Entre 2007 et 2013, le nombre de logements vacants dans les Bouches-du-Rhône a augmenté de 12.000 alors que la crise du logement bat son plein et qu’on n’arrive pas à atteindre les objectifs de construction. C’est l’un des principaux chiffres à retenir du débat organisé fin septembre, à l’hôtel du Département, parl’Adil 13 (Agence départementale d’information sur le logement des Bouches-du-Rhône) à l’issue de son assemblée générale annuelle*.
Les échanges s’appuyaient en particulier sur une étude menée avec le concours de l’agence par trois étudiantes de l’Institut d’urbanisme et d’aménagement régional (IUAR) d’Aix-en-Provence. Présente ce jour-là, l’une d’entre elles a précisé avoir enquêté à partir de trois bases de données existantes, Insee, DGFIP** et Fillicom, cependant insuffisantes en raison de « la diversité » du phénomène. La vacance peut être en effet frictionnelle, c’est-à-dire normale (entre deux occupations du logement), ou structurelle, de façon volontaire ou involontaire.
Les centres-villes dégradés particulièrement concernés
Ce travail a permis de montrer aussi que cela concerne principalement l’hyper-centre des intercommunalités : Marseille, Pays d’Aix, Salon-de-Provence, Arles… Même si les campagnes ne sont pas plus à l’abri comme en a témoigné Frédéric Guinieri, maire de Puyloubier et délégué à l’habitat, à l’urbanisme et à l’architecture de l’Union des maires des Bouches-du-Rhône.
Et ce ne sont pas « les propriétaires qui bloquent », s’est défendu Auguste Lafon, président de l’Unpi (Union nationale de la propriété immobilière des Bouches-du-Rhône), qui s’est élevé une fois de plus contre « cette idée reçue du propriétaire gardant son bien volontairement vide pour quelques raisons obscures ». Selon lui, « la vacance est plutôt subie de leur part, que voulue », et ce pour des motifs juridiques (succession…) ou financiers et techniques face à de lourds travaux de remise en état.
Souvent donc « des logements anciens qui ne correspondent plus aux normes et qui ne sont plus en mesure d’être habités et loués », situés dans des centres-villes dégradés. Par exemple à La Ciotat où la reconquête du centre ancien (15% de taux de vacance) est en cours. Ce qui passe, selon son premier édile, Patrick Boré, vice-président du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, par des opérations d’urbanisme « pour faire entrer de la lumière dans nos ruelles historiques étroites » et la nécessité également de mettre tous les partenaires autour de la table, comme cela a pu être fait dans cette ville en partenariat avec l’Anru***. « Un type de rénovation d’habitat souvent complexe », a ajouté son homologue de Puyloubier, avant d’indiquer que dans les Bouches-du-Rhône, 2.400 logements vacants appartiennent à des communes.
Machines à gaz
Enfin, la vacance n’épargnant pas plus les logements sociaux, Gilles Servanton, directeur départemental des territoires et de la mer des Bouches-du-Rhône, a estimé de son côté qu’il fallait jouer sur tous les leviers et l’Etat veillera à ce que l’effort soit porté équitablement sur le territoire et dans les communes.
Sentiment partagé par tous, l’amélioration de l’habitat se pose en remède. « Les dispositifs existent, il y a des solutions, mais les outils de l’Anah (Agence nationale de l’habitat) doivent aussi évoluer car on se retrouve parfois avec de véritables machines à gaz de 7 à 8 cofinanceurs pour un seul projet », a constaté pour sa part Jean-Jacques Haffreingue, directeur général du Pact des Bouches-du-Rhône.
Le mot de la fin est alors revenu au directeur de l’agence organisatrice du débat, Thierry Moallic, qui a insisté sur l’obligation d’accompagner tous les projets allant dans ce sens par un véritable travail préalable de porte-à-porte sur le terrain.
* La conseillère départementale Sylvie Carrega est désormais présidente de l’Adil 13.
** Direction générale des finances publiques.
*** Agence nationale pour la rénovation urbaine.