AccueilEconomieJean-Luc Longour (Cœur du Var) : "Avec l'économie circulaire, nous générons une espérance partagée"

Jean-Luc Longour (Cœur du Var) : "Avec l'économie circulaire, nous générons une espérance partagée"

Président de la communauté de communes Cœur du Var depuis 2014, et maire du Cannet-des-Maures depuis 2008, Jean-Luc Longour a de la suite dans les idées et dans son implication au sein de la vie publique locale, longtemps déployée à la présidence de l'association Ethique Environnement. Ethique et environnement, deux notions chevillées au corps qui ressortent de riches échanges avec ce médecin dont le diagnostic et les remèdes méritent l'attention, en l'occurrence de TPBM.
Jean-Luc Longour, président de la communauté de communes Coeur du Var.
O. Réal - Jean-Luc Longour, président de la communauté de communes Coeur du Var.

EconomieVar Publié le ,

TPBM : Présentez votre territoire intercommunal, les données clés, les atouts…
Jean-Luc Longour : La communauté de communes Cœur du Var rassemble 11 communes, près de 43 000 habitants, la ville la plus importante est le Luc, sachant que la conurbation Le Luc/Le Cannet représente 15 000 personnes. Nous sommes un territoire rurbain, bien desservi par voies routière, autoroutière (5 millions de véhicules entrant et sortant par an via l'échangeur) et ferroviaire, avec une forte connotation rurale et viticole, voire forestière. Nos atouts sont liés à cette complémentarité et à une ouverture possible à beaucoup d'activités de pleine nature, notamment servies par la Réserve naturelle nationale de la plaine des Maures. Les habitants de Cœur du Var n'ont pas voulu complètement s'isoler dans les campagnes, tout en gardant un lien avec un niveau élevé d'équipements, de services et de déplacements. C'est un choix de vie, pas très éloigné du gentleman farmer*. Ce sont des personnes plutôt jeunes avec enfants qui ne veulent pas non plus trop de concentration comme celle qui caractérise les grandes villes. Nous sommes le Cœur du Var, à équidistance de tout, le barycentre du département, de la région, au milieu de trois aéroports, aux portes du Verdon et à une demi-heure du golfe de Saint-Tropez grâce à notre desserte. Cette qualité de vie sur place et proche de tout constitue un atout majeur d'attractivité.

Parmi les compétences de la communauté de communes, il y a l'aménagement du territoire, quid du Scot** ?
Il a été approuvé. Après six ans de travail menés avec l'Audat (Agence d'urbanisme de l'aire toulonnaise, NDLR), j'ai souhaité lors de mon arrivée à la présidence de Cœur du Var que l'on accélère. C'est un document fondamental, mais la durée d'instruction est tellement longue que quand il est fini, il faut le recommencer… Cela étant, nous avons un Scot à l'échelle du territoire et un territoire à l'échelle du Scot, à savoir un périmètre de décisions politiques correspondant au cadre administratif, permettant de fluidifier l'action globale. Nous sommes ainsi passés en fiscalité professionnelle unique au 1er janvier 2016, ce qui a créé de la solidarité et permis d'amortir la diminution des dotations d'Etat. Aux dernières nouvelles, il semblerait que la DGF (Dotation globale de fonctionnement, NDLR) tend à se stabiliser et on espère que les dotations de solidarité urbaine et rurale compenseront en investissement ce que l'on perd en fonctionnement, même si le compte n'y est pas encore.

Quels sont vos grands projets ?
Après une restructuration en 10 pôles de fonctionnement selon nos compétences, avec un maire-président de chacun des domaines, après une restructuration des documents d'urbanisme, après un renforcement sur le plan financier avec la FPU (Fiscalité professionnelle unique, NDLR) et malgré les réductions d'Etat, nous prenons progressivement notre place en nous intégrant dans divers schémas régionaux, sur l'aménagement, le tourisme, les déchets… Nous sommes en outre associés à un Contrat régional d'équilibre territorial (Cret), ce qui contribue à envisager des projets. Parmi ceux-ci, Varecopôle, technopôle de recherche, de développement, d'innovation, de formation sur une trentaine d'hectares autour du rond-point de l'échangeur autoroutier du Cannet-des-Maures (A8/A57), rejoignant le centre-ville d'un côté et la plaine des Maures de l'autre. Nous sommes accompagnés pour cette réalisation par Citadia, société toulonnaise d'urbanisme ouverte et avant-gardiste. La thématique de base touche les écotechnologies, incluant la préservation des ressources naturelles, les énergies renouvelables, le traitement/recyclage des déchets… avec une large ouverture possible. Conjointement, je souhaite que l'on se positionne sur la recherche en termes de biomimétisme. La nature ne fait ni déchet ni pollution, elle ne gaspille pas et agit en fonction de ses besoins. Si l'homme n'était pas intervenu, elle ne serait pas en péril. Il est par conséquent largement temps d'accroître la recherche en copiant ce que fait la nature, comment elle filtre l'eau et la perpétue, comment elle donne aux animaux des propriétés défiant toutes les technologies connues…

Alors que la préservation de l'environnement est une de vos préoccupations locales accrues, en particulier en matière d'économie circulaire, avez-vous le sentiment d'apporter là une véritable valeur ajoutée ?
Effectivement, le biomimétisme et l'économie circulaire sont totalement compatibles. Le premier incarne la réconciliation de l'écologie et de l'industrie, la seconde de l'écologie et de l'économie. Si l'on met en place de façon volontariste les deux, on pérennise la vie sur terre, hormis l'explosion démographique qui reste un problème majeur. Faisons preuve d'humilité et copions ce qui fonctionne bien dans la nature. Pour ce qui nous concerne, nous sommes partis du label « zéro déchet » (voir par ailleurs, NDLR) et nous avons cherché à bonifier ce travail avec l'économie circulaire. Quitte à réinventer l'eau chaude, inspirons-nous aussi des pratiques de nos anciens, s'agissant de réemploi de matériaux, de recyclage, de biodynamie aussi en agriculture. Nous ne sommes pas dans l'excès mais bien dans la vraie vie. Ainsi, notre approche d'économie circulaire a été boostée avec la CCI, la Fédération du BTP du Var en matière de déchets. Cette synergie qui s'est mise en place est une source de réjouissance. Nous avons déjà gagné parce que la gloire n'est pas dans l'aboutissement mais dans le départ, pour paraphraser Jules Verne. Il est d'ores et déjà acquis que nous allons faire quelque chose des déchets du BTP, par le réemploi et le recyclage, ce qui change le courant de pensées d'hier qui était focalisé sur le stockage. Je me réjouis de cette entente et de cette grande réunion du 3 octobre dernier au Luc, rassemblant 200 personnes sur le sujet, et qui a fait naître une grande espérance partagée ! La puissance publique a de l'importance, le partenariat public-privé aussi, à condition de ne pas utiliser le privé comme une banque…

Quelle est votre stratégie de développement économique ?
C'est une stratégie basée sur les TPE et PME car cela correspond à notre tissu sociologique, les personnes qui y travaillent mettent leurs enfants dans nos écoles, fréquentent nos commerces, viennent à nos manifestations culturelles, participent à la vie publique et associative… Je crois en la small industrie, à la pièce détachée, au petit façonnage. Je suis ouvert aux services également, bien entendu, surtout dans une région où la population vieillissante est très nombreuse. Il y a un gisement d'emplois très important dans les services à ces personnes, dans la silver économie, en lien avec la domotique.

La suite de cette interview est à lire dans notre dossier consacré à Coeur du Var dans le numéro 1207 de TPBM (parution le 8/11/2017).

* Littéralement gentilhomme-fermier, un gentleman farmer est, au Royaume-Uni, un gentleman qui exploite une ferme de petite taille pour son agrément personnel et non dans un but de productivité alimentaire, car il dispose de revenus indépendants.
** Schéma de cohérence territoriale.

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