Pour la 3e année consécutive, au cours d’une manifestation officielle*, vous vous penchez sur le confort d’été. Pourquoi cette obsession ?
Florence Rosa : (sourires) Le confort d’été, c’est notre ADN. Si Envirobat et BDM ont pu naître et se développer depuis quinze ans, c’est justement parce qu’il n’est pas intégré dans les réglementations thermiques. Ce qui a conduit les professionnels locaux et praticiens qui dans leur pratique trouvaient cela aberrant, et notamment le développement de la clim, à réagir et à faire en sorte que maintenant, en Paca, on ne dit pas BBC (Bâtiment basse consommation), mais BDM (Bâtiment durable méditerranéen). On a eu le courage de repenser complètement la démarche et de défendre nos spécificités climatiques et culturelles. Quatre cents bâtiments et projets, plus de 1,3 million de mètres carrés, et désormais des quartiers entiers, sont aujourd’hui estampillés BDM ou QDM. Des solutions et stratégies efficaces existent en effet pour mieux construire en fonction de ces conditions spécifiques, et le rendez-vous que nous organisons le 22 septembre en fera une nouvelle fois la démonstration.
Jean-Pascal Shaefer : La problématique est d’autant plus importante qu’avec le changement climatique, elle remonte et concerne de plus en plus le Nord. D’ici quelques années, les températures à Bordeaux seront celles qui prévalent à Séville de nos jours. Il faut se préparer avec intelligence à ces évolutions climatiques. Même à Paris et en Ile-de-France**, une région qui, comme la Nouvelle Aquitaine, s’est d’ailleurs aussi rapprochée de nous à ce propos pour notre modèle de démarche et notre expérience en la matière, ventilation et brassage d’air deviennent par exemple des préoccupations évidentes. C’est pourquoi, nous avons ainsi souhaité lui consacrer un événement annuel dédié, démocratiquement baptisé « Bâti’frais » et qui a vocation à perdurer.
Quel en sera le contenu plus précisément ?
F. R. : C’est une journée de rencontre, de conférences et d’échanges de retours d’expérience sur des solutions concrètes pour laquelle nous avons convié la fine fleur des spécialistes du genre et des intervenants de très haut vol comme le Californien Dick Bourne, un ingénieur à l’origine des projets NZEB (Near Zero Energy Building), grand spécialiste de la construction et des nouvelles technologies de refroidissement adaptées aux climats secs, ou encore Thierry Salomon, spécialisé dans l’optimisation énergétique et environnementale des bâtiments, lui aussi à l’origine de la création de NegaWatt et qui revient en quelque sorte compléter son intervention très appréciée de l’an dernier lors du congrès du bâtiment durable à la Villa Méditerranée. Des architectes comme Michel Reynaud, Frédéric Pujol et d’autres climaticiens de renom sont également au programme. Certains en profitent pour animer également dans ce cadre et lors de leur venue des sessions de formation ouvertes aux professionnels.
J.-P. S. : Notre association a vocation également à être un acteur du développement économique de la région, l’un des nos principaux soutiens, et de favoriser pour ce faire la synergie entre les différents acteurs à travers notamment la mise en place d’une plate-forme interrégionale. Nous souhaitons en particulier à l’occasion de cet événement renforcer les liens avec le monde industriel et les fabricants. Si les solutions matérielles et les systèmes existent, ils ne sont pas forcément facilement disponibles ou demeurent trop onéreux. Nous souhaitons promouvoir de la sorte, par un partenariat conclu avec un distributeur, de nouveaux équipements comme des brasseurs d’air sans clim ni pale dont l’effet est efficace mais qui sont durs à trouver sur le marché.
N’est-il pas temps alors d’inscrire tout cela, qui reste une démarche volontaire de la part des maîtres d’ouvrage et des maîtres d’œuvre, dans le marbre de la réglementation ?
F. R. : Oui, il faut aller plus loin dans les démarches participatives comme la nôtre qui repose sur un Système participatif de garantie (SPG) de qualité où ce sont les acteurs locaux et concernés qui certifient eux-mêmes et ensemble les produits et services. Evaluer, c’est évoluer, or en France, on reste ancré pour le moment dans un mode de certification par des tiers tel que nous le connaissons actuellement.
Enfin, quid de l’hiver ?
J.-P. S. : C’est tout aussi important. Nous lançons à ce sujet un projet, là encore avec le conseil régional, sur les bâtiments passifs et allons mettre en œuvre l’an prochain un BDM passif car un bâtiment passif, c’est bien en été comme en hiver. Un voyage d’études est même prévu le mois prochain dans la région de Bruxelles qui a généralisé depuis deux ans le bâti passif.
* Medcop 21 en 2015 et Congrès national du bâtiment durable l’an dernier.
** Bâtiments durables franciliens.
Renseignements et inscriptions en cliquant ici.