L'arrivée d'un ascenseur à bateaux de 4 300 tonnes qui lève désormais les plus grands yachts du monde représente la pierre angulaire d'un projet de développement du site naval de La Ciotat. « Avec ce nouvel aménagement, le plus important depuis la renaissance des chantiers navals, une étape cruciale de la réindustrialisation du site a été franchie. Elle garantie l'avenir de notre site, de ses 1 200 emplois », a affirmé Arlette Salvo, maire de La Ciotat.
La tradition de construction navale à La Ciotat remonte à la nuit des temps. Des barques de pêcheurs à la fabrication de navire en fer propulsés à la vapeur en passant par les cargos et les méthaniers, les chantiers navals ont vu naître de nombreux bateaux dont certains naviguent encore. Si elle a atteint son apogée dans les années soixante, elle s'arrêtera en 1988 après six années d'occupation in situ par les fameux "irréductibles". Aujourd'hui, le site est devenu l'un des plus grands chantiers de maintenance et de refit de yachts. La Ciotat Shipyards, gestionnaire des chantiers navals et MB92, leader mondial de la réparation et de la maintenance de yachts d'exception, ont annoncé que ce nouvel ascenseur à bateaux baptisé Atlas, tel le titan qui soutient le globe, a accueilli son premier client, Bella Vita, superyacht de soixante mètres construit par Lurssen en 2010. « La construction d'Atlas qui peut accueillir sept navires simultanément dont certains jusqu'à 115 mètres de long, représente un investissement de 77 M€. L'équipement a été livré à l'heure malgré une forte complexité liée au Covid-19 et à la crise économique », a expliqué Patrick Gighonetto, président de La Ciotat Shipyards et maire de Ceyreste.
Infrastructures remarquables
Les chantiers navals bénéficient d'un cadre unique au monde qui se prête à l'activité de refit de superyachts, au cœur de la ville de La Ciotat, aux portes du Parc National des Calanques et à proximité du fameux triangle d'or (Monaco, Cannes, Saint- Tropez, Gênes). La tradition maritime de la ville et la pérennité d'un modèle de gestion publique permettent aujourd'hui de bénéficier d'infrastructures remarquables capables d'accueillir des navires de toute taille. Outre 1 850 mètres de quai à usage industriel, le site offre une capacité de mise à sec simultanée d'une cinquantaine de navires. Il dispose d'ores et déjà d'une grande forme de 200 mètres (2 à 4 emplacements), d'un grand portique de 600 tonnes (six emplacements) d'un élévateur à sangles de 300 tonnes (24 emplacements) et d'un ascenseur de 2 000 tonnes (17 emplacements). C'est désormais également un ascenseur à bateaux de 4 300 tonnes avec sept emplacements, six pour MB92 et un pour La Ciotatshipyards. « Grâce à cette nouvelle plateforme, la famille MB92 et ses partenaires locaux vont pouvoir continuer à se développer, à investir et à créer des emplois en donnant davantage d'attractivité auprès des jeunes au travers de formations adaptées facilitant la transmission de notre héritage maritime », a confié Ben Mennem, président directeur général de MB92.

Un marché en plein essor
L'analyse du marché des superyachts (unités supérieures à trente mètres) démontre deux tendances fortes à savoir la progression constante de la flotte et l'évolution de la taille moyenne des yachts qui avoisine cinquante mètres. Elle était de 42 mètres il y a dix ans. Le secteur du refit sur lequel est positionné le site naval suit une tendance similaire puisque les bateaux doivent être régulièrement entretenus, notamment dans le cadre de visites périodiques tous les deux et cinq ans.
Parallèlement, les propriétaires souhaitent souvent moderniser leurs yachts selon leurs envies. En haute saison de refit, de septembre à mai, les chantiers naval de La Ciotat accueillent environ 3 000 personnes par mois, comprenant les salariés des entreprises du site, ceux des entreprises sous-traitantes hors site et les équipages des yachts. L'ensemble des personnels représente une capacité de consommation supplémentaire pour les commerçants, les restaurateurs, les hôteliers, venant ainsi compléter les activités autour du tourisme estival.
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Recyclage in situ des matériaux, réduction de la pollution sonore...
Depuis quelques années, un segment de marché de mégayachts apparaît. S'il y avait moins de trente yachts de plus de 80 mètres dans le monde en 2001, ce sont cinq fois plus en 2022. Un enveloppe de 5M € a été dédiée à la mise en place de mesures environnementales. De son côté, le groupe MB92 mène une réflexion approfondie sur le futur de l'industrie du yachting sous forme de livre blanc. « Nous avons réalisé soixante projets de refit sur des yachts de plus 80 mètres entre septembre 2021 et août 2022 dont 17 à La Ciotat », a stipulé Ben Mennem. La nécessité de réduire l'empreinte écologique de la flotte existante représente un défi pour les années à venir mais aussi un bel outil de développement pour le site puisque les navires devront respecter les réglementations futures. « L'objectif zéro rejet pour la création de la plateforme de mégayachts a été intégré dès l'origine dans le cahier des charges de sa réalisation et de son exploitation. Durant les travaux, cet objectif a été tenu et le sera en exploitation », a souligné Philippe Vincensini, directeur général de La Ciotat Shipyards.
Une des plus grandes nurseries au monde pour les poissons
Pendant les travaux, les mesures environnementales ont été drastiques avec tout d'abord la réduction de la pollution sonore. Cela s'est traduit notamment par la mise en place de murs anti bruits en remblais autour du chantier et d'installation de sonomètres afin de respecter un niveau sonore de 70 décibels (activité industrielle habituelle). Cela a porté également sur la protection de la qualité de l'eau et de la biodiversité (faune marine et herbiers de posidonie) par le traitement de sédiments pollués hérités de l'activité historique de construction navale. Enfin, ces mesures ont concerné entre autres, la réduction de particules dans l'air avec le recyclage in situ des matériaux et également, dans la phase d'exploitation, l'alimentation électrique à quai pour éviter l'utilisation de générateurs des yachts sur les chantiers ainsi que le traitement des eaux pluviales, la gestion des déchets et des eaux usées. Enfin, une des plus grandes nurseries au monde de 454 m2 a été créée. Elle reproduit un habitat dans la zone portuaire où les poissons peuvent se cacher.

La réalisation d'un nouveau quai
L'exploitation de la nouvelle plateforme de 4 300 tonnes doit permettre à MB92 d'accroître de manière significative son volume d'activité. « Nous devrions désormais atteindre, d'ici trois ans, un chiffre d'affaires sur Atlas avoisinant les 40 M€, le portant à plus de 100 M€ et le nombre de nos collaborateurs à 180 », a confié le PDG. Sur cette base, le chiffre d'affaires en sous-traitance devrait atteindre plus de 60 M€ soit la création et le maintien de 559 emplois indirects en équivalent temps plein dont 208 emplois pour la seule plateforme Atlas. Indéniablement, Atlas représente un accélérateur de création d'emplois important pour le chantier MB92 mais aussi pour les entreprises sous-traitantes avec lesquelles il travaille, pour la plupart basées à La Ciotat (43 % du chiffre d'affaires redistribué).
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La Ciotat Shipyards s'attèle à la mise à jour du plan d'aménagement du site pour la période 2022 à 2030. Les projets concernent le développement des activités avec notamment l’augmentation des capacités d'amarrage pour la réalisation d'un nouveau quai. Ce sont aussi la réhabilitation du patrimoine bâti comportant les grandes nefs A, B et C, l'amélioration des conditions d'exploitation, des conditions d'usage avec un espace dédié aux équipages ou encore du Port-Vieux. L'ensemble du nouveau plan d'aménagement représente 65 M€. « Nous sommes très fiers d'avoir contribué à la résurrection de chantier naval historique et nous nous réjouissons de pouvoir participer à la poursuite de son développement et à son rayonnement à l'international », a confié Ben Mennem.