Les automobilistes qui franchissent chaque jour le viaduc de Martigues espéraient en avoir fini avec les perturbations engendrées par sa rénovation lancée en 2012. Mais depuis quelques jours, ils doivent à nouveau réduire leur vitesse à 50 km/h pour traverser l'ouvrage sans encombre et la situation devrait durer jusqu'en 2019, au gré des nouvelles phases de travaux engagés par la DIR Méditerranée (Direction interdépartementale des routes), maître d'ouvrage, et réalisés par le groupement Freyssinet / Eurovia.
Cette fois, le chantier porte sur les superstructures. Il se déroulera en trois phases organisées pour réduire les nuisances autant que faire se peut, compte tenu de l'ampleur des actions programmées. Jusqu'en février 2018, les bandes d'arrêt d'urgence (BAU) sont supprimées de part et d'autre pour faciliter les premiers aménagements sur les extérieurs, le trafic se concentrant sur le terre-plein central. A compter de mars 2018 et jusqu'en juin, ces BAU deviendront des voies de circulation, les travaux se déroulant alors sur la partie centrale du viaduc. La réfection complète des chaussées s'opèrera durant les étés 2018 et 2019. En période estivale, le nombre de véhicules quotidiens s'atténue sensiblement. Le viaduc passera en 2 x 2 voies, le sens Marseille-Fos étant neutralisé en juillet-août 2018, l'autre sens l'année suivante. « C'est une configuration plus acceptable pour les automobilistes, insiste Philippe de Camaret, directeur adjoint de la DIR Med. En 2012, nous n'avions pas d'autre choix ». Des radars autonomes, régulièrement déplacés, veilleront au respect des vitesses.
« A l'échéance des opérations, nous livrerons un pont remis à neuf pour un investissement global qui avoisinera les 40 millions d'euros, nettement inférieur à ce qu'aurait impliqué la construction d'un nouvel ouvrage, mais apte à fournir un niveau de service équivalent, explique Jean-Michel Palette, le directeur de la DIR Med. Cette deuxième phase, moins spectaculaire que la première effectuée entre 2012 et 2016, représente à elle seule près de 24 millions d'euros dont 12,6 hors peintures ».
Sécurisation renforcée
En quoi vont donc consister ces « travaux de superstructures » ? « Ils concernent à la fois des éléments métalliques et des parties bétonnées dont les études techniques ont démontré la nécessité d'une remise en état. Ils visent à redonner 50 ans de vie supplémentaire à l'ouvrage » indique Guillaume Julien, responsable du pôle gestion du patrimoine et ouvrages d'art à la DIR Med. Les protections latérales vont être ainsi renouvelées des deux côtés avec l'installation de barrières de retenue métalliques et de grillages anti-suicides sur l'ensemble du linéaire. « Environ 1 750 mètres de grilles vont être déposées et remplacées par de nouvelles d'une hauteur de 2,30 mètres. La sécurité en sera renforcée » assure Jean-Michel Palette. Une réfection de l'étanchéité des viaducs d'accès en béton est également projetée. Désormais vétuste et menaçante pour le conducteur d'un deux-roues qui viendrait la heurter violemment, la glissière centrale composée de blocs de béton reliés par des plaques en métal sera remplacée par un système entièrement métallique, plus sûr en cas de choc.
Environnement préservé
L'un des apports majeurs de ce chantier concerne la préservation de l'environnement. Jusqu'alors, les eaux de ruissellement s'écoulaient dans le milieu naturel à travers des gargouilles dispersées le long de l'ouvrage, drainant toutes sortes de matières souillées issues du lessivage de la chaussée. Après remplacement de ces gargouilles, le projet les connectera à des collecteurs qui les achemineront vers des bassins de recueil et de filtration des eaux pluviales, creusés entre décembre 2015 et février 2016 près de chaque extrémité du viaduc.
« C'est un plus indéniable contre la pollution. Aucun système d'assainissement n'avait été intégré à la construction du viaduc, mais il faut reconnaître qu'au début des années 70, l'environnement ne constituait pas une préoccupation prioritaire dans la société » souligne Guillaume Julien.
Les aménagements des deux prochains étés s'attèleront au revêtement des chaussées en enrobé phonique, à leur étanchéité et à la rénovation des joints de chaussées sur les culées. Une opération sensible qui comprend la dépose de certains matériaux existants en amiante.
Peinture renouvelée
Enfin, en 2019, débutera la dernière phase de mise en peinture des structures métalliques. « Les peintures actuelles datent de l'origine et ont particulièrement bien résisté, même si elles laissent apparaître maintenant de nombreuses altérations, indique Jean-Michel Palette. Il faudra y consacrer au moins une dizaine de millions d'euros. Les peintures actuelles n'étant garanties que pour dix ans, nous espérons qu'elles iront au-delà, compte tenu de ce coût ». Les appels d'offres pour cette intervention seront lancés en 2018. Pour Alain Arbaud du Service Ingénierie Routière de la DIR Med, « le calendrier des opérations n'est pas encore défini. Nous souhaiterions pouvoir commencer avant l'été 2019. Si ce n'est pas le cas, nous procèderons aux peintures une fois tous les autres travaux achevés. Il n'y aura aucun impact sur l'organisation de la circulation ».