Nicolas Chabrand, président de la Fédération du BTP des Hautes-Alpes, a rassemblé le 4 septembre dernier au Centre Pro BTP les Hyvans, au bord du lac de Serre-Ponçon, près de 300 entrepreneurs, artisans et salariés de la filière construction haut-alpine. Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment (FFB) et l'écrivain et philosophe Luc Ferry ont été conviés à cette journée annuelle de réflexion autour du thème « L'habitat de demain : un environnement en pleine mutation ».
Malgré les obstacles de la crise sanitaire, Nicolas Chabrand s'est félicité de la résilience du BTP 05 qui, dès le 6 avril 2020, a repris son activité sur les chantiers du département. « Il faut regarder devant. Ma volonté reste intacte », a insisté le chef d'entreprise malgré les vents contraires de la pénurie de main d’œuvre, de la hausse des prix des matériaux ou du coût de la pandémie qui ont fragilisé les entreprises du département.
Jouer la complémentarité
Rénovation de l'habitat et construction de bâtiments neufs ont animé les débats et donné lieu à des échanges parfois clivants. « Le logement de demain s'anticipe aujourd'hui. Les défis à venir sont environnementaux. Il faut favoriser la réhabilitation, la rénovation de l'existant et l'usage d'éco matériaux », défend Maryline Chevalier, présidente de l'ordre des architectes Provence-Alpes-Côte d'Azur (Croa Paca). Et de poursuivre : « L'industrie va devoir s'adapter sur le mode de fabrication du béton. » La réaction courtoise du président de la FFB ne s'est pas faite attendre. « Attention, n'oublions pas les plus modestes, la rénovation ne suffira pas à les loger. De plus, le durable coûtera un peu plus cher », nuance Olivier Salleron en se tournant vers les élus présents. « Il ne faut pas opposer les matériaux bois et béton. Il faut jouer la complémentarité », souligne consensuellement Nicolas Chabrand.
Un second débat sur la collecte et le recyclage des déchets de chantiers a suscité quelques dissensions feutrées entre chef d'entreprise et responsable d'éco-organisme sur fond de RE 2020 (Réglementation environnementale 2020), qui vise à la réduction d'émissions de gaz à effet de serre et de Responsabilité élargie du producteur (Rep), qui organise la prise en charge de la gestion des déchets. « Le tri des déchets a un coût. Sept bennes dans un espace de chantier qui ne peut les contenir est aujourd'hui irréalisable », déplore Pierre-Yves Olive, entrepreneur du BTP. « Les sept bennes de tri ? En fait il y en aura neuf », précise Olivier Ponti, président de la filière BTP de la Fédération des entreprises de recyclage (Federec). Et d'ajouter : « On va vers une révolution nécessaire et pas une adaptation. » Mais Olivier Salleron prévient : « La RE 2020 et à partir du 1er janvier 2022 la Rep, ça fait beaucoup. Il faut nous laisser nous organiser. Il va falloir faire une pause. »