Deux semaines après leur sélection par le jury, les trois équipes lauréates appelées à ébaucher le projet métropolitain Aix-Marseille-Provence étaient invitées par la mission interministérielle éponyme à lever le voile sur leur stratégie, ce 17 avril. Devant un parterre regroupant acteurs économiques, associatifs, architectes, représentants institutionnels, mais très peu d’élus..., ChristianDevillers, DavidMangin et FinnGeipel ont tenté de livrer leur lecture de la feuille de route tracée par LaurentThéry, le préfet délégué : « mettre de la cohérence, donner du sens et de la visibilité au territoire ». Le tout dans le droit fil des orientations stratégiques esquissées depuis 2 ans par les sept groupes de travail mis en place par la mission, les fameux « chantiers ».
Une métropole spectaculaire entre port, Provence et paysage…
Sur les trois urbanistes sélectionnés, deux connaissent bien le contexte marseillais. Christian Devillers a ainsi travaillé dans les quartiers nord, notamment sur l’insertion urbaine de la rocade L2 (Malpassé, Saint-Barthélémy), rocade de contournement de l’agglomération marseillaise en chantier depuis… 22 ans ! Avec l’architecte phocéenne Corinne Vezzoni, le grand prix d’urbanisme 1998 a également planché sur le projet de semi-piétonisation du Vieux-Port, avant d’être finalement devancé d’une courte tête par le tandem Desvigne-Foster.
Pour son projet baptisé « Entre port et Provence », Devillers s’est appuyé sur des acteurs locaux ayant une fine connaissance du terrain : Corinne Vezzoni, mais aussi Jean Viard, le célèbre sociologue qui fut durant six ans vice-président de la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole (MPM), Jérôme Dubois, sociologue et urbaniste, ancien directeur de l’IUAR (Institut d’aménagement et d’urbanisme régional) qui est aussi maire de Volx, bourgade du Val de Durance, dans les Alpes-de-Haute-Provence.
L'équipe envisage plusieurs lignes directrices pour développer son projet :
- Penser ensemble le devenir économique du port et celui de la métropole,
- Coordonner projets d’aménagement et de transport pour limiter les déplacements contraints,
- Faire de l’agriculture un projet urbain,
- Conserver laspécificité d’une nature omniprésente dans la métropole,
- Considérer les populations issues de l’immigration comme une force pour le territoire.
David Mangin n’est pas en reste. Avec son agence (Seura), le grand prix d’urbanisme 2008 a en effet conçu la nouvelle entrée de ville, à travers le nouveau terminal de l’autoroute A7, près de la porte d’Aix. Pour son projet intitulé « La métropole spectaculaire », l’auteur de « La ville franchisée » s’est associé au cabinet d’urbaniste catalan Jornet, Llop, Pastor, déjà à l’œuvre dans les quartiers nord sur le projet de rénovation urbaine de la cité de La Castellane, et à l’architecte-urbaniste marseillais Jean-Michel Savignat, professeur à l’école d’architecture de Luminy, auteur avec Bruno Fortier du schéma d’aménagement de la ZAC Saint-Charles, l’une des pièces d’Euroméditerranée I.
Deux pistes de réflexion sont proposées :
- "Vers un âge 3 des mobilités : optimiser les systèmes viaires à toutes les échelles pour améliorer l'efficacité des réseaux de transports en commun." SAURA souhaite en particulier réduire la part de l'automobile et suivre ainsi les préconisations du Livre blanc des transports métropolitains établi par la Mission métropole
- "Vers des Hauts Lieux : conforter les portes internationales de la métropole". L'équipe envisage des travaux sur quatre types de projets : la proximité, l'écosystème, des projets exploratoires et structurants.
La troisième équipe est la plus internationale. Elle est pilotée par Finn Geipel, fondateur avec l’architecte transalpine Giulia Andi de l’agence franco-allemande LIN (Paris-Berlin). Sous le slogan « La métropole paysage », celle-ci planchera avec l’urbaniste belge Marcel Smets (agence BBVA), le journaliste philosophe suisse Joseph Hanimann, l’architecte-urbaniste allemande Susanne Otto (agence Soville) et le paysagiste allemand Michael Kleyer.
L'objectif de l'équipe est de "visualiser et localiser interstices et ruptures dans le “bien commun“". Pour ce faire, quatre thématiques vont être travaillées :
- Le rapport Ville/paysage avec le développement de paysages productifs (agriculture, ports, industrie), de parcs, l'utilisation d'énergies renouvelables...
- La mobilité intégrée avec l'amélioration des transports, des dessertes, l'utilisation des modes doux, le développement des lignes longues distances ou en assumant le rôle de plateforme logistique (aéroports et fret)
- Les atouts et les risques en profitant notamment de la présence de la mer et de l'eau pour développer les transports ou les équipements
- Le développement du lien entre cultures et économie en favorisant le dialogue avec les villes et les paysages voisins ou en se tournant vers la Méditerranée.
La métropole en quelques dates...
92 communes, 1,83 million d’habitants
La Métropole Aix-Marseille-Provence (AMP) se substituera à partir du 1er janvier 2016 aux six intercommunalités actuelles (la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole, le SAN Ouest Provence, les communautés d’agglomération du Pays d’Aubagne et de l’Etoile, du Pays d’Aix, du Pays de Martigues, Salon-Berre-Durance). Cette nouvelle entité regroupera 92 communes, 1,833 million d’habitants et 735.500 emplois. Son territoire s’étendra sur 3.173 km2, couvrant la moitié orientale des Bouches-du-Rhône ainsi que trois communes de départements limitrophes : Pertuis (Vaucluse), Saint-Zacharie et Plan d’Aups (Var).
Sa gouvernance sera dans les mains d’un conseil métropolitain qui réunira 240 élus (contre 560 dans les conseils communautaires des EPCI actuels), avec une prépondérance pour les représentants de la ville centre : Marseille disposera en effet de 107 sièges au sein du futur conseil (soit 44,5%). Enfin, le siège de ce nouvel EPCI sera basé à Marseille.
Chronologie interactive et enrichissements Esther Griffe
L'intégralité du dossier consacré à la future métropole Aix-Marseille Provence est à lire dans le numéro 1077 de TPBM (parution le 13/05/2015)