Introduire le numérique dans des métiers traditionnellement manuels ne va pas forcément de soi. Et pourtant, l'avenir du BTP passera par le BIM. BIM est l'acronyme anglais de Building information modeling, ce que l'on peut traduire par modélisation des données du bâtiment. Pour faire simple, il s'agit d'un outil, d'une méthode de travail, qui permet, par le biais de maquettes numériques 3D, de connaître les propriétés du moindre composant d'un bâtiment ou autre infrastructure. Il est utilisé à chaque étape de l'acte de bâtir, de la conception à la démolition. Ces informations partagées par tous les acteurs de la construction assurent un travail collaboratif plus étroit, une meilleure coordination entre tous, une plus grande rapidité et réactivité.
La fédération du BTP 05 s'est donné pour mission de sensibiliser et d'accompagner ses adhérents à la démarche BIM, encore très peu adoptée. Un colloque était organisé en ce sens mardi 11 février à Gap.
Lire aussi : A Marseille, La Coque s'ouvre au BIM !
Nicolas Chabrand, président de l'entreprise Ragoucy à La Saulce, est un fervent défenseur de ce procédé. Il est d'ailleurs chef de file de la commission innovation à la fédération régionale du bâtiment et référent BIM chez les maçons au plan national. « Le ministre du Logement veut construire plus vite, moins cher et mieux dans un environnement de plus en plus compliqué et normé. Nous avons la solution grâce à ces maquettes numériques », considère-t-il. Le plan gouvernemental BIM 2022 vise à généraliser l'utilisation de la maquette numérique dans ce secteur qui est traditionnellement l'un des moins numérisés. Encore faut-il que chaque maillon adhère à la démarche « qui deviendra certainement obligatoire dans les marchés publics après 2022 ».
Les métiers du BTP plus attractifs grâce au numérique
A chaque besoin correspond un logiciel. « Ces outils, qui étaient hier très chers et lourds, sont aujourd'hui accessibles », indique Nicolas Chabrand. Ragoucy réalise d'ailleurs ses études de prix grâce à des maquettes BIM depuis 2017. Son responsable d'études de prix, Frédéric Reynaud, présente cet outil comme un gain de temps et un rendu exploitable par les conducteurs de travaux et chefs de chantier.
Lire aussi : Grand Avignon : une charte pour encadrer les « bonnes pratiques du BIM »
Le BIM permet en premier lieu de visualiser un projet. « Les plans d'architecte ou de bureaux d'études, je ne les comprends pas toujours. Avec la modélisation 3D, on voit l'élément fini et ça change tout », admet Vincent Ariey, directeur général de l'entreprise Allamanno à L'Argentière-la-Bessée, président de la chambre TP à la fédération haut-alpine. L'outil fournit des données extrêmement détaillées, comme par exemple l'empreinte écologique d'une construction. Vincent Ariey y voit une manière de recentrer les responsabilités de chacun et d'assurer la traçabilité de la construction. « Demain, on identifiera qui a posé une climatisation, quel jour, à quelle heure, ce qui représente un énorme avantage pour la maintenance ultérieure. » Et cela colle également aux nouveaux usages d'une société connectée « qui veut tout commander depuis son smartphone ».
Le BIM présente un autre avantage qui n'est pas pour déplaire à un secteur en mal de main d'oeuvre : il pourrait rendre les métiers du BTP plus attractifs auprès des jeunes.