TPBM : Quelle est votre vision pour l’avenir du Vaucluse ?
Dominique Santoni : Nous poursuivons notre stratégie d’investissement public. Notre politique est de rendre notre territoire toujours plus attractif, pour le tourisme et pour l’accueil d’investisseurs dans des filières économiques d’avenir. Grâce à la bonne gestion de nos prédécesseurs, nous investissons 120 M€ par an, notamment dans la mobilité. La première partie de la déviation d’Orange et la résorption du point noir de Bonpas sur Avignon-Sud, qui mobilise à lui seul 25 M€, seront effectifs en 2027 après trois ans de travaux. Pour la déviation de Coustellet, nous devons encore travailler avec les élus locaux. Nous restons mobilisés pour la réalisation de la LEO avec notre participation financière à la réalisation de la tranche 2. Par contre, nous ne sommes pas prêts à accepter de l’Etat un projet a minima. Avec le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, nous réfutons la réalisation d’une déviation à 2X1 voies.
12 M€ pour conforter le viaduc de Bonpas
Toujours sur le plan des mobilités, nous poursuivons nos efforts pour développer les transports doux. Dans les mois à venir, l’ensemble du réseau de voies vertes Via Rhona, Via Venaissia et du Calavon seront interconnectées. Nous travaillons désormais pour réaliser des pénétrantes cyclables sécurisées dans les centres-villes. Ces modes doux participent autant à l’équipement de notre territoire pour les Vauclusiens qu’à l’attractivité touristique.
Qu’en est-il du Projet Territorial Hauts de Provence Rhodanienne (PT HPR) de 150 M€ à 300 M€ porté par l’Etat et la Chambre d’Agriculture et soutenu par l’Union européenne, chargé de sauver la viticulture vauclusienne de la sècheresse par un réseau d’irrigation avec l’eau du Rhône ?
Les fortes vagues de chaleur de cet été rappelent la fragilité de la ressource en eau pour l’ensemble de la population. Cette situation critique dépasse les préoccupations seules des agriculteurs. Nous allons, en novembre, organiser des États généraux de l’Eau dans le département avec toutes les parties prenantes pour élaborer une stratégie commune et éviter les conflits d’intérêt sur cette ressource vitale qui se raréfie. Nous invitons l’agriculture, les gestionnaires du Rhône et de la Durance, les syndicats de rivières, les sociétés des eaux, l’industrie, le tourisme, les départements voisins, la Région Paca et toute autre entité concernée pour construire collectivement une gestion intelligente de ce bien commun. Ces États généraux permettront de clarifier ensemble les besoins de l’agriculture, du tourisme, de l’alimentation des villes ou de l’industrie et permettront la définition de stratégies cohérentes de l’ensemble des usages en prenant en compte les contraintes de la ressource. Avec le changement climatique, l’époque est révolue où chacun pouvait puiser de l’eau sans se soucier des autres. Nous disposons de 4 M€ mobilisés pour s’attaquer, notamment, aux déperditions des réseaux d’adduction d’eau potable.

Comment expliquez-vous la fusion du bailleur social départemental Vallis Habitat (17 000 logements) avec GDH (21 000 logements) ?
Cet outil était mal en point. Ma motivation est d’offrir aux locataires de bonnes conditions d’habitat indispensables pour construire un projet de vie et au Département de pouvoir construire, rénover et adapter les logements face aux mutations climatiques. S’offraient à nous, trois solutions. La première était de vendre l’organisme. Avec cette option, nous perdions la main sur cet outil social important pour permettre au Département d’influer sur la qualité de vie des Vauclusiens et l’urbanisme de nos villes. Seconde solution, le remettre en route. Cette option aurait pris 5 à 10 ans, nécessité 450 M€ d’investissements à l’heure de la hausse du taux du livret A qui le finance et du prix des matériaux qui s’envole. La troisième solution, la fusion avec GDH, aux finances saines et aux équipes opérationnelles, permettait une remise à niveau de ce parc pour partie dégradé avec la réalisation de constructions nouvelles. Je m’engage sur une cohérence des loyers sur l’ensemble du parc en fonction de l’âge des bâtiments pour répondre à ceux qui s’inquiètent d’une hausse de leurs quittances. Cette solution assure à cette coopérative une taille critique qui la met à l’abri d’un éventuel mouvement de concentration comme la loi l’a imposé aux bailleurs sociaux ces dernières années. Le parc reste géré par une entité qui possède son siège et ses équipes dans le Vaucluse, ce qui fut également un critère important dans notre décision.
Quel est l’avenir de la société d’économie mixte Citadis ?
Pour cette SEM créée il a 60 ans, nous avons diligenté un audit pour clarifier l’état de la structure et ses potentiels au service du Département. Nous attendons ses conclusions pour la fin de l’année afin de pouvoir prendre une décision. Par contre, nous conserverons la SPL d’aménagement Territoire Vaucluse avec laquelle Citadis partage des effectifs.
Quelles sont vos actions dans la lutte pour les économies d’énergie ?
Le Parc du Luberon, dont je suis présidente, est très en avance sur l’accompagnement dans les filières durables. Avec le dispositif Sedel (Service d’économies durables en Luberon) par exemple, les collectivités disposent mutuellement des services de conseillers en économique d’énergie accompagnés de thermiciens. Ces équipes font drastiquement baisser les consommations des équipements publics. Ce retour d’expériences de plus de 13 ans va bénéficier à l’ensemble des collectivités du département grâce à notre pôle Ingénierie, un assistant à maîtrise d'ouvrage (AMO) au service des petites communes et notre société publique locale d’aménagement Territoire Vaucluse.
Delta Energie, l'aide de Grand Delta Habitat pour passer l’hiver
Comment se traduit en termes d’aménagements votre politique d’attractivité ?
Déjà, rappelons que le Département compte des pépites que nous fédérons autour de Team Vaucluse. Les entrepreneurs réfléchissent ensemble au devenir de notre territoire et de nos filières et deviennent les ambassadeurs de la promotion du Vaucluse. Aujourd’hui, nous mettons en place, avec le soutien de notre structure VPA (Vaucluse Provence Attractivité) des politiques de filières. Commençons par l’audiovisuel. Nous bénéficions à la fois de paysages exceptionnels, de 300 jours de soleil par an, de professionnels du secteur qui connaissent très bien notre région, des écoles et plusieurs entreprises du son, de l’image, de l’animation 2D et 3D et du numérique installées dans le département. Nous pouvons, également, nous appuyer sur toutes les structures autour du Théâtre à Avignon, capitale francophone du spectacle vivant. Notre mission s’appuie sur deux piliers. Tout d’abord servir de facilitateur pour créer des synergies positives entre tous ces acteurs. Et ensuite, accueillir des tournages toute l’année sur notre territoire. Nous devrions annoncer prochainement la création de studios de tournage idéalement situés près de la gare TGV. Nous travaillons également pour développer la naturalité filière qui associe alimentation, ingrédients, bien-être et cosmétique et sur le développement de notre art de vivre : le vin, le bien manger, le bien vivre et les circuits courts dans des paysages d’exception.
Votre politique pour la santé comprend-elle la création d’infrastructures ?
Sur le plan régional, notre département reste le moins bien doté en médecins et cela joue sur son attractivité. Nous avons lancé une première salve pour attirer des généralistes. Ensuite, nous viserons les spécialistes. En termes d’équipement, nous étudions la rénovation complète d’un de nos immeubles dans l’intra-muros d’Avignon pour accueillir des personnels médicaux. Tous les déserts médicaux seront dotés des équipements nécessaires. Le vieillissement de la population fait également partie de nos préoccupations. Nous sommes très attentifs à des opérations comme le projet Renaissance de Sagesse Retraite Santé sur Apt, qui assure, à la fois la restauration de logements, des services pour des personnes d’un certain âge et une revitalisation du centre ancien. Ce type d’initiative participe aussi de l’art de vivre en Vaucluse.
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