La pandémie aura décidément bouleversé toutes les méthodes de travail. Le Smadesep (Syndicat mixte d'aménagement du lac de Serre-Ponçon) a souhaité doter le quai de la capitainerie de Savines-le-Lac d'un nouveau ponton de 48 mètres de long, accessible par une passerelle de 17 mètres permettant d'absorber les 6 mètres de marnage possibles de l'ouvrage. Pour ce faire, il s'agissait de souder les rails de cet aménagement sur le rideau de palplanches métalliques constituant le quai de la capitainerie. Ce chantier préparatoire, confié à la société Poralu Marine, aurait dû avoir lieu au printemps, par conséquent à sec, lors du marnage hivernal, mais n'a pu l'être à cause du confinement. Cette fin de mois de juillet aura vu les premiers travaux subaquatiques jamais réalisés par des équipes de plongeurs spécialisés sur la retenue hydroélectrique haut-alpine. « Ce qui nous semble complexe est finalement habituel dans le cadre d'aménagements maritimes », admet Victor Bérenguel, président du Smadesep et maire de Savines-le-Lac.
« L'objectif de cet équipement, dont le coût avoisine les 100 000€ HT, est multiple, poursuit l'élu. Dès que l'on perd de la hauteur d'eau, il faut une échelle pour débarquer du bateau ! Ce ponton permettra de le faire tout au long de la saison touristique. Il donnera la capacité aux usagers d'accéder à tous les services de la capitainerie, que ce soit pour venir régulariser un contrat, acheter une carte prépayée pour utiliser l'aire de carénage, demander des renseignements, se rendre au siège de syndicat. Ou encore de manger au restaurant qui s'y est récemment implanté. Entre six et dix bateaux pourront y stationner quelques heures durant. » Comme celui de Saint-Vincent-les-Forts, ce ponton a été étudié pour pouvoir accueillir demain des bateaux à passagers.
Un prototype de monte-charge développé à Serre-Ponçon
Cette installation servira de point d'appui à la mise en place d'un ascenseur pour personnes à mobilité réduite, dont la réalisation est prévue l'année prochaine. « Même si le Smadesep n'a aucune obligation réglementaire, l'accessibilité, que l'on met en œuvre depuis des années côté terre, n'est pas simple sur l'eau. On se retrouve bien souvent au-delà des 3 à 4% de pente en fonction du marnage », explique Christophe Piana, directeur du Smadesep. Il existe deux systèmes. Le premier, constitué d'un élévateur pour fauteuils, nécessite de doubler la largeur de la passerelle. Le second prend la forme d'un ascenseur, solution très coûteuse (entre 350 000€ et 500 000€ HT). « C'est cher car l'automatisation et la variabilité du niveau de l'eau ne font pas bon ménage », indique Christophe Piana.
Ainsi, le Smadesep a-t-il eu l'idée de signer une convention R&D avec Poralu Marine afin que la société développe un système moins perfectionné mais tout aussi robuste, de type monte-charge actionné manuellement depuis la passerelle le long du quai, afin d'en diminuer le coût. Pour y parvenir, le Smadesep s'est donné pour budget maximum 150 000€ HT. « Depuis sa création, la société n'a que peu vendu d'ascenseurs aux espaces portuaires soumis à marnage ; il y a un problème de corrélation entre l'offre et la demande. Ce prototype conçu ici lui permettrait d'accéder à des marchés plus dynamiques », considère Christophe Piana.
Trois projets d'installation de cales de mise à l'eau
Si les finances le permettent, en fonction du bilan de la saison et avec le soutien de la Région, le Smadesep a l'intention de lancer une étude en vue de l'installation de cales de mises à l'eau à trois endroits de la retenue. Le premier projet vise à requalifier celle de la baie Saint-Michel, sur le modèle de la capitainerie, afin d'autoriser la mise à l'eau et le retrait notamment des voiliers aux tirants d'eau importants. Le deuxième concerne l'amélioration de celle de Rousset, « avec un accès linéaire en béton permettant l'accessibilité du lac toute l'année aux pêcheurs », explique Victor Bérenguel, président du Smadesep. Et un équipement équivalent sur la branche Ubaye pour sécuriser les pratiques hors saison.