Quelque 700 avocats des barreaux d'Avignon, Digne, Draguignan, Grasse, Tarascon, Toulon et Aix-en-Provence se sont retrouvés hier sur le parvis du Palais Verdun d'Aix avant de défiler sur le cours Mirabeau et autour de la Rotonde. Si l'ambiance était bon enfant et la mobilisation pacifique, les avocats n'ont pas mâché leurs mots pour exprimer leur colère et revendiquer, haut et fort, la non remise en cause de leur régime autonome de retraite.
Pour Me Philippe Bruzzo, bâtonnier d'Aix-en-Provence, le mot d'ordre est de « faire plier les pouvoirs publics sur ce projet de réforme ».
Il faut réformer les retraites, mais nous ne sommes pas des nantis. Nous avons un régime autonome que nous gérons depuis la sortie de la deuxième guerre mondiale. Il est bien géré puisque nous avons quatre actifs pour un retraité et des réserves, qu'on essaie régulièrement de nous taxer, qui sont une valeur d'ajustement pour nos pensions. Ce régime est solidaire pour tous les avocats. Nous contribuons en plus, à hauteur de cent millions d'euros par an, à d'autres régimes particuliers qui sont en déficit, comme par exemple les agriculteurs qui n'arrivent pas à régler l'intégralité des charges de leur régime par leurs cotisations ».
Une motion
De retour sur les marches du Palais Verdun, les sept bâtonniers se sont exprimés à travers une motion dans laquelle ils déplorent la remise en cause du régime autonome de retraite des avocats. Ils ont rappelé que ces derniers ne sont pas des régimes spéciaux, qu'ils fonctionnent parfaitement, ne coûtent pas un euro à l'État et reversent des centaines de millions d'euros aux régimes déficitaires. Ils constatent que ce projet de réforme est gravement préjudiciable à la profession d'avocat puisqu'il entraînera la baisse des pensions de retraite des avocats et une confiscation des provisions accumulées par la Caisse nationale des barreaux français ainsi que le doublement des cotisations retraite. Ce qui aurait pour conséquence la disparition d'un grand nombre de cabinets d'avocats, tout particulièrement au service des justiciables.
Ils reprochent au gouvernement de rester désespérément sourd à la situation des avocats et de n'entendre que les professions susceptibles de bloquer le pays. Ils affirment n'avoir pas d'autre choix que de durcir le cadre de la grève du 6 janvier en la prolongeant jusqu'au 13 inclus, date à laquelle une nouvelle assemblée générale extraordinaire de l'Ordre aura lieu pour envisager, en accord avec leurs instances nationales, la poursuite du mouvement et, éventuellement, de son durcissement. Dans ces conditions, et appliquant le mot d'ordre national, les avocats ont voté à l'unanimité la grève générale des audiences, tant dans le secteur assisté que dans le secteur libre. En conséquence, les bâtonniers ne procèderont à aucune désignation dans le secteur pénal, de sorte qu'aucun avocat ne pourra intervenir en garde à vue ou en audience en étant commis d'office par leurs soins.
Cette grève entraînera également, jusqu'au 13 janvier, une cessation des participations aux consultations de toutes natures (Maisons de justice et du droit, consultations gratuites, accueil des justiciables, conseil départemental de l'accès au droit, etc.). « En refusant tout dialogue constructif avec les avocats et en campant sur une position dogmatique vis-à-vis de ces derniers qui ne sont en rien concernés, depuis la création de leur caisse, par les difficultés récurrentes du régime général et des régimes spéciaux, le gouvernement porte seul, malheureusement, la responsabilité des conséquences de ce mouvement sur le fonctionnement de la justice et sur les droits des justiciables », ont conclu les sept bâtonniers par la voix de Me Philippe Bruzzo, leur porte-parole.