Les épisodes de chutes de pierres et de coulées de boue ne sont pas nouveaux dans le secteur dit de La Rochaille. Et pour cause, l'ancien sentier de muletier reliant la France à l'Italie par le col de Larche, qui est devenu au fil du temps un itinéraire routier transfrontalier très fréquenté, est en partie construit sur un cône d'éboulis.
Une section de 16 kilomètres, située entre le carrefour des Gleizolles et la frontière italienne, est particulièrement exposée : 11 secteurs à risques ont été identifiés. D'ici 2023, le conseil département des Alpes-de-Haute-Provence espère lancer les travaux pour sécuriser « définitivement » cette portion.
Une galerie paravalanche pour la zone la plus exposée
Dans le secteur le plus instable, qui représente une section routière de 300 mètres, plusieurs milliers de mètres cubes, situés à 450 mètres au-dessus de la route, s'effritent régulièrement et menacent même de s'effondrer. Pour sécuriser cette portion, le Département prévoit de construire une galerie paravalanche dont le coût est estimé à 18,5 M€.
« Le toit de ces galeries prolongera la pente naturelle des goulets et permettra aux avalanches ou coulées de boue de franchir la voie de circulation », précise Philippe Auran, directeur des routes et des interventions territoriales pour le conseil départemental, pilote de l'opération.
« La galerie aurait une longueur totale de 340 mètres, en incluant les aménagements de protection des têtes de galerie, et offrirait un gabarit routier de 7 mètres sur 4,5 de hauteur. Sa couverture sera protégée au moyen d'un remblai amortisseur et sa structure sera dotée de dispositif d'absorption d'énergie. Son implantation sur un terrain géologiquement problématique nécessitera la mise en œuvre de fondations spéciales intégrant des pieux, ainsi que la réalisation d'ancrages sur le talus amont, en partie terrassé », poursuit-il.
16 km de route à réaménager
Cinq secteurs, proches de l'épicentre, ont également été identifiés et pourraient être sécurisés via de petites galeries ou la pose de filets (coût estimé : 10,5 M€). Parallèlement, une étude de risque de l'itinéraire global a été réalisée par l'entreprise Geolithe en mai 2019, avec des recoupements d'études antérieures. Elle a mis en évidence la fragilité de plusieurs murs de soutènements sur la totalité de la portion de 16 km. Cinquante-cinq murs qui soutiennent la route et le talus amont, soit un linéaire de 2,7 km et une surface de plus de 7 200 m2, devraient faire l'objet d'une réhabilitation. « Neuf ouvrages nécessitent des travaux de réparation avec réfection du parement, huit autres un clouage et la mise en place de croix de Saint-André, deux nécessitent la réalisation d'une paroi clouée et enfin les deux derniers, situés en amont, sont à reconstruire », note Philippe Auran. Le montant de ces travaux s'élèverait à 2, 5M€.
Des écrans dynamiques, des grillages plaqués sur les zones de pieds de talus, permettant de stopper la chute de blocs de petites dimension devraient également être posées en différents points pour un montant estimé à 4,5 M€. Le Département des Alpes-de-Haute-Provence programme la réfection de la couche de roulement, très sollicitée par le trafic routier des poids lourds : entre 832 et 2 000 véhicules (l'été) circulent chaque jour sur cet axe, dont 12 % sont des poids lourds de plus de 9 mètres. « Les conditions climatiques difficiles en hiver participent également à la dégradation de cet itinéraire », souligne le directeur des routes et des interventions territoriales. Le montant des travaux est estimé à 2,5 M€.
Mise en place d'une déviation
Pendant la durée des travaux, évaluée à trois ans, et pour ne pas couper la circulation, une déviation (1 M€) devrait être mise en place soit par la création d'une piste le long de l'Ubayette, soit par l'aménagement d'une piste forestière.
A noter que chaque année depuis 2018, date du dernier effondrement, le conseil Départemental investit entre 1 et 2 M€ pour entretenir ce secteur et assurer la sécurité des automobilistes en attendant que ce projet à 40 M€ puisse voir le jour. En attendant, le rocher de l'Homme (2 504 m), qui est aujourd'hui le plus menaçant, a été équipé de capteurs. Ces derniers déclenchent des feux tricolores qui interrompent la circulation entre contrebas en cas de danger imminent. Le Département des Alpes-de-Haute-Provence compte sur le soutien de la Région Provence-Alpes Côte d'Azur et sur l'Etat à hauteur de 80 % du montant HT pour mener à son terme cette grande opération de sécurisation.