AccueilBTPMarseille : Le « caissonnier » entre en action

Marseille : Le « caissonnier » entre en action

Sur le port de Marseille où son drôle d'engin est amarré, Bouygues Travaux publics commence la production des 18 gigantesques caissons en béton armé de presque 30 m de haut destinés à l'extension en mer de Monaco. Reportage.
L'immense caissonnier fabriqué en Pologne est amarré au poste 123 de la digue du large.
J. P. Pierrat - L'immense caissonnier fabriqué en Pologne est amarré au poste 123 de la digue du large.

BTPBouches-du-Rhône Publié le ,

Pour découvrir sur la digue du large du Grand port maritime de Marseille (GPMM), le chantier exceptionnel confié à la branche travaux publics du constructeur Bouygues, il faut non seulement montrer patte blanche, mais disposer également des EPI (Equipements de protection individuelle) au complet, à savoir « chaussures de sécurité montantes, casque, veste réflective, gants, bouchons d'oreille et lunettes de sécurité ». Pour ce major du BTP, c'est primordial. On ne badine pas avec ça, rappelle à raison Eric Cheype, directeur du chantier, trente-deux ans d'ancienneté dans l'entreprise. Equipé donc en bonne et due forme, la visite peut commencer…

S'il a mis 14 jours pour rejoindre la cité phocéenne par la voie maritime à partir de la mer baltique et du nord de la Pologne où il a été fabriqué, aux chantiers navals Crist de Gdynia, le Marco Polo, amarré depuis le 21 août dernier au poste 123 de la digue du large, n'est pas vraiment un navire. Lui-même transporté jusqu'ici sur une barge submersible (appelée « dry tow »), cet immense dock flottant d'un coût de 21 M€ et aux dimensions très imposantes puisqu'il mesure 56 m de long, 50 de large, et s'élève à 27 m de hauteur, soit l'équivalent de neuf étages, est en réalité un « caissonnier ».

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Unique en France, il a été spécialement conçu et construit pour préfabriquer les 18 caissons en béton armé de 10 000 tonnes chacun et pour certains de 27 m de haut également, qui serviront de ceinture au remblai de la future extension monégasque. La principauté doit s'agrandir ainsi de six hectares. En attendant, un chantier colossal de 145 M€* commence à Marseille pour mener à bien ce projet pharaonique chiffré à 2 milliards d'euros.

Des chiffres records pour un chantier exceptionnel

« Quatre cents personnes** y travailleront. Le chantier fonctionnera 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Les délais sont courts », explique Eric Cheype.

« Nous avons dix-huit mois pour réaliser les 18 caissons ainsi que les jarlans (poteaux) destinés à les habiller pour l'effet brise-vague et afin de rendre plus esthétique le socle de l'extension. Pas moins de 65 000 m3 de béton*** à ferrailler et à couler ! En ce qui concerne la partie marseillaise, ajoute-t-il, car le chantier est mené parallèlement à Monaco, il nous faut également acheminer les 2,5 millions de tonnes d'agrégats pour remblayer l'ouvrage sur place, en deux phases et sur 30 mètres d'épaisseur. Ces cailloux seront extraits, passés au crible et lavés dans deux sites différents. L'un, la carrière Jean Lefebvre à Châteauneuf-les-Martigues, dans les Bouches-du-Rhône, d'où ils seront expédiés via le port de Fos-sur-Mer ; l'autre dans le Var, la carrière Someca, au Revest, près de Toulon, et dans ce cas, les matériaux de remblaiement passeront par celui de La Seyne-sur-Mer. »

Gigantesque, la tâche réclame une organisation particulièrement huilée. Au GPMM, l'entreprise s'est installée à deux endroits et dispose d'une zone de stockage pour au moins cinq caissons à la fois. Au total, l'entreprise occupe près de 22 000 m2 de terre-pleins et 80 000 m2 de plan d'eau. Sur la base-vie, implantée à proximité de la forme 10 où ont été effectués les premiers tests du coffrage glissant et de la réalisation des jarlans, il règne au sein des bureaux, où ingénieurs et techniciens s'affairent, une atmosphère de Cap Canaveral à la veille d'un lancement.

Compte-à-rebours

« Les compagnons sont très motivés et impatients de rentrer dans le vif du sujet », souligne Eric Cheype à la veille de lancer le coulage du premier caisson début octobre. En cours, l'opération doit durer une vingtaine de jours. « C'est un chantier exceptionnel à tous les niveaux, poursuit-il, qui a demandé auparavant de longs mois de préparation technique et administrative, qui fait travailler de nombreuses entreprises locales et qui touche également au domaine maritime. Aussi le Marco Polo est-il doté d'un équipage d'une vingtaine de personnes avec un capitaine de barge spécialement recruté puisque nous opérons dans un chenal où circulent des navires et sur lequel on ne peut pas empiéter. »

Démarrée en mai 2016, l'odyssée phocéenne de l'extension monégasque est programmée pour se terminer fin février 2019. En principauté, la construction proprement dite du nouveau écoquartier gagné sur les eaux, quant à elle, ne débutera pas avant le second semestre 2020.

* Le marché signé par Bouygues TP, chef de file du groupement en charge de la réalisation de l'extension, s'élève à 800 M€.
** 700 emplois générés au total.
*** Fournis par deux centrales à béton de Cemex et Lafarge basées elles aussi dans l'enceinte du port maritime.

Comment ça marche ?

Sans vouloir rentrer dans les détails, la production d'un caisson en béton armé dans le caissonnier repose « sur le principe de la poussée d'Archimède », résume Eric Cheype. Le coffrage glissant utilisé pour le couler sur le radier s'élève à la vitesse de croisière de 12 cm par heure et lorsque les dix premiers mètres de voile béton auront été réalisés, le pont inférieur du Marco Polo sera progressivement immergé et avec lui le caisson afin d'en terminer ensuite la construction en hauteur. Puis, le caisson achevé sera mis en flottaison et remorqué à côté sur le deuxième site de production où il sera équipé en particulier de jarlans, avant d'être stocké dans la zone prévue à cet effet bassin Léon-Gourret, dans l'attente de son acheminement par mer jusqu'à Monaco.

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