Après un week-end pluvieux préjudiciable à la fréquentation du salon nautique, La Ciotat avait retrouvé un temps radieux le 3 avril dernier pour célébrer en grande pompe la renaissance de la grande forme de radoub des chantiers navals. Pour ses 50 ans, l'équipement historique où tant de bateaux ont été construits et qui a connu la fermeture du site à la fin Grâce à un investissement public de près de 16 millions d'euros*, ce grand bassin de 335 m de long, 60 de large et 8,5 m de tirant d'eau, a été équipé d'un nouveau bateau-porte qui lui permet d'être compartimenté en deux pour plus de possibilités d'utilisation. des années 80, a été en effet modernisé.
Jusque-là limité dans la taille des yachts pouvant être accueillis, « La Ciotat Shipyards », puisque tel est son nom, c'est-à-dire le pôle de maintenance et de réparation (refit and repair) dédié à la haute plaisance et qui a fait renaître l'endroit, espère désormais se voir confier les plus grandes unités en la matière, au-delà de 80 mètres. L'an dernier, plus d'une centaine de yachts de plus de 50 m l'ont fréquenté.
Un opérateur allemand
En attendant, l'opérateur privé retenu (pour une période probatoire de 35 mois) après appel à candidature pour exploiter la grande forme reconfigurée, était sur le pont, et sous le soleil retrouvé, avec les autorités locales et régionales pour inaugurer officiellement le nouvel équipement. Et comme entre-temps, l'entreprise attributaire du marché, l'Allemand Blohm + Voss, a été rachetée et est devenue filiale du groupe, lui aussi germanique, Lürssen, c'est le dirigeant en personne de ce groupe familial constructeur de navires, Peter Lürssen, qui a opéré, en anglais dans le texte.
Ce dernier est notamment revenu sur la longue - 142 ans - histoire et tradition de construction navale du groupe qu'il dirige et qui dispose de six chantiers navals dans le nord de l'Allemagne. Numéro un mondial sur le créneau des super et méga-yachts, celui-ci exerce également des activités de refit and repair. Saluant le « jewel of shiping » que représente selon lui la grande forme reboostée, Peter Lürssen a en particulier remercié pour ces « fantastic facilities » dont son entreprise bénéficie sur place.
Le caractère international de cette activité navale était encore accentué par la présence annoncée en ce jour d'inauguration des consuls de Russie, de Lituanie et même de… Bolivie ! Dépourvu d'accès à la mer, le pays des hauts plateaux et sommets andins et de la capitale en altitude record s'intéresserait-il à la plate-forme provençale pour son ascenseur à bateaux ? Renseignement pris, il n'en est rien. La présence du consul honoraire du pays enclavé de la cordillère des Andes n'était qu'une réponse à l'invitation du maire de La Ciotat Patrick Boré, président de la Semidep** (Société d'économie mixte de développement économique et portuaire) qui gère le lieu, et par ailleurs premier vice-président du conseil départemental des Bouches-du-Rhône chargé des relations internationales (ceci expliquant cela).
Un investissement visible
Qu'importe, cela est resté « un moment exceptionnel qui consacre l'histoire de notre ville », comme l'a si bien souligné Patrick Boré après avoir dévoilé la plaque relatant l'événement, avant d'ajouter : « ce qui hier a fait sa notoriété, par sa renaissance consacre aujourd'hui son renouveau ». Et de souligner également l'initiative « collégiale et œcuménique » de cette reconversion spectaculaire dans la haute plaisance, poursuivie depuis 20 ans et à laquelle personne ne croyait au départ. « Certains voulaient même en faire une simple marina », s'est permis de rappeler pour sa part, au cours de son allocution, Bernard Deflesselles, vice-président de la région aux affaires internationales, avant de conclure sur l'argent public investi pour cette reconquête industrielle : « Ici, on sait ce qu'on a fait de l'argent public », a insisté le député LR.
* Financés par la Semidep (33 %), la région Paca (25 %), la métropole AixMarseilleProvence (20 %), le conseil départemental des Bouches-du-Rhône (17 %) et la ville de La Ciotat (5 %).
** La Semidep-Ciotat est une Entreprise publique locale (EPL) dédiée au développement des chantiers navals dans leur ensemble et dont l'actionnariat est détenu à 50 % par le conseil départemental des Bouches-du-Rhône, 25,8 % par la région Paca, 19,9 % par la métropole Aix-MarseilleProvence et 4,3 % par la ville de La Ciotat.
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