AccueilTerritoiresMarseille : Julien Denormandie juge « la situation très préoccupante »

Marseille : Julien Denormandie juge « la situation très préoccupante »

Pour la troisième fois depuis le drame du 5 novembre, Julien Denormandie était en visite à Marseille ces 21 et 22 janvier. Préoccupé par la vague d'évacuations sans précédent, le ministre du Logement maintient la pression sur les collectivités. Pour faire face à l'urgence, il mobilise des crédits exceptionnels de l'ANAH et de l'ANRU.
Le ministre du Logement Julien Denormandie était à Marseille les 21 et 22 janvier.
W. Allaire - Le ministre du Logement Julien Denormandie était à Marseille les 21 et 22 janvier.

TerritoiresBouches-du-Rhône Publié le ,

L'Etat au chevet de Marseille... Suite. Comme il s'y était engagé fin novembre, le ministre du Logement Julien Denormandie est revenu pour la troisième fois en trois mois dans la deuxième ville du pays. Au programme de cette visite : un suivi du plan d'urgence mis en place par le gouvernement et les collectivités pour tenter de répondre à la crise ouverte par l'effondrement des immeubles de la rue d'Aubagne. Depuis ce drame qui a fait 8 morts, la politique de l'autruche qui prévalait jusque-là a cédé la place à la psychose : depuis le 5 novembre, 230 immeubles frappés d'un arrêté de péril grave et imminent ont été évacués à travers toute la ville au nom du principe de précaution.


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Au total, près de 2.000 personnes ont été évacuées de leurs domiciles, dans le secteur de la rue d'Aubagne, au cœur du Marseille populaire, et dans le reste de la ville, la plupart (70%) étant hébergées aux frais de la municipalité. Selon le maire (LR) Jean-Claude Gaudin, la facture de ce relogement pour la ville se chiffre à 13 millions d'euros, un montant qui ne cesse de croître au fil des évacuations.

1 400 personnes en attente d'un relogement

Car le retour à domicile n'est guère aisé : seulement 400 personnes ont pu regagner leur appartement. « La situation reste aujourd'hui très préoccupante. Près de 1 400 personnes sont encore dans l'attente d'une réponse, que ce soit pour réintégrer leur logement ou être relogées ailleurs », a reconnu le ministre du Logement, lors d'un point presse en préfecture ce 22 janvier. Alors que le nombre de signalements a explosé, les experts du CSTB* sont à pied d'oeuvre pour évaluer la dangerosité des désordres. « Ce sont des processus parfois longs, nous devons tout faire pour les accélérer et apporter ensuite aux personnes concernées la réponse sur la situation de leur immeuble », a lancé Julien Denormandie. Mais la prudence reste de mise. « Pour d'autres familles, ces expertises vont conduire à des prises d'arrêtés de péril et à la réalisation de travaux, que je suis avec attention ».


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Malgré la mobilisation générale des bailleurs sociaux (qui ont mis à disposition un volant de 340 logements) dont le ministre a salué l'engagement et la MOUS (maîtrise d'oeuvre urbaine et sociale) confiée à l'association Soliha, les offres de relogement ne trouvent pas toutes preneurs. « Si plus de 200 propositions de relogement ont ainsi été faites au cours des dernières semaines, seulement 80 ont été acceptées à ce stade et 60 refusées », a précisé le membre du gouvernement. Un constat qui l'incite à plaider pour « formuler des propositions plus en phase avec les besoins des sinistrés ».

75 logements haussmanniens mobilisés

Pour étoffer l'offre, l'Etat a sollicité les foncières propriétaires d'une partie du patrimoine immobilier de la rue de la République. Primonial et Covivio ont ainsi accepté de mobiliser un premier volant de 75 logements en cours de commercialisation. Ces appartements haussmanniens restaurés seront destinés au relogement temporaire ou pérenne des ménages évacués. « Et des dizaines d'autres suivront dans les prochains mois, qui font actuellement l'objet de travaux », a affirmé le ministre.

Au-delà de l'urgence du relogement, Julien Denormandie a détaillé l'arsenal de lutte contre l'habitat dégradé dans le grand centre-ville. Après les premiers diagnostics menés dans les périmètre de la rue d'Aubagne, « l'Etat lancera, en lien avec les collectivités, une seconde phase d'étude visant à cartographier précisément les îlots à enjeux et identifier d'éventuels autres situations de bâtiments dégradés ».

Et pour répondre à l'urgence, les grandes agences nationales sont appelées à la rescousse. Dès le début février, la convention passée entre la ville, l'Etat et l'agence nationale de l'habitat (ANAH) permettra à cette dernière de financer 100% des travaux d'urgence de réhabilitation d'une centaine de bâtiments prioritaires dans les trois ans qui viennent. L'ANAH financera également « des études approfondies pour définir les quartiers prioritaires qui pourront bénéficier de cette aide à plus long terme », a indiqué le ministre.

L'ANRU débloque 50 M€

L'agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) va elle-aussi entrer en scène. Alors que les dossiers que la ville souhaite inscrire au nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU) en sont encore au stade de la préfiguration, Julien Denormandie presse les collectivités de hâter le pas « afin que les projets soient définis au plus tard d'ici la fin de l'année 2019 ». D'ici là, il a demandé à l'ANRU de déroger à sa mécanique administrative en engageant des chantiers sans attendre la signature des conventions. « Dès le 6 février, un comité d'engagement de l'agence examinera les sollicitations d'opérations anticipées qui ont été présentées cette semaine par la ville et la métropole Aix-Marseille-Provence », a annoncé le ministre. L'Anru débloquera une enveloppe de crédits de 50 millions d'euros pour lancer les opérations prêtes à démarrer.

Avec l'apport des collectivités et des bailleurs, ce sont au total près de 200 millions qui seront injectés dès ces prochains mois dans plusieurs grandes opérations de démolition-reconstruction de grandes copropriétés dégradées des quartiers nord : le parc Kallisté et le parc Corot. Dans la première, deux bâtiments sont concernés : le « B » (119 logements) qui sera rasé d'ici cet été et le « H » (132 logements) vacant depuis février 2018 dont le concessionnaire du plan de sauvegarde, la Société d'économie mixte Marseille Habitat, a lancé les procédures d'expropriations des marchands de sommeil. Au parc Corot, deux bâtiments vivent leurs dernières heures : le « A » et le « C », deux petites barres (166 logements) évacuées l'an dernier. Alors que la trentaine de locataires titulaires d'un bail a été relogée, la métropole doit désormais désigner un aménageur qui aura pour première mission de s'arroger la maîtrise foncière des logements. Une mission compliquée qui passera par des expropriations avant de pouvoir lancer les travaux de démolition-reconstruction.

L'enveloppe de 200 millions permettra par ailleurs de lancer la réalisation de deux centres sociaux sur des dents creuses de l'hyper centre, rue d'Aubagne et rue Delacroix (1er).

PPA et SPLA-IN en préparation

Enfin, le ministre enjoint les collectivités de saisir les nouveaux outils inscrits dans la loi Elan. Alors que Martine Vassal, la présidente (LR) de la métropole compte formaliser sa feuille de route en matière de lutte contre l'habitat dégradé à l'issue des assises de l'habitat qui seront lancées le 1er février, Julien Denormandie espère que l'Etat, la ville et la métropole Aix-Marseille Provence seront en capacité d'arrêter d'ici le printemps « une stratégie d'intervention via un programme partenarial d'aménagement [PPA, ndlr] et de mettre en place une société publique locale d'aménagement d'intérêt national » (SPLA-IN). Deux instruments dont le ministre, le maire et la présidente d'AMP ont défini les contours dans un protocole de préfiguration paraphé le jour même.

* Centre scientifique et technique du bâtiment

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