Deux-cent-dix-sept millions d'euros : c'est le budget inscrit par l'Etat, les collectivités (Métropole Aix-Marseille-Provence, conseil départemental des Bouches-du-Rhône et Ville de Marseille), les grandes agences publiques (Agence nationale de l'habitat : Anah, Agence nationale pour la rénovation urbaine : ANRU), l'établissement public foncier de Provence-Alpes-Côte d'Azur, l'ARHlm Paca-Corse et la Banque des Territoires dans les interventions en urgence du futur projet partenarial d'aménagement (PPA) marseillais. Le PPA prévoit également une enveloppe de deux millions d'euros par an pour les études sur les différents secteurs à enjeux du centre-ville.
Nouvel instrument issu de la Loi ELAN (Évolution du logement, de l'aménagement et du numérique), il va permettre d'agir sans attendre sur quatre îlots qui recouvrent des quartiers de l'hyper-centre dont le tissu bâti présente des signes de déshérence avancée : l'îlot Clovis Hugues-Belle de Mai (3e), l'îlot Noailles-Ventre (1er), l'îlot Noailles-Delacroix (1er) et l'îlot Hoche-Versailles (3e).
Autant de secteurs déjà inscrits depuis des lustres dans l'arsenal de la rénovation urbaine : après avoir été inclus dans un périmètre de restauration immobilière à la fin des années 1990, ils étaient depuis dix ans au coeur de la ZUS (zone urbaine sensible) Centre-Nord, théâtre d'une opération ANRU et figuraient parmi les 35 pôles de projet de l'opération de requalification du Grand centre-ville (1 000 ha) pilotée par la Soleam (Société locale d'équipement et d'aménagement de l'air métropolitaine) depuis 2011. Sans oublier la toute nouvelle aire de mise en valeur de l'architecture et du patrimoine (AVAP) dont le tracé englobe les quartiers centraux du XIXe siècle autour du Vieux-Port (1er, 2e, 4e, 5e, 6e, 7e).
1 000 ha de l'hyper-centre
Avec le PPA, l'Etat, la Ville et la Métropole comptent renforcer l'action régénératrice dont les carences ont été cruellement mises en lumière le 5 novembre dernier par le drame de la rue d'Aubagne (huit personnes sont mortes dans l'effondrement de deux immeubles). Le projet qui devrait être voté par la ville (ce 17 juin) et par la métropole (le 20 juin) reprend d'ailleurs le périmètre des 1 000 hectares de l'opération Grand centre ville (pour 200 000 habitants). « C'est à l'échelle du PPA qu'est élaborée la stratégie de développement du centre-ville, dans laquelle devront être ménagés les grands équilibres sociaux urbains, en s'articulant avec les objectifs thématiques », affirme la délibération municipale.
Cette stratégie s'articule autour d'idées fortes. Il s'agit tout d'abord de définir « un projet d'aménagement et de développement global, simultanément à toutes les échelles, agissant en rattrapage de situations dégradées et en expérimentation de nouvelles solutions ». Autres enjeux : « la requalification de l'habitat », « l'amélioration du cadre de vie » et « la revitalisation économique par la redynamisation de la fonction commerciale ». Enfin, le PPA entend développer l'accessibilité de l'hyper-centre via « un système de mobilité apaisé ».
Une « GOU » en préparation
Au-delà des objectifs qui étaient déjà inscrits en toile de fond de l'arsenal existant, le PPA permettra de mobiliser une gouvernance et des financements partagés entre les partenaires du projet. Dans un cadre partenarial renforcé associant tous les acteurs concernés : institutions, habitants, entreprises, associations...
Sur le plan opérationnel, il sera instauré, sur tout ou partie du périmètre du PPA, une ou plusieurs Grandes Opérations d'Urbanisme (GOU), autre nouvel outil d'aménagement issu de la loi ELAN dont les contours sont actuellement en discussion entre l'État et les collectivités. Ce dispositif dont Julien Denormandie avait annoncé la mise en place à Marseille fin novembre 2018 fera prochainement l'objet d'une délibération concordante de la Ville et de la Métropole.