La capitale du pays des Sorgues se dote d’un cinéma dont les travaux débutent fin octobre. Cet établissement de 369 places s’inscrit dans une politique municipale de réinvestissement du centre-ville. Le cinéma entre dans le projet de réhabilitation de l’îlot de la Tour d’Argent, du nom de sa tour de la fin XIIème-début XIIIème, elle-même en travaux. La Ville a confié en 2007 une mission de maîtrise d’œuvre à l’agence Architecture et Héritage (Arles) d’un vaste ilot devenu propriété communale. Le périmètre comprend les édifices contigus de la Tour, de l’hôtel de Brancas, de l’hôtel Boutin et du pâté de maisons en déshérence depuis de longues décennies, situé derrière ces trois édifices.
Ville culturelle
Au permis de construire au délai de recours récemment purgé, les salles de projection reprennent les locaux d’un ancien cinéma (Cinevog) et d’une boite de nuit (le Lido) fermés dans les années 80 sur une surface au sol de 1 180 m2 de bâtiments et de 220 m2 de cours intérieures. « Les travaux dureront 18 mois contre 4 mois pour la réalisation d’un de nos derniers établissements en périphérie, explique Jean-Christophe Benbakir, dirigeant de la société Ciné-Sorgue, filiale du groupe Trévans (choisi par la Ville en 2018) qu’il dirige à Digne-les Bains. Nous avons interdiction d’emprunter les rues de la ville en juillet et août en raison de l’afflux touristique. Nous comptons, d’ici là, avoir terminé les gros travaux de charpente ». Le nom des entreprises sélectionnées par la Ville sera connu fin septembre.
Accessible par une cour desservie par un passage sous l’hôtel Boutin, l’entrée du cinéma débouchera sur un hall au plafond inscrit au patrimoine. L’établissement compte une salle de 191 places dont 5 PMR (personnes à mobilité réduite) avec un écran de 13 mètres de large, une salle de 98 places dont 3 PMR et une de 80 places dont 3 PMR, toutes en gradins, avec une déclivité importante pour assurer le confort des spectateurs. L’établissement comptera également une salle d’exposition (photos, peinture, sculpture, réalité virtuelle…).
Sur le plan du financement, Ciné-Sorgues prend à sa charge le second œuvre, les équipements et une partie du gros œuvre. Trévans confie ce chantier complexe au cabinet d’architectes montpellierain Peytavin, spécialiste des salles de spectacle, d’exposition et de congrès.
Activités universitaires et numériques
Dans le cadre de ce projet lancé depuis plus de 10 ans, la Ville œuvre également à la réhabilitation de l’hôtel de Brancas. Cette propriété devenue communale dispose d’une longue façade sur la rue de la République. Ses deux premiers étages seront dévolus à l’Université d’Avignon (accueil des masters, doctorants, d’unités de recherche…). Cet hôtel aristocratique de la fin du Moyen-Age attirera également des jeunes créateurs d’entreprises du numérique grâce à un espace de coworking. Enfin, son arrière-cour pourra accueillir des concerts et des spectacles. L’hôtel Boutin, situé entre la Tour d’Argent et l’hôtel de Brancas, conservera l’espace associatif existant FMR (expositions, restauration…). Les deux hôtels particuliers bénéficieront prochainement de travaux de ravalement.
La Tour d’Argent sera ouverte au public et proposera comme attraction l’unique camera obscura de France, une technique ancienne qui permet de projeter sur un écran circulaire en contre-bas, grâce à un procédé périscopique le paysage à 360 degrés visible du faîte de l’immeuble. Mais surtout, son ouverture permettra de redécouvrir cette puissante tour à bossage, de plan carré, couverte d'une remarquable coupole octogonale, construite à la fin du XIIe siècle par des membres de la noblesse urbaine. L’hôtel Boutin pourrait accueillir un espace dédié au patrimoine local avec des salles pour des expositions permanentes dédiées aux technologies numériques et temporaires élaborées en partenariat avec l’université d’Avignon.
Le cinéma et la Tour d’Argent devraient ouvrir leurs portes au public en 2023.
La Tour d’Argent bientôt réouverte au public
La Tour d’Argent, monument historique, bénéficie de 1,9 M€ de travaux. La Ville en a confié la maîtrise d’œuvre au cabinet arlésien Architecture et Héritage. Mariani (Avignon) assure la maçonnerie et la taille de pierre, Cardem-SN Prestosid (Cavaillon) le désamiantage, Les Métiers du Bois (Lentilly) la menuiserie, Masfer (Le Thor) la ferronnerie, Brès (Venasque) l’électricité, Chabanel (Sorgues) le chauffage, la ventilation et la plomberie, FB Vitrail (Bonnieux) pour les vitraux et SMBR (Piolenc) pour la peinture. L’Etat finance à 45 % le projet, la Région 30 %, la commune 20 % et le Département 5 %. Les travaux en cours sont prévus pour 18 mois.