Le pôle Solutions Communicantes Sécurisées (SCS) organisait à Marseille, au pôle Média Belle de Mai, le 28 septembre, son « Intelligence Artificielle et Data Science Exhibition Day » qui a mis en évidence une multitude d’expérimentations et de solutions pour l’industrie, la sécurité, la gestion de contenus, l’identification ou la santé. Directeur de projet Réseaux d’eau intelligents au sein de la Société du Canal de Provence (SCP), Frédéric Bonnadier a présenté « REImu » (Réseau d’Eau Intelligent multi-usages), un programme de recherche et développement destiné à mieux préserver la ressource, en ne prélevant sur le milieu que l’eau strictement nécessaire à ses clients et à mieux gérer et exploiter l’ensemble des installations, en détectant, par exemple, les fuites plus rapidement.
« Le projet lancé en 2020 consiste à tirer profit des apports des technologies d’intelligence artificielle et des objets connectés pour l’ensemble de nos métiers, explique Frédéric Bonnadier. Le pôle nous a aidé à préciser nos attentes et à sélectionner les acteurs les plus pertinents, dans un accompagnement sur-mesure. »
Après un appel d’offres ouvert, la société Aiway, à Aix-en-Provence, et DRO Consultant, à Marseille, ont été retenus pour déployer la première phase du projet qui doit déboucher fin 2022 sur un démonstrateur opérationnel. L’été 2021 a permis d’engranger énormément d’indicateurs.
Equiper et tester
La SCP ne partait pas de zéro : son système de gestion dynamique des réseaux la conduit à collecter et valoriser, via ses canaux, stations de pompage et outils de télétransmission, des données hydrauliques, agronomiques, météo, satellites… sur les ressources en eau de la région et les usages qui en sont faits en agriculture, dans l’industrie, chez les collectivités ou les particuliers. « Les nouvelles technologies nous intéressent pour notre propre fonctionnement et la maîtrise de nos ouvrages mais aussi pour la qualité de service à apporter à nos clients et aux territoires, poursuit Frédéric Bonnadier. A travers la modélisation, nous pouvons obtenir une représentation plus fidèle de l’exploitation de nos réseaux et de là, prédire les volumes à fournir, concevoir et dimensionner, au plus juste des besoins, les ouvrages futurs afin d’optimiser les coûts d’investissements. Pour l’agriculture, on peut imaginer des capteurs spécifiques, comme le taux d’humidité des sols, qui permettraient de piloter l’irrigation par rapport aux objectifs de production. » La SCP a déjà implanté 2 500 capteurs communicants, elle table sur 4 500 en 2022. Des capteurs de pression ont été positionnés sur des réseaux pilotes.
Parmi les développements envisagés à terme, la généralisation de compteurs communicants, le lissage des pointes de consommation ou encore la conception d’un modèle unique de prise d’eau connectée et même l’élaboration d’un jumeau numérique du réseau ! « Nous constatons déjà les effets des changements climatiques, nous nous efforçons d’adapter nos pratiques à ceux qui pourront survenir. » La Région Provence-Alpes-Côte d'Azur et l’Europe (Feder) appuient ce projet innovant. Pour Emmanuel Ferreira, directeur scientifique d’Aiway, les dispositifs testés durant l’été 2021 avec le premier prototype démontrent des résultats concrets pour l’adaptation des algorithmes. « Grâce à des méthodes robustes et généralisables, l’IA apporte une plus-value de performance pour comprendre les phénomènes les plus impactants sur le réseau par rapport à des approches expertes. Si on prédit mieux, c’est toute la chaîne de gestion dynamique qui en sera améliorée. »
