classé (monument historique, en 1916), les restes du rempart hellénistique dit mur de Crinas ! « Il avait été découvert dans une cave car il faut bien comprendre que le sol de la ville contemporaine est aujourd'hui plus haut de deux mètres qu'à l'époque grecque », poursuit le maître d'œuvre.
Soigneusement nettoyé, celui-ci a même été protégé au pied par un système de drainage. « La restauration est avant tout un exercice de transmission : transmettre la matière, la conserver et si possible la consolider pour la faire perdurer davantage, mais transmettre aussi la forme, et pour cela combler les lacunes, les manques, et enfin transmettre la compréhension du site », ajoute Corrado de Giuli Morghen.
Certes, la maquette en bronze des lieux exposée dès l'entrée rétablissant la voie antique et la porte principale de la cité d'alors, aide dans cette lecture, ainsi que différents pupitres, mais grâce aux plantations, aux matériaux contemporains ajoutés ou encore à « des astuces techniques » propres au genre, comme le précise également l'architecte, l'évocation est telle qu'il suffit, pour se laisser embarquer, juste d'un peu d'imagination pour remplacer le vert du gazon du port romain par le bleu de la calanque naturelle où il avait été aménagé à la fin du premier siècle de notre ère…
Incrusté sur le quai, le niveau de la mer en témoigne encore.