Un laboratoire d'idées pour développer les Alpes-de-Haute-Provence. Le projet porté par la Chambre de commerce et d'industrie s'est un peu plus concrétisé lors d'une réunion à l'Eco Campus de Sainte-Tulle. Dans la salle, les principaux acteurs économiques du département, mais aussi Olivier Urrutia, directeur général de l'Observatoire européen des think tanks.
« Non un think tank n'est pas un laboratoire d'idées, pas plus qu'il n'est un réservoir d'idées. Une réunion autour d'un café croissant n'est pas non plus un think tank. A ce jour il n'y en a pas en PACA » lance Olivier Urrutia. Et de poursuivre :
« Il s‘agit d'une organisation reconnue juridiquement, qui s'inscrit sur un temps long, loin de l'actualité brûlante et qui est conçue pour produire et diffuser des idées propres et innovantes concernant les politiques publiques. A but non lucratif, ce qui les différencie des cabinets de conseils, elles peuvent bénéficier d'un financement public et privé et ne sont pas forcément neutres idéologiquement. Techniquement, un think tank est soumis à un calibrage volumétrique d'études ».
Voilà pour l'information technique. Et M. Urrutia d'ajouter : « il n'y a pas de structure de ce type viable au dessus de 5 ans en dessous de 200 000 € d'investis ». Il complète : « Si les acteurs ne veulent pas mettre entre 3 000 et 5 000 €, il vaut mieux arrêter là ».
Une structure capable d'unir l'ensemble des acteurs du monde économique
Ces avertissements n'ont pas refroidi les décideurs provençaux. « Ce que nous voulons créer dans les Alpes-de Haute-Provence, c'est une structure capable de réunir l'ensemble des acteurs du monde économique, les collectivités territoriales, les chambres consulaires, le Département, la Banque de France, les entreprises. Aujourd'hui aucune structure n'est capable de regrouper tout le monde et pourtant ils sont tous aujourd'hui dans cette salle avec une volonté commune qui dépasse les clivages politiques » argumente Daniel Margot, vice président de la CCIT 04. Les participants de cette première réunion entendent poursuivre l'alignement des forces économiques. Leur objectif est d'être force de proposition auprès de la Région et de l'influencer au profit de leur territoire notamment au sujet du développement économique.
Un outil à construire
Si aujourd'hui rien de la gouvernance ou du mode de fonctionnement et de financement n'est encore établi, les participants restent convaincus de l'utilité du futur nouvel outil. Et pourtant Olivier Urrutia, les met en garde une nouvelle fois : « Le think tank n'est pas l'alpha et l'oméga de l'influence. L'outil que vous choisirez de créer devra être adapté aux spécificités de votre territoire, en même temps s'il est trop local il n'aura pas de capacité à influencer ». Personne morale ou physique pour la gouvernance, financement public, privé ou mixte et indépendance financière, « attention à ne pas mettre tout ses œufs dans le même panier », l'intervenant parisien évoque l'ensemble des écueils à éviter et tempère l'enthousiasme par des considérations pragmatiques. « N‘attendez pas d'effets d'ici un an, vous seriez déçus. Vous devez vous projeter à 5 ou 10 ans ».
A la fin des échanges, tous les participants locaux sont convaincus : il y aura de nouvelles réunions et fort probablement un think tank bas alpin d'ici peu.