Combat sans fin ? Alors qu’un nouveau drame survenu dans la cité des Flamants, est venu endeuiller Marseille, jetant une lumière crue sur l’ampleur du mal logement dans la deuxième ville du pays, le maire, Benoît Payan en appelle dans une lettre au Premier ministre, à la mise en place « dans les meilleurs délais d’États généraux sur la lutte contre les squats, les bidonvilles et l'habitat indigne ».
« Près de 15 000 personnes sont en situation de sans-abrisme. 41 000 demandes de logements sociaux sont en attente alors que 1 573 ménages étaient reconnus prioritaires par la commission Dalo à Marseille en 2020, pour un potentiel de 615 logements vacants dans le contingent préfectoral sur la ville », rappelle l’édile phocéen dans sa missive adressée à Jean Castex ce 26 juillet.
Enchevêtrement des compétences
« Les compétences et les rôles de chacun ne sont pas clairement identifiés : les enchevêtrements et la complexité conduisent à une forme d’inefficacité qui n’est pas à la hauteur de l’urgence de la situation. Seule une politique publique cohérente et opérationnelle peut permettre d’y répondre », insiste Benoît Payan.
Réunissant les services de l'État, les parlementaires, les collectivités locales, les bailleurs sociaux et les associations, ces Etats généraux auront pour objectif « d'établir un diagnostic partagé de la situation, d'élaborer un plan d'action stratégique et opérationnel et d'y dédier des moyens d'actions spécifiques », précise l’élu.
Pour répondre à l’urgence, la municipalité propose d'organiser « dans les prochaines semaines, une première réunion de travail avec l'ensemble des acteurs impliqués ».
En 2019, les « assises citoyennes de l’habitat » métropolitain
Cette demande vient surligner l’ampleur du défi que représente la lutte contre le mal logement dans la cité phocéenne. Fin 2018, au lendemain du drame de la rue d’Aubagne, où l’effondrement de deux immeubles avait fait huit morts, la métropole Aix-Marseille-Provence, compétente en matière de politique de l’habitat avait organisé à la hâte des « assises citoyennes de l’habitat ». Une sorte de concertation cathartique qui avait finalement débouché sur quelques propositions comme « les immeubles à 0 charge » ou la création d’un parc de logements relais destinés au relogement des habitants dont les appartements doivent subir de lourds travaux de rénovation. Autant d’idées restées à l’état de projet deux ans plus tard, à l’instar du programme local de l’habitat métropolitain (PLH), feuille de route dont le vote prévu au printemps 2019 a été repoussé à 2022.
PPA / SPLA-In
Après le 5 novembre 2018, l’Etat n’est pas resté les deux pieds dans le même sabot. Avec l’ensemble des partenaires de la chaîne du logement et les grandes agences publiques (Agence nationale de l'habitat et Agence nationale pour la rénovation urbaine), il a dégainé un arsenal opérationnel de lutte contre l’habitat insalubre dans Marseille. Un plan de bataille matérialisé par un projet partenarial d’aménagement (PPA) qui couvre un périmètre de 1 000 ha dans le grand centre-ville. Ce dispositif a pour fer de lance une société publique locale d’aménagement d’intérêt national (SPLA-In). Un instrument qui vient seulement d’approuver sa feuille de route... deux ans après l’annonce de sa mise en orbite officielle par le ministre du Logement de l’époque, Julien Denormandie.