Comment bâtir du logement pour actifs quand 80% du foncier de la commune est non constructible, que les 20% restants sont du foncier privé et que le prix moyen de l'immobilier neuf dépasse les 7500 euros/m² ? Il aura fallu treize ans et beaucoup de persévérance à La Turbie (3050 habitants et 29% de résidences secondaires) pour mener à bien, avec le concours de l'Etablissement public foncier Provence-Alpes-Côte d'Azur, une greffe urbaine de 116 logements, sur sa dernière grande parcelle constructible (1 ha), quartier Détras.
« Villa Augusta », qui vient d'être livrée par Promogim, le lauréat de l'appel à projets avec Habitat 06, l'architecte Renaud d'Hauteserre et le paysagiste François Navarro, comporte 48 logements libres, 27 à prix maîtrisés (vendus 3020 euros/m² habitable, parking compris), 41 logements locatifs sociaux, plus 178 places de parking souterrain et 2 locaux commerciaux. Réalisée en continuité du tissu urbain existant, l'opération va permettre à la ville de récupérer un nouvel espace public de 500 m² environ, 60 places de stationnement public et la voirie d'accès. L'ensemble du projet sera achevé en septembre, une fois les travaux d'aménagement du parking public réalisés par la collectivité.
Chantier complexe sur un site contraint
« Villa Augusta est un projet très important pour La Turbie car il va nous permettre de stabiliser la baisse de notre population et parce que près 90% des logements seront des résidences principales pour des Turbiasques », se félicite le maire, Jean Jacques Raffaele qui a défendu le projet depuis l'origine.
Sa réalisation n'a pas été une promenade de santé. Pour le promoteur et les concepteurs, il a fallu imaginer un ensemble qui s'intègre harmonieusement au tissu existant et prenne en compte la proximité de deux monuments historiques, le célèbre Trophée d'Auguste et l'église baroque de La Turbie. Malgré un permis signé en 2014, le projet a été gelé pendant deux ans, à cause de recours. Le chantier s'est également révélé complexe, mené sur un site en forte déclivité. « Il a fallu épingler une paroi de soutènement à la colline puis excaver et traiter 42 000 m3 de matériaux », explique Claude Chaix, directeur des programmes chez Promogim.
Trois bassins de rétention ont également été réalisés pour capter le ruissellement des eaux. Il y a eu aussi des contraintes environnementales, liées à la proximité d'un site Natura 2000. « Nous avons dû réaliser un couloir à chauve-souris et adapter l'éclairage public à la présence de cet animal », ajoute Jean-Paul Favelin, directeur d'agence chez Promogim. L'opérateur a engagé 13,2 millions d'euros HT (coût travaux) dans cette opération, menée en corps d'état séparés avec une quinzaine d'entreprises. Malgré ces contraintes, le chantier a respecté la charte Chantier Vert, les logements ont des performances RT 2012-20% et Villa Augusta concourt à une labellisation complète BDM niveau or.