C'est sans doute le projet le plus ambitieux de ce début de décennie dans les Hautes-Alpes. En 2026, L'Argentière-la-Bessée, Embrun et le Briançonnais devraient accueillir les premiers étudiants de la Haute école du bois, de la forêt et de l'architecture de montagne.
L'idée a germé dans la tête d'un Haut-Alpin, Florian Court, ingénieur forestier de profession, passé par les Compagnons du devoir en charpente, et biologiste de formation. Il est aujourd'hui chef de projet au sein de la communauté de communes du Pays des Ecrins (CCPE) et abat un travail considérable pour mener son programme à bien.
« Je me suis rendu compte du potentiel de la ressource forestière sur les plans économique, écologique et sociétal. Dans les Hautes-Alpes, on manque de jeunes, on est un département très forestier à la ressource diversifiée, du fait d'influences alpines et méditerranéennes, et on possède un pool d'entreprises important avec 300 organismes professionnels dans la filière », remarque Florian Court.
La demande croissante en bois biosourcé dans la construction, la nécessité d'une production de niche européenne à haute valeur ajoutée, l'absence de formation et une filière sous-valorisée dans le Sud-Est, le besoin en ingénierie et personnel hautement qualifié pour y remédier plaident pour la création de cette école dans les Hautes-Alpes.
Il s'agira du premier campus forêt-bois en France, proposant sur un même site tous les cursus existants en la matière. Les autres centres de formation français sont seulement spécialisés dans un domaine : Nantes et Epinal dans le bois, Bordeaux et Nancy dans la forêt. L'objectif vise même l'échelon européen, vu la position géographique des Hautes-Alpes, avec des formations reconnues en France comme en Italie - et donc un enseignement bilingue-, et l'accueil d'étudiants suisses et autrichiens.
Le pôle forêt à Embrun, construction à L'Argentière, architecture de montagne dans le Briançonnais
Ce futur établissement privé d'enseignement supérieur technique, sous contrat avec l'Etat, formera des techniciens supérieurs et des ingénieurs (bac + 3, bac + 5), à travers des licences professionnelles et des cursus d'ingénieur. Même si le programme n'est pas encore figé, Embrun devrait accueillir un tiers des étudiants au sein d'un pôle forestier à Chauveton ; L'Argentière abriterait les deux autres tiers appartenant au pôle construction sur les deux hectares des anciennes Fonderies et aciéries de Provence. Ces deux entités comptabiliseraient plus de 400 étudiants, 15 enseignants-chercheurs, 18 personnels techniques et administratifs sur 6000 m2 de bâti.
Les enseignants-chercheurs pourraient exercer la partie recherche dans un laboratoire de développement et d'accompagnement des sciences forestières méridionales. Pour les enseignements généraux, Florian Court entend pérenniser l'emploi sur le territoire en mutualisant les effectifs avec le pôle universitaire de Gap et Polyaéro à Tallard.
Dans le Briançonnais, serait développé un mastère, une sixième année de spécialisation, au cœur d'un centre de recherche et développement sur l'architecture de montagne, en lien avec la construction bois. Ce centre cible les étudiants en école d'architecture, architectes, élus et prescripteurs. « Notre architecture tend à s'uniformiser, influencée par un style urbain moderniste, qui conduit à une perte de valeur identitaire, culturelle, de notre spécificité montagnarde, qui rend pourtant notre territoire attractif », constate Florian Court.
Planning et gouvernance
Les études pré-opérationnelles se déroulent en ce moment, le dépôt et l'instruction du permis de construire programmés en 2023, les travaux de construction/réhabilitation s'ensuivront en 2024 et 2025 pour une ouverture l'année suivante.
La CCPE est le chef de file du projet. La CCPE, les communautés de communes de Serre-Ponçon et du Briançonnais figureront dans le comité directoire local. Le comité directoire partenarial se composera des trois intercommunalités, du Département des Hautes-Alpes, de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, de la Banque des Territoires, de Bouygues bâtiment Sud-Est et de l'association ouvrière des Compagnons du devoir. Cette école a obtenu le soutien de toutes les forces économiques et politiques du département.