Heureux de retrouver dans l’espace Trenet le Salon des maires des Bouches-du-Rhône, né en 2015 et tenu chaque année jusqu’aux interruptions de 2020 et 2021 d’après-covid, Nicolas Isnard, maire de Salon-de-Provence, n’en a pas moins souligné toutes les interrogations qui tracassent les élus aujourd’hui.
« Nous vivons une période trouble pour la gestion de nos communes. Une tempête énergétique nous secoue, nous sommes effrayés par les factures… Ici, nous pouvons échanger, partager nos expériences, puiser des idées auprès des 70 entreprises présentes, pour réussir notre territoire », a-t-il déclaré en ouverture de cette manifestation, le 29 septembre.
Partenaire de l’événement avec l’Union des maires des Bouches-du-Rhône, Martine Vassal, présidente du conseil départemental des Bouches-du-Rhône et de la Métropole Aix-Marseille-Provence, a invité les élus à « la nécessité de faire les choses de manière différente avec le changement climatique », non sans rappeler que le Département aide financièrement les communes à engager des « projets écoresponsables ». Quant à Georges Cristiani, président de l’Union des maires, il invite à l’optimisme ceux qu’il a appelés « les derniers de cordée », ces élus communaux au contact direct des citoyens… et des problèmes à résoudre !
De la méthode pour traquer toutes les passoires énergétiques
Cet optimisme peut être de mise au vu des initiatives valorisées lors de la table ronde « Economies d’énergie : des solutions concrètes pour réduire la facture». Certes, Nathalie Gastaud, chef du service des communes au conseil départemental 13, espèrerait voir plus de projets adressés à l’institution pour transformer profondément l’appréhension des consommations énergétiques dans les villes et villages. « Les dispositifs existent pour relever les défis, mais il faut de la méthode car le Département sera encore plus exigeant. Les diagnostics de performance énergétique, il faut les faire, c’est le moment ou jamais, parce que nous vous demanderons où vous en êtes lorsque vous nous solliciterez. On veut de la cohérence sur la durée. Les emplâtres sur une jambe de bois, c’est fini ! », a-t-elle martelé aux élus et agents territoriaux dans l’assistance. Et la première étape, à ses yeux, est de s’attaquer au « relamping », la rénovation des systèmes d’éclairage public.
Des pénalités si les objectifs ne sont pas atteints
Certains ont déjà pris la question à bras-le-corps, à l’image de Bouc-Bel-Air, dont Jérémy Senatore, le directeur de cabinet du maire Richard Maillé, a détaillé la stratégie de « chasse aux passoires énergétiques » sur les bâtiments publics, menée avec l’appui financier du Département. Isolation, menuiseries, chauffage… petit à petit, la commune a rénové et enregistré des résultats. Et sur l’éclairage public, il a évoqué tout l’attrait des « marchés globaux de la performance énergétique » qui permettent de confier à une entreprise un contrat qui l’engage sur les objectifs de réduction de consommation sur une période prédéfinie, au risque de pénalités si elle ne les atteint pas.
A Graveson, la mairie a travaillé également sur l’éclairage public avec un contrat sur 20 ans qui permet de faire évoluer le parc en fonction des progrès technologiques. « Nous avons gagné 24 % sur la consommation, assure le maire Michel Pécout. Malheureusement, cette économie est aujourd’hui rattrapée par l’inflation, mais ça nous a permis de ne subir qu’une faible augmentation par rapport à notre budget. »
Saint-Martin-de-Crau multiplie aussi les efforts pour traquer les économies là où elles sont envisageables, 52 % du parc d’éclairage public est ainsi en LED. Elle rencontre les habitants pour discuter des enjeux et des choix. Mais la situation actuelle peut perturber quelques convictions. « On nous a dit d’acheter des véhicules électriques, mais maintenant les prix de l’électricité augmentent », s’interroge Marie-Rose Lexcellent, maire de Saint-Martin-de-Crau, qui lance une étude sur l’impact potentiel d’une baisse d’un degré de la piscine.
Faire bon usage des incitations « psychologiques »
Maire de Saint-Chamas et président du Syndicat mixte d’énergie du département des Bouches-du-Rhône (Smed 13), Didier Khelfa prône l’approche la plus collective possible pour avancer en limitant les risques de se tromper. « Sur le pays salonais, on réfléchit à 17, on regarde les expériences, on essaie de mutualiser. » Mais il s’est voulu également très pratique pour ses homologues, partant d’une méthode développée sur sa commune. « Il faut faire une fiche d’identité de chaque bâtiment, de sa consommation, pour détecter les déperditions énergétiques, identifier des dérives par exemple sur un édifice inoccupé le week-end… Et il faut avoir des dossiers prêts pour sauter sur chaque opportunité d’accompagnement financier. Si rien n’est prêt, il n’y a aucune chance d’accéder à un dispositif parce qu’on ne peut jamais les sortir dans les délais imposés ! »
Il réclame un « bouclier tarifaire » pour les collectivités. Et invite à jouer de la psychologie pour influer sur les comportements, ayant constaté qu’il suffit parfois de dire que la mairie va se donner les moyens de mieux contrôler pour que les usagers d’un bâtiment municipal deviennent plus vigilants sur les gaspillages d’électricité et entraînent une baisse de consommation avant le moindre investissement !
Des petits gestes qui paient rapidement
Yvain Maunier, ingénieur bâtiment et énergies renouvelables au Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement), a donné un autre exemple avec le challenge « Climat et usages » Cube.Ecoles qui met en compétition des établissements scolaires pour les inciter à adopter les meilleures pratiques environnementales. Le projet aboutit systématiquement à des résultats significatifs, à savoir minimum « 10 % d’économies sans travaux ». « Il faut travailler sur l’humain », confie-t-il. Et sur les petits gestes qui paient rapidement : « Couper le chauffage un jour avant les vacances scolaires permet de gagner 3 % sur la consommation », conseille-t-il en prévision de cet hiver.
Evidemment, lors de l’échange avec la salle, est venue la question des illuminations de Noël. Didier Khelfa a déjà décidé d’un équilibre raisonné : « Mon Marché de Noël, début décembre, n’en serait pas un sans illuminations, elles seront donc là. Mais je vais raccourcir la période de trois semaines. C’est une aberration de les garder jusqu’à fin janvier. »
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